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 Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens.

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Terwagne
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Hugoruth
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Hugoruth


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MessageSujet: Re: Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens.   Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens. - Page 4 EmptyLun 10 Mar 2008 - 22:44

Le silence se fit lourd, trop lourd, et rien ne semblait vouloir le rompre. Terry avait presque l'impression d'entendre les rouages de son cerveau à lui grincer, et elle se répétait mentalement que comme tous ces braves Sancerrois le lui laissait entendre, il avait déjà bien assez de poids sur les épaules sans qu'elle en rajoute une couche... Alors elle finit par reprendre la parole...

Je crois, que de toute façon, votre principale soucis en ce moment, ça n'est pas NOUS, Hugo, mais bien tout ce qui se trame dans votre monde


Terry, ne pensez pas que je sois incapable de séparer les deux et de faire la part des choses

Je ne crois rien, et je n'ai même plus envie d'essayer de comprendre. Ce que j'essaie de vous dire, c'est que sans doute vous devriez mettre ce "NOUS" entre parenthèse temps que le reste est si accaparant


Non, je refuse de mettre le "NOUS" entre parenthèses, ça n'est même pas possible. J'ai toujours eu des postes accaparants, jamais ils n'ont pris le pas sur ma vie personnelle. Alors oui, je n'ai pas été à la hauteur, je le sais.

Mais voila bien ce qui ne va pas, justement... "votre vie personnelle". Moi, voyez-vous, sans doute suis-je trop entière, beaucoup trop, mais je ne pensais plus à "ma vie" mais à "notre vie"


Ne vous méprennez pas, je parlais du passé. Aujourd'hui, c'est sur notre vie que je refuse que ça empiette.

visiblement je me suis trompée... Et encore samedi matin, lorsque je me suis retrouvée seule devant cette affiche, à me demander si je rêvais, pourquoi vous ne m'aviez rien dit, et où vous étiez, et bien au lieu de prendre le large comme j'aurais très bien pu le faire, sans un mot d'explication... je me suis abstenue

Je n'ai pas été à la hauteur ces deux derniers jours, absolument pas. J'ai eu quelques soucis de santé le dimanche et j'ai été conduit à Noirlac.

Et le samedi? Impossible de me faire prévenir, sans doute, aussi?

Le samedi, je n'ai pas eu une seconde de temps libre, vous l'avez forcément remarqué, j'ai bien failli ne pas manger, d'ailleurs. Je n'ai pas été plus présent sur la place publique d'ailleurs. Vous ne pouvez pas dire que j'avais la tête à autre chose, j'étais tout simplement absent, absence qui provoqua mon départ à Noirlac le dimanche.

Cessez avec votre place publique! Je ne suis pas partie dans un délire de femme jalouse à comparer le temps que vous m'accordiez et celui que vous accordiez à cette fameuse place publique!e n'est absolument pas de ça qu'il s'agit.... Absolument pas.

C'était pour vous montrer que je n'étais nulle part, tout simplement. Mais l'important n'est pas là, au fond. j'ai été invisible ces deux derniers jours et je suis impardonnable, j'en suis conscient.

Et vous serez pris les jours à venir, et une fois de plus je concilie mes envies avec votre vie, voila!

Non, les jours à venir seront bien plus calmes
Aujourd'hui, je reviens de Noirlac, les dossiers étaient nombreux mais demain, je serai tout à vous

Hugo... Vous pouvez me prendre pour quelqu'un de capricieux, qui boude ou que sais-je parce que cette histoire reporte encore une fois nos projets, mais je pense que vous oubliez tout de même que depuis deux mois que je vous connais, ce qui était tout pour moi, je l'ai abandonné... Et maintenant il va falloir encore l'abandonner.

Je ne vous demande pas d'abandonner ce qui pour vous est prioritaire, plus important que tout le reste, vraiment il n'en est pas question... Mais vous qui espérez tellement me faire comprendre toutes ces choses qui vous font vibrer, vous pouvez quand même un peu vous mettre à ma place, non? Non seulement il m'est impossible de vous montrer ce qui me fait vibrer moi, mais en plus je dois m'en
passer.

Je ne vous prends pas pour quelqu'un de capricieux, loin de là. Et ces choses qui vous font vibrer, je vous ai fait part de mon envie de les découvrir avec vous. Seulement, comprennez bien que mes passions, si je les oublie, quand je reviens elles n'existent plus. En cela, les miennes sont passablement temporelles et exigeantes. Je sais que ce n'est pas agréable quand on rêve de grands espaces et de nuits sous les étoiles. Vous rêvez d'autre chose, je le sais.

Les vôtres sont passablement temporelles, oui... Les miennes non, c'est bien cela? Elles peuvent attendre? Oui, certes, elles le peuvent! Le nord sera toujours au nord, et la mer toujours en Bretagne... Seulement l'oiseau en cage cessera de chanter au bout d'un temps, cessera de rêver, cessera sans doute même de penser qu'il a des ailes.... Une bougie qui s'éteindra, mais sera sur le meuble de votre vie.

Je ne le souhaite pas un instant.
Je ne souhaite pas un instant que vous perdiez votre souffle de vie, cette motivation qui vous fait avancer chaque jour et qui fait vibrer votre coeur
Peut-être suis-je trop idéaliste, je me pose souvent la question.

Hum...

Mettons cartes sur table, Hugo! J'en ai assez de toutes ces disputes stériles, pour encore et toujours en revenir au même point... Vous voyez, je commence à me lasser. Je n'ai même plus envie de me soulever, de vous faire comprendre... Prenez-le comme vous voulez, mais je n'ai même plus envie de vous montrer le souffle de la tempête.

Il y a juste une toute petite chose que visiblement vous n'avez pas comprise, pourtant je pensais, à tord donc, que vous étiez conscient que je commençais à faire des projets ici, notemment pour cette histoire de festivités avec Maleus... J'ai vraiment l'intention de me poser ici, je vous le répète, et je pensais faire une sorte de voyage d'aurevoir à ce qu'avait été ma vie avant NOUS, vous montrer ma vie avant de m'intégrer pleinement à la vôtre... Juste ça


J'ai envie, Terry, de me battre pour que, si voyage il y a, le retour ne soit pas impossible pour cause de guerre. Je vois bien tous ces projets que vous faites, je sens cette volonté de vous intégrer. Maintenant, si je me bats maintenant, c'est pour qu'un futur existe, aussi fou que ça puisse paraître


Elle soupire, partagée entre l'exaspération, la lassitude, et l'impression que là il la prend un peu pour une idiote tout de même
Ce n'est peut-être pas la peine de me prendre pour plus bête que je ne suis... Vous voila en train d'essayer de me faire croire que votre combat, aussi beau soit-il, je n'en juge même pas, est en relation avec les voyages à présent? Tendez une carotte à un âne et il cessera de brailler, c'est ça?

Non, il n'est pas en relation avec les voyages
Il est en rapport avec le futur, Terry.

Alors ne vous servez pas de ça comme argument

Un futur que je veux agréable, c'est tout.


Hugoruth soupire un instant puis se lève

Je ne me sens plus en état de discuter pour ce soir, je suis encore affaibli de la journée d'hier

Comme vous voulez, Hugo! Comme vous voulez!

Ce n'est pas ce que je veux, c'est ce que mon corps me dit de faire, surtout

Et bien écoutez-le.... Le mien manque d'air, je vais aller respirer.

Je vous le redis, je vous renouvelle ma proposition de vous emmener au travers du Berry, dès demain si vous le souhaitez

Nous verrons demain.


Oui, demain. J'espère être en meilleure forme car aujourd'hui, je dois faire peur à voir

Elle n'ose pas lui dire qu'elle ne l'a pas vraiment regardé, et qu'elle vient seulement d'en prendre conscience.
Juste pour savoir, Hugo... Vous rentrez chez vous là? Où vous respectez votre jugement?

Je... Si vous m'invitez, je reste, naturellement

Et bien, restez, oui.... Je ne ferrais pas de bruit en rentrant.


Elle remonte son col et se dirige vers la porte.

Bonne nuit, Terry
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Terwagne
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MessageSujet: Re: Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens.   Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens. - Page 4 EmptyMar 11 Mar 2008 - 1:51

La nuit était déjà bien avancée lorsqu'elle rentra, les yeux en larmes, une fois encore... Elle repensa à une phrase qu'elle avait souvent répétée à un petit garçon qui rêvait de devenir tambour, à Montargis, lorsque les larmes coulaient sur ses joues : "Pleures pas, tu vas faire partir la couleur de tes yeux".

Cela la fit sourire... La seule belle image de Montargis qu'elle avait, c'était ce petit garçon : Ludovic, mais elle l'avait toujours appellé 'Vic, parce que les autres disaient Ludo, et qu'elle n'aimait pas faire comme tout le monde.

'Vic... Il l'appelait la "Boîte à soleil", et cela la faisait rire.

Elle repoussa ce souvenir dans le fond de sa mémoire, et referma la porte derrière elle, sans un bruit, avant de déposer sur la table les deux objets qui lui encombraient les mains : "La Bémol" et "Tempête", deux des balles de jongle de Maleus.

Pourquoi fallait-il que ce soir encore, il en rajoute une couche? Il était d'une gentillesse inégalable, puis tout à coup passait à l'extrême en lui faisant bien comprendre qu'elle perdait son temps avec un "basin" comme il disait, la poussait à bout jusqu'à ce qu'excédée elle se lève, et terminait sur une gentillesse, comme si cela...

Un soupir s'échappa de ses lèvres, et puis quelques mots, murmurés pour elle seule.


Votre perle noire... Oui... Noire... Tellement noire...

Elle s'assit un instant sur le canapé, regardant ce qui ne serait bientôt plus que des braises dans la cheminée, et tout en se perdant dans la contemplation de ces petites flammes mourantes, elle s'endormit, sans l'avoir senti arriver.
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MessageSujet: Re: Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens.   Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens. - Page 4 EmptyMar 11 Mar 2008 - 16:57

Lorsqu'elle s'éveilla, d'une nuit passée assise, une fois encore, elle se demanda un instant si Hugo était déjà levé et parti, ou si il était encore à l'étage, mais décida de ne pas aller voir... Après tout, elle le croiserait sans doute à un moment où un autre de la journée!

Elle s'apprêta en faisant le moins de bruit possible, ramassa les deux balles sur la table, se disant que Maleus avait quitté la ville hier soir et qu'aucun risque de le croiser aujourd'hui... Au moins on éviterait le négatif de leur relation aujourd'hui!

Ensuite elle quitta le numéro 1, et prit la direction du bureau de Gallup, au cadastre, pour voir si sa demande avait été acceptée... Elle était bien décidée à s'occuper l'esprit à autre chose qu'à l'amour aujourd'hui, et ce projet d'association avec Ruun était une bonne échappatoire!
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MessageSujet: Re: Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens.   Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens. - Page 4 EmptyMer 12 Mar 2008 - 1:50

Finalement, elle n'avait aucunement avancé sur son projet avec Ruun, lui faisant même faux bond au rendez-vous qu'ils s'étaient donné en soirée. Elle avait évité tout, aujourd'hui... Tout et tout le monde!

Elle avait fuit les gens, fuit la ville, fuit la vie, presque... S'isolant, mangeant juste une miche, mais ne cherchant pas même d'emploi pour la journée, et ne s'occupant pas plus de mettre l'offre pour faire récolter son champs à elle... Elle n'avait absolument rien fait de sa journée!

Oui, pour la première fois depuis longtemps, elle n'avait parlé à personne, et n'avait plus envie ni d'avancer, ni de partir, ni de rester! Elle n'avait envie de rien, et il lui semblait qu'elle ne savait même plus ce que signifiait avoir envie!

Etait-ce cela, la fin de la flamme? Etait-ce cela qu'on appelait la résignation?

Elle était allée s'assoir dans les Jardins de la Fronde un instant, mais même le vent l'avait dérangée... Alors elle était rentrée chez elle, avait fermé les volets, et s'était couchée sous sa couverture, serrant l'oreiller contre son ventre, comme un gosse l'aurait fait d'un doudou... Demain serait un autre jour...
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MessageSujet: Re: Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens.   Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens. - Page 4 EmptyMer 12 Mar 2008 - 14:52

Une journée passée, en très grande partie, à ne rien faire, recroquevillée dans son lit, sans bouger, sans même rêver, se contentant juste de respirer, les yeux perdus dans le vide... Et ensuite une nuit qui s'était écoulée exactement de la même façon.

Avait-elle dormi? Sans doute, oui, même si elle n'en avait pas vraiment conscience.

Les heures se succédaient et se ressemblaient toutes, mais du temps qui passait, elle n'en avait pas non plus conscience. C'était comme si tout c'était arrêté, comme si plus rien n'importait, comme si elle n'attendait absolument plus rien, ne désirait plus rien... Et ne même plus ressentir d'envie, c'est une sensation impossible à expliquer.

Voyager? Pourquoi faire?
Rester et s'impliquer ici? Pourquoi faire?
Pleurer? Crier? Se disputer encore? Pourquoi faire?
Croire en quelqu'un ou en quelque chose? Pourquoi faire?

Et puis comment peut-on croire en quoi que ce soit, ou en qui que ce soit, lorsqu'on ne croit même plus en soi-même? Elle se rappelait d'ailleurs avoir terminé sa dernière lettre à Hugo, celle à laquelle il n'avait pas répondu, par cette phrase : "Vous voulez que je vous dise? Ce n'est pas que je ne crois plus en NOUS, je ne crois plus en MOI, je ne suis plus rien de ce que j'ai été.... Si Zel me voyait, il se demanderait comment il a pu m'aimer."

Cela faisait des semaines entières qu'elle n'avait pas autant pensé à lui que depuis samedi matin... Zel qui l'avait lui aussi, en quelque sorte abandonnée, de la même façon que Hugo l'avait fait, six jours plus tôt. La seule différence était que l'un l'avait fait parce qu'il allait passer sur le bûcher, ou en tous cas juste avant, et l'autre... Elle n'en savait même pas vraiment la raison, au fond. A peine une vague rumeur selon laquelle il était allé en Orléanais avec Dame Mentaig, assister à une cérémonie où vont les gens de son monde à lui. Mais de cela aussi il s'était bien gardé de lui parler...

Pourtant, elle n'en ressentait décidément aucune colère... La colère, c'est de la révolte, c'est se soulever, c'est vibrer négativement, mais vibrer tout de même... Elle, elle ne vibrait plus!

Il croyait qu'elle lui en voulait, qu'elle le détestait, mais ce n'était pas le cas du tout. Elle avait vécu cette absence sans explication comme un abandon, juste un abandon!

Or, si elle avait mis tellement de temps au départ à accepter l'amour à nouveau, c'était bien par crainte de l'abandon par la suite... La pire crainte de Terwagne, celle contre laquelle elle était incapable de prendre le dessus, celle qui depuis le départ de Zel était devenue viscérale, c'était la crainte d'être abandonnée... Et qu'il le comprenne ou non, Hugo venait de lui faire passer trois jours au cours desquels elle s'était simplement sentie abandonnée. Lui qui lui avait promis de ne jamais lui laisser reprendre sa main, il lui avait lâchée...

Pourquoi? Sans doute parce qu'elle commençait à ne plus représenter quoi que ce soit pour lui. Sans doute parce qu'il s'était rendu compte qu'elle n'était rien de bien intéressant, au final. Sans doute parce qu'il avait découvert qu'elle ne valait pas la peine de se donner du mal pour elle.

C'est en tous cas dans cet état d'esprit qu'elle avait vécu son absence, mais plus encore son silence.

Mais par dessus tout ça, il y avait aussi le fait qu'elle ne savait que trop bien à partir de quel moment il avait commencé à être de moins en moins présent, avait cessé de lui écrire, ou à peine quelques mots, à la va-vite... C'était de suite après la deuxième nuit qu'il avait passé chez elle, de suite après cette fameuse nuit où ils avaient fait ensemble un certain voyage, cette nuit où leurs corps s'étaient aimés, du moins l'avait-elle cru ce jour-là... Et c'était bien cela qui lui faisait le plus mal.

Elle passa la matinée assise dans son lit, les yeux fixant le mur en face d'elle, le coussin serré entre ses genoux repliés et son ventre, vide de tout, de plus en plus vide.

Et soudain, elle repensa à cette soirée dans la forêt de Sancerre, à ce bijou qu'il avait glissé dans sa main, à toutes ces choses qu'il lui avait dites. Les regrettait-il? Parce qu'elle était certaine que oui, il avait été sincère ce soir-là. Il n'avait pas pu lui mentir! Toutes ces longues lettres enflammées avant, toutes ces choses murmurées, tous ces gestes... c'était impossible qu'il n'aie pas été sincère!

Quel chemin prirent ses pensées ensuite, elle aurait été bien incapable de le dire elle-même, mais toujours est-il qu'elle finit par se lever, se disant que les projets, les toujours, les espoirs, les rêves, tout cela était bel et bien fini pour elle. Elle qui avait vécu géographiquement au jour le jour pendant des mois, sans se demander vers où prendre la route le soir, dans quelle ville elle serait le lendemain, et bien elle allait faire exactement la même chose dans sa vie... Marcher pour dire de marcher, ne pas se demander si le lendemain sa main serait encore dans la sienne ou non, ne rien attendre, prendre ce qui est à prendre...

La vie n'était jamais qu'une route, qu'on parcourt en profitant du paysage, en devant parfois franchir des obstacles, ou en les contournant, en empruntant parfois des chemins de travers, faisant des détours pour se reposer à l'ombre, profitant du soleil quand il brille, attendant la fin des orages quand il y en a... La route on ne la combat pas, on la suit...

Alors il y a les gens qui tracent des itinéraires sur une carte, qui planifient, qui projettent, et puis il y a ceux qui suivent le vent, le hasard, les pulsions. Terwagne avait tracé la route comme une vagabonde, une troubadour, et il en serait désormais pareil de sa vie... Une vagabonde de la vie, c'est ainsi qu'elle serait.

Hugo était sur sa route pour le moment, et qu'il y soit encore demain ou pas, et bien elle le verrait bien assez tôt. Elle allait se contenter de vivre aujourd'hui, et ne pas penser à demain.

Elle prit de quoi écrire, et rédigea une très brêve missive à son attention.


Citation :
Cher Hugo,

Cessons donc ces disputes stériles, ces déceptions qui ne naissent que d'attentes trop grandes après tout. Quand on n'attend rien, on ne risque pas d'être déçu, donc pas triste, et pas non plus en colère.

En ce qui me concerne, je n'ai plus envie de parler de passé, mais plus non plus de futur. Je suis ici, vous y êtes, et peu importe où nous étions hier, et où nous serons demain, voila!

Je n'ai pas grand chose à faire aujourd'hui, alors si vous pouvez vous libérer et qu'un moment passé ensemble vous tente, n'hésitez pas... Je n'ai que ça à vous proposer, offrir.

J'espère que vous allez mieux, puisque vous étiez visiblement malade, et si ce n'est pas le cas, et bien soignez-vous bien.


Je vous embrasse.

Terry.

Elle roula le parchemin et ouvrit la fenêtre pour l'accrocher à la patte de son pigeon. Ensuite elle se prépara, descendit, et seulement trouva la missive qu'il lui avait envoyée tard dans la nuit.

Elle la lut, en fut fortement émue, comme toujours il trouvait les mots qui touchaient... Comme toujours, oui!

Elle ne savait que lui répondre, aussi décida-t-elle d'aller boire un verre au Havre avant de reprendre la plume.
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Ysabeau
Conseiller municipal
Ysabeau


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MessageSujet: Re: Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens.   Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens. - Page 4 EmptyJeu 13 Mar 2008 - 10:21

Ysabeau s'arrêta devant le 1. La maison était silencieuse. Terwagne était peut-être sortie, ou sans doute elle avait besoin de se reposer. Elle savait que ses relations avec Hugo étaient dans une période tumultueuse, que leur amour n'était pas de ceux qui coulent comme un long fleuve tranquille, qu'il y avait des tempêtes, des coups de vent...
Mais du moins, tous les deux, ils étaient vivants, ils pouvaient se parler, crier, vivre ensemble... ou pas ensemble, mais... se regarder, au moins...

Elle glissa sous la porte sa réponse

Citation :
Chère Terry,
Je te remercie de ton petit mot. Savoir que tu penses à moi m'a réconfortée. Les amis sont précieux, même s'ils ne peuvent remplacer un amour perdu.
La vie continue, et pour vous tous, je tiendrai, je ferai face. Pardonnes simplement si, parfois, je n'ai pas le coeur à sourire.
A bientôt, en taverne ou ailleurs.
Je t'embrasse, mon amie. Prends soin de toi... et sois heureuse, c'est tout ce que je te souhaite.
Ysabeau
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Hugoruth
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MessageSujet: Re: Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens.   Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens. - Page 4 EmptyLun 17 Mar 2008 - 1:33

Oh, la soirée avait bien débutée. Il avait expédié les dossiers les plus urgents pour se libérer une soirée en taverne, une longue soirée avec ses amis et, il l'espérait, avec elle qu'il ne voyait pas assez. Alors quand il avait vu l'ambiance qui régnait Au Havre de Ice, il n'avait pas hésité un instant et avait poussé la porte.

L'affaire du citron avait alors éclatée. Elle partait de rien, en plus. Un simple citron, un cadeau fait à Mentaïg en provenance d'Antwerpen qu'elle avait ouvert pour goûter avec sa tisane. Et puis, le Malin qui s'en était mêlé. Il avait jailli de ce démoniaque fruit dans son oeil et provoqua moultes brûlures qui le rendirent aveugle. Son genou avait été frappé à son tour, hortant Aristote-seul-sait quel partie du Malin. Une douleur terrible et il s'était retrouvé sautillant, puis bientôt rampant pour échaper à la scie infernale qui ne voulait pas scier six cent six citrons, qui donnaient, une fois sciés, six cent six citrons sciés.

Puis elle était partie, sans même un regard alors qu'il était à ses pieds, au sens propre (même si le sol était poussiérieux ^^) comme au figuré. Une "affaire urgente" prétexta-t-elle avant de s'éclipser telle une inconnue. La sensation d'abandon ne dura pas et, se relevant, Hugo revint s'asseoir. Hélas, il jeta un oeil par la fenêtre de la taverne, cherchant sans doute le signe d'un prochain entrant dans la taverne. Mais il vit tout autre chose...


Citation :
Présents dans "Auberge de la fleur de lys"
Lliure
Terwagne

Il n'eut pas besoin de re-regarder pour comprendre. Une "affaire urgente", oui. Une de celles qui ne peuvent attendre car elles vous brûlent en dedans, sans doute. Il repoussa la chope offerte par Mentaïg et se mura dans un silence profond, n'intervenant que laconiquement à la discussion. Les yeux brillants, comme dit Mentaïg. Mais pas par le citron mais plutôt par le vent. Un vent tournant, apparement.

Il ne put rester longtemps en taverne et salua bientôt ses deux amis pour retrouver un peu de solitude. Il ne savait trop où aller et se décida finalement par aller jusqu'au numéro 1, là où il dormait depuis deux bonnes semaines. De son mantel, il sortit un parchemin et poussa la porte de la demeure. Se dirigeant sans hésiter vers la table qui lui servait de bureau quand il restait travailler ici, il se saisit d'une plume et commença à écrire

Citation :
A toutes et tous, présent et à venir, salut!

En ce 17ème jour de mars de l'an de Pâcques MCDLV, Nous, Hugo Cornedrue, IXème Duc de Berry, déclarons annuler le jugement rendu par Nous, Hugo Cornedrue, au soir du 27 février de l'an de Pâcques MCDLV, en Notre qualité de Juge du Berry.

Attendu que le Juge était à la fois Juge et Partie, Nous avons décidé d'annuler purement et simplement ce jugement et toutes les jurisprudences en découlant.

Faict à Sancerre, le 17ème jour de mars de l'an de Pâcques MCDLV
Hugo Cornedrue,
Duc de Berry

Il se relut d'un air détaché qui ne cachait pas sa tristesse. Un acte tel que celui là, il aurait préféré ne jamais le signer. Il sortit alors de son mantel le scel officiel du Berry, celui qui lui seul était habilité à appliquer au bas d'un acte officiel. Mais au moment de verser la cire jaune, il marqua une pause et se mit à réfléchir à ces derniers jours...

Lliure... Ce simple nom suffisait désormais à le mettre en colère même s'il n'osait pas trop l'avouer. Il aurait fallu être borgne pour ne pas se rendre compte de ce qu'il tramait. Ce beau parleur, ce petit ch'nasseur qui considérait les femmes comme des proies plus que comme des êtres humains ne cessait, depuis quelques jours, de dire à Terry les mots qu'elle rêvait d'entendre. Cela lui rappelait une légende que lui contait sa grand mère. Un animal fantastique, plus incroyable encore que les autruches du Duc Jehan qui changerait de couleur selon l'endroit où il se trouvait. Nul ne savait si tel animal existait vraiment mais pour HIM, il avait aujourd'hui un visage à opposer à la simple description. Capable de s'adapter pour paraître parfait en toutes situations. S'adapter à la personne en face, lui faire miroiter ses rêves les plus fous en espérant obtenir faveurs ensuite. Mais comme dirait un homme au nez rouge au mantel jaune mais rayé bleu et blanc, "On croit que les rêves, c'est fait pour se réaliser. C'est ça, le problème des rêves : c'est que c'est fait pour être rêvé".

Ce soir, il se retrouvait désarmé face à ce contorsionniste qui se plaisait à le décrire comme un homme froid et sans imagination, une sorte d'éteignoir de vie qui n'existerait que pour le pouvoir. Et ce fichu acrobate des mots semblait en train de réussir son tour de sorcellerie, celui de se faire passer pour merveilleux alors que ne se cachait en lui que fourberie.
Non, il ne pouvait pas sceller cette décision. Le pouvoir, il l'avait mais n'en userait pas. Tout comme il pouvait, en un claquement de doigts, décider d'en finir avec ce Lliure en le bannissant du Berry. Il le pouvait mais ne le voulait pas.

Il croyait en elle, du moins il avait cru. Il avait cru qu'elle saurait résister aux douces paroles prononcées pour lui faire miroiter un bonheur qui n'arriverait jamais. Cette confiance en elle, il se rendait compte qu'elle s'était en partie évaporée en un instant, suite à une "affaire urgente". Las, il rangea son scel et brûla l'edit qu'il venait de rédiger. Le parchemin se consuma presque entièrement et on ne pouvait désormais plus que lire sa signature.

Un regard sur le mur noir où était inscrit "le plus beau des poèmes". Ce soir, il se demandait sérieusement si le nous n'était pas devenu un "ils". Chassant ces sombres pensées, il s'installa en face de la cheminée et entreprit de rédiger une missive au Duc de Bourgogne. Comme à chaque fois, c'est par le travail qu'il oublierait sa déception, qu'il surpasserait sa peine.

Et, alors que la plume grattait le parchemin, il ne put s'empêcher de se demander ce qu'il allait advenir quand elle rentrerait et surtout quelle conduite il allait devoir adopter avant de sourire en coin. Non, elle ne rentrerait sûrement pas ce soir, la question n'allait même pas se poser. Et, comme pour oublier sa peine, il se remit à écrire. Ecrire, n'est-ce pas s'empêcher de vivre ?
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MessageSujet: Re: Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens.   Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens. - Page 4 EmptyLun 17 Mar 2008 - 2:55

Depuis la veille, elle avait le coeur en larmes... Et cette fois, ce n'était pas pour un homme! Oh non, c'était bien plus que cela! Bien plus qu'une quelconque déception amoureuse, bien plus qu'un simple doute... Une amie!

Une amie? Non, le mot était bien trop faible!

Nemesiss... Qu'était-ce au juste pour elle? Elle ne trouvait même pas de mot pour décrire cette relation, qui pourtant n'était faite que de deux rencontres!

Une âme soeur? Sans doute! Oui, voila! C'était cela! Une âme soeur!

Elles ne s'étaient rencontrées qu'une seule fois, toutes les deux, à Cosne, le soir où Hugo était venu la rechercher après l'agression des hommes de Jackfarrel, et de suite, ça avait été... indescriptible! Trois phrases échangées entre les deux femmes, et elles en avaient oublié qu'elles n'étaient pas seules dans cette taverne, elles en avaient oublié le monde même. Juste deux femmes, tellement semblables que Terry s'était un instant demandée si elle n'était pas face à un miroir.

Un miroir? Non, biensûr que non!

Physiquement elles étaient très différentes, mais leurs âmes, elles, s'étaient embrasées, dans une étincelle, et tout le reste avait disparu.

C'était du moins ce que Terry avait retenu de cette rencontre avec cette femme, qu'elle n'avait jamais revue depuis, et dont elle parlait parfois à Hugo... Parfois elle lui en parlait, oui! Mais souvent, elle se demandait si elle-même avait rêvé ce soir-là? Si elle seule avait ressenti cette chose si chaude et étrange sur laquelle elle ne parvenait même pas à mettre de mots.

Et puis, la veille, alors qu'elle tentait une fois encore de repousser ce voyageur qui la troublait tellement, mais qu'elle ne suivrait pas jusqu'en Bretagne, parce qu'elle aimait Hugo, sans pouvoir s'en expliquer la raison, et bien plus profondément que ce qu'elle ne pouvait l'exprimer... La veille, donc, Nemesiss était entrée dans la taverne où tous deux étaient.

Terry s'était levée et lui avait sauté au cou, incapable de se retenir. Et comme à Cosne, plus rien n'existait, juste ces deux femmes, qui enfin se retrouvaient... Lliure s'en était allé, se sentant de suite de trop, comme Hugo s'était senti de trop à Cosne.

Quelques phrases échangées entre elles, et cette certitude pour Terry que non, elle n'était pas la seule à avoir ressenti cette proximité entre elles deux, cette sensation de se retrouver face à soi-même. Quand soudain, sa vis à vis l'avait interrompue.


Je m'en vais demain, Terwagne... Pour là d'où jamais je ne reviendrai. J'étais déjà sur la route, mais je voulais te revoir avant, alors j'ai fait demi-tour.

J'ai quelques petites affaires qui ne me serviront à rien auprès d'Aristote, et je veux te les confier. Je ne suis entrée ici ce soir que parce que tu étais là, je te cherchais.

Prends-les, et sois heureuse à ma place... Surtout, sois heureuse! Mais je ne veux pas de mercis, parce que c'est à moi que tu ferras plaisir en étant heureuse.


Elle avait ensuite vidé ses poches, et puis avait un peu pesté parce qu'elle avait oublié quelques dernières choses chez elle, mais était trop ivre pour aller les rechercher. Elle avait alors sourit, et dit :

Nous nous verrons donc trois fois, et non deux! Je reviendrai demain, même heure même endroit!

Voila pourquoi ce soir, alors qu'elle passait un agréable moment en taverne avec Hugo, Dame Mentaig, Seb, et bien d'autres, Terry s'était levée aux alentours de minuit pour rejoindre la Fleur de Lys.

Seulement, au moment où elle était entrée, elle était tombée nez à nez avec Lliure!

Lliure... La tentation personnifiée!
Lliure... Cet homme qui était arrivé à Sancerre en même temps que Johanara, et qui depuis le premier jour la tourmentait.

Lliure... Cet homme qui ressemblait tellement à Zel, mais en mieux! Et cela lui faisait mal rien que de le penser!

Lliure... Qui voulait l'emmener loin, lui écrivait des lettres comme jamais aucun homme ne lui en avait écrites, qui parlait la même langue qu'elle, qui connaissait toutes ses chansons, qui était plein de délicatesses, et pourtant plein de fougue...

La tentation personnifiée, il n'y avait pas d'autre expression pour le définir.

Et à quoi bon se mentir? Il la troublait, la faisