Chez Mentaïg, au n° 19 rue de la Porte Vieille

Mais Jade était arrivée trop tard, elle vit Maleus partir précitamment et n'eut pas le temps de lui parler, aussi vite qu'il était venu, il était déjà reparti, tête baissée, dans les rues sombres et froides...

Jade se dit qu'il était temps qu'elle aille se coucher et laissa un mot à la porte de Mentaig :

Citation :

Bon Anniversaire Mentaig, je te souhaite plein de bonnes choses choses pour toi ! longue et heureuse vie à Sancerre ! j'espère que ta fête s'est bien passée et je regrette vraiment de ne pas avoir pu venir plus tôt... (je pensais pouvoir être là avant... mais...) A très bientôt !

et Jade repartit, d'un pas fatigué, en direction de sa demeure...

En descendant au village, Reine passa sans bruit par chez son amie Mentaig pour lui laisser ce petit mot :

Ma très chére Mentaig,

Merci pour cette soirée passée chez toi, la fête était très réussie et la nourriture très bonne, encore tous mes voeux pour ta demeure sancerroise, et longue vie dans celle-ci,
Affectueusement,
Reine

Puis elle partit vers le village afin de trouver un emploi

[i]Avant d'aller travailler, HDB passa devant la demeure de Mentaig. Tout y était silencieux. Ne souhaitant pas reveiller la maitresse de maison, il laissa un peutit mot devant la porte

Citation :

Merci beaucoup pour cette soirée d'hier qui fut très agréable. Veuillez excuser mon état probablement fort alcoolisé lorsque je vous ai quitté, je ne puis résister à cette boisson que Jelubir nomme champagne.

Au plaisir de vous revoir bientot

HDB
Chevalier de la Licorne et du Bouchon

Mentaïg discuta très tard avec son amie Celenna. Il leur sembla bien entendre, à deux reprises, un grattement derrière la porte, mais elles n'y prirent garde. Elles finirent toutes deux par s'endormir, assises côte à côte sur la pierre de la cheminée, dans laquelle les braises entretenaient une bonne chaleur.
Quand Mentaïg s'éveilla, la matinée était déjà bien avancée. Ses trois amis dormaient encore. La couverture avait glissé des épaules de Bragon, et elle la remit en place.
Des sentiments divers affluaient en vagues successives, sans qu'elle songeât à les repousser. C'était bien agréable, cette impression d'être entourée, choyée. Et puis il y avait eu des regards...
Elle fit une toilette rapide, et laissa sur la table un mot à l'intention des trois dormeurs.
Je vais à la mairie chercher du travail. Il reste des tartes aux légumes, servez-vous largement avant de partir. Merci infiniment pour cette délicieuse soirée,
Mentaïg
Et elle quitta sa maison non sans un regard effaré sur les monceaux de vaisselle qu'elle aurait à faire en rentrant. Baste ! Il y avait de l'eau au puits et un chaudron neuf dans la cheminée, ce serait vite fait.
Ce fut en sortant qu'elle trouva les messages de Maleus, Jade et Reine, ainsi que celui de Hdb. Elle les rangea soigneusement en son archif, puis se munit d'une plume et de parchemins et se mit en route.

je m'éveilla tardivement, quand je vis le mot de mentaig elle était partie à la mairie .

je fit une toilette très silencieuse, puis me dirigeais dans la cuisine pour aidé à faire la vaisselle, j'allais chercher de l'eau au puits et commenças a tout laver .

une fois tous laver, je vérifiais partout . puis laissa un petit mot .

Ma chère Mentaig,

Merci pour cette merveilleuse soirée, j'ai pris un grand plaisir à conversé avec toi .

je me suis permis de faire la vaisselle, car il est bien normal de t'aider .
je t'embrasse bien fort et passe une agréable journée, à plus tard en taverne .

celenna

puis je refermais la porte derrière moi et me dirigeais vers la mairie, ou le travail m'attendais .

Lors de la pause de midi, alors qu'elle avait déjà labouré un bon quart du champ de Messire Yxxis, Mentaïg rentra chez elle dans le but de remettre de l'ordre, afin d'avoir une soirée reposante. A peine le seuil franchi, elle resta bouche bée. La vaisselle était faite, soigneusement empilée sur un coin de la table, dont toutes les miettes avaient été chassées. Les chopes de Lems étaient récurées et empilées dans deux paniers déposés près de la porte, sauf celles qui contenaient les bouquets, dont l'eau avait été renouvelée. La salle était balayée, les cendres recouvraient les braises. Les rares restes des agapes de la veille étaient serrés dans le garde-manger, en compagnie des poirées récoltées par Reine. Il n'y avait plus qu'à ranger la couverture et l'oreiller de Bragon dans le coffre, ce que Mentaïg fit immédiatement, puisque le forgeron avait vidé les lieux.
En revanche, pour laver la nappe, la planche et les trétaux, elle devrait attendre le réveil de Manu, qui ronflait toujours. Mue par un réflexe professionnel de sa vie antérieure, la jeune femme s'approcha de lui et lui souleva délicatement une paupière avant de prendre son pouls. Mais il n'y avait aucune inquiétude, Manu dormait, tout bonnement. Il devait avoir besoin de récupérer, aussi Mentaïg sortit-elle faire un tour, après s'être restaurée de quelques morceaux de tourte, en emportant les paniers chargés de chopes.

Jelubir devait tenir sa promesse. Mentaig avait un visage si radieux quand elle trempait ses lèvres dans son "elixir" magique, comme elle disait.
Il déposa donc devant sa porte, un carton de ce champagne qui ravissait tant les âmes que les coeurs en glissant un petit mot dans le carton.

Citation :

Ma chère Mentaig,

Vous voir si souriante et dévouée envers vos ami(e)s a réchauffé mon âme. Votre soirée était une totale réussite. Merci encore de cette invitation. A bientôt.

Jelubir

Etant donné l'heure tardive, Miséri glissa sous la porte la petite missive qu'elle avait préparée à l'intention de Mentaig.

Citation :

Chère Mentaig,
Pardonne moi de ne pas avoir été là pour fêter ton anniversaire et ta crémaillère. Je t'avais préparée une couverture en patchwork pour l'occasion, je te la laisse sur le coin de ta fenêtre en espérant qu'elle ne soit pas mouillée si jamais il pleut.

Affectueusement,
Miséri

Mentaïg eut beaucoup de travail pendant les deux jours suivants. Quand enfin elle eut le temps de réintégrer sa demeure, elle vit que Manu n'y était plus. Il avait dû dormir longtemps ! Il avait pris soin, avant de partir, de plier soigneusement sa couverture et de tapoter son oreiller, qui avait repris tout son gonflant. Mentaïg rangea les deux objets, avec le superbe patchwork que lui avait laissé Miséri.
"La pauvre ! se dit-elle. J'espère que Maleus ne la laissera pas trop longtemps dans l'angoisse !"
Puisque la table était enfin libérée, elle la débarrassa du drap blanc, qu'elle mit aussitôt à essanger dans l'auge devant sa maison, puis rangea la longue planche et les trétaux dans son appentis.
Elle passa ensuite faire un tour en taverne, où elle apprit les dernières nouvelles. Chpif s'était fait agresser sur la route, et Bragon, en compagnie de quelques autres, devait partir le lendemain à sa rescousse.
Elle rencontra aussi HDB, qui l'invita à la petite fête qu'il organisait le soir-même pour perfectionner sa technique de débouchage du champagne. Cette invitation lui fit grand plaisir. Elle n'était jamais entrée chez HDB, et l'idée la réjouissait fort. Comme elle avait promis de confectionner des dragées, en digne marraine de l'ordre de la Licorne et du Bouchon, elle se mit aussitôt à l'ouvrage.
Elle termina ses préparatifs juste à temps pour faire un saut en taverne avant de se rendre chez le Premier Chevalier de la Licorne et du Bouchon.

La soirée chez HDB avait été enchanteresse. Mentaïg rentra chez elle au bras de son chevalier servant, qui avait tenu à la raccompagner jusqu'à sa porte. Ils s'arrêtèrent devant l'huis sombre, près de la margelle du puits.
"Merci pour cette soirée, Messire HDB. La bonne nuit à vous."

Bonne nuit Madame, ce fut à la fois un honneur et un plaisir de vous avoir près de moi pour cette fête. Au plaisir de vous revoir.

Il se retourna et s'éloigna, se maudissant ne savoir parler aux dames, en particulier à Mentaig.

Mentaïg le regarda s'éloigner, puis rentra chez elle et referma précipitamment la porte, se maudissant de toujours se replier comme une huître sous la pointe du couteau quand on l'approchait d'un peu trop près. Elle se coucha ravie de sa soirée, et fort mécontente d'elle-même.

Mentaïg s'éveilla fort tard, ce matin-là. Elle avait mal dormi, d'un sommeil peuplé de rêves étranges, qui l'avaient fait s'asseoir soudainement sur sa couche, baignée de mauvaise sueur, le coeur battant à tout rompre. Il s'y mêlait des images de bouteilles de champagne qui, soudain, se transformaient en canons dirigés contre les murailles de Sancerre ; d'agressions contre le malheureux Chpif, dont les traits se brouillaient pour être remplacés par ceux, déformés, de l'Homme-des-Bois ; du fantôme d'Ice voletant autour du visage ravagé de Lems ; de l'ombre torturée de Maleus fuyant les demeures de Sancerre ; de Celenna pleurant l'absence de son Ami, assise sur une tombe qui se révélait être celle de Kernan.
Kernan... Trop tôt disparu, et dont la voix, le visage s'effaçaient de son esprit, alors même qu'elle faisait des efforts désespérés pour les retrouver.
Et l'Homme-des-Bois, si prévenant...
Mentaïg, envoyant à tous les diables la simple idée qu'elle devait travailler, se pelotonna au fond de son lit et ramena l'édredon sur sa tête. Dormir. Dormir encore et oublier tout, les dangers courus en ce moment-même par ses amis, qu'elle n'avait pas pu accompagner jusqu'à la Grande Porte, oublier Celenna partie seule la veille, au mépris du péril, oublier Maleus et Icefly qui disparaissaient malgré le chagrin de leurs amis, oublier Kernan et son incapacité à vivre, oublier l'Inquisition... Oublier HDB ?
Mentaïg se redressa d'un coup sur son séant, rejetant linceuls et courtepointe.
"NON !" cria-t-elle.
Etonnée de ses propres sentiments, elle ajouta à voix haute, comme pour mieux s'en convaincre elle-même :
"Non, je veux vivre, vivante parmi les vivants."
Ragaillardie, évitant de se poser trop de questions qui ne feraient que la ralentir dans sa journée déjà bien obérée par les mauvais songes, elle rentra de plein pied dans une nouvelle journée à Sancerre.

Les rues de Sancerre étaient vides, ainsi d'ailleurs que les tavernes. Mentaïg trouva assez facilement du travail, dans son domaine, qui plus est. La récolte des légumes de Messire Rom ne lui prendrait pas trop de temps, en cette saison, deux à trois heures tout au plus, et de préférence au moment le moins froid de la journée. Aussi avait-elle amplement le temps de tenir la promesse faite à Jade. Elle rentra donc chez elle et confectionna quelques douzaines de dragées, qu'elle porta aussitôt chez son amie. Comme celle-ci habitait non loin d'un certain Chevalier, peut-être le hasard ferait-il bien les choses ?

Après sa journée de labeur, Jade, en promenant, se dirigea vers la maison de Mentaig.

Arrivée sur le seuil de sa porte, elle frappa doucement mais pensa aussitôt que celle-ci devait être en taverne car il n'y avait point de lumière... à moins qu'elle ne fût déjà endormie... elle griffonna à la hâte quelques lignes :

Citation :

Bonsoir Mentaig ! je voulais te remercier pour tes sublimes dragées ! un régal ... j'espère te voir très bientôt ! et passe quand tu veux, la maison t'est grande ouverte !
je t'embrasse, Jade.

et Jade repartit dans l'air frais et vif, la lune éclairant les pavés d'une douce lueur.

En proie à un maëlstrom d'émotions contradictoires, Mentaïg parcourut le chemin de la taverne à sa maison au bras de l'Homme des Bois. Il marchait vite, sans s'en rendre compte, habitué qu'il était à patrouiller dans les ruelles de Sancerre, et elle devait faire effort pour se maintenir à ses côtés. Elle espérait que la distance aurait miraculeusement augmenté au cours de la journée, mais Saint Arnvald devait considérer qu'un miracle par jour était bien suffisant, et ils arrivèrent rapidement devant le n° 19.

La porte de Mentaig arriva bien trop vite au gout d'HDB. Lorsqu'ils s'arreterent, il pris Mentaig dans ses bras, fixant ses yeux.

J'espère madame, être à la hauteur de vos attentes et être digne de votre amour.

Il ne chercha pas à cacher son regard qui se troublait

Mentaïg plongea à son tour son regard dans celui de HdB.
"Croyez, Messire, que je n'ai aucun doute à ce sujet. Je sais désormais que vous étiez ma seule attente."

HDB ressentait une émotion qu'il n'avait jamais connue auparavant. Encore freiné par une timidité maladive, il s'inclina, prit la main de Mentaig et y déposa un baiser

Mentaig, mon aimée les mots venaient difficilement, c'est avec une grande peine que je vous laisse, mais la joie de vous revoir demain n'en sera que plus grande.

Mentaïg garda la main d'HdB dans les siennes et, la portant à sa joue, en éprouva la caresse.
"Cette joie sera partagée, Messire."
Un sourire illumina soudain son visage. Vive comme l'éclair, elle fit volte-face et se réfugia dans sa maison.

La main refermée sur le souvenir du baiser d'HdB, Mentaïg se mit rapidement au lit, un sourire aux lèvres. Elle était persuadée qu'elle ne dormirait pas de la nuit. Elle avait l'impression que les fantômes du passé ne pouvaient que faire irruption dans ce bonheur tout neuf, et le fouler aux pieds, comme toujours quand elle se sentait bien.
Et il n'en fut rien !
Il ne s'était pas écoulé le temps de dix respirations que déjà elle dormait, les cheveux qu'elle avait oublié de natter lui tissant une auréole sombre autour du visage, les traits détendus, calme comme une enfant aimée.
Apaisée.

HDB arriva devant la porte de Mentaig, pas de lumière, aucun bruit. Ne souhaitant pas la reveiller, il déposa un bouquet de perce-neiges trouvés sur le chemin et un petit mot, tout simple.

Citation :

Mon coeur est à vous
votre dévoué HDB

Une très longue nuit de sommeil fut la bienvenue. Mentaïg se rendit compte, en voyant le soleil, dans le ciel d'hiver, presque au sommet de sa course, de l'état de profonde fatigue où elle se trouvait depuis la veille. Elle chantonnait en se levant, en rallumant le feu que la trop longue nuit avait complètement éteint, en jetant un châle sur ses épaules pour aller tirer de l'eau au puits.
Elle chantonna encore plus fort en trouvant le bouquet de petites fleurs blanches si symboliques de l'amour naissant, qui ose à peine se dire et s'affirmer au milieu de l'hiver du coeur. Et elle chantait à tue-tête après avoir lu les mots d'HdB.
Elle trempa sa soupe, fit sa toilette, le coeur en fête. Il lui tardait de LE revoir. Un rapide passage à la Halle lui apprit que les sauveteurs de Chpif étaient en route, que tout se passait bien pour eux. Un saut à la mairie lui procura presque instantanément un travail qu'elle aimait, dans le potager de son amie Jade. Même le souvenir angoissant de la conversation de la veille, en taverne, avec Maleus ne parvint pas à atténuer sa joie.
HdB s'occupait de tout cela. Il saurait. Tout se passerait au mieux pour la bonne ville de Sancerre. D'ailleurs, Dame Ysabeau se présentait pour un nouveau mandat, aucune inquiétude à avoir.
La jeune femme sautillait dans la rue comme une escholière en se dirigeant vers les Elégances Sancerroises.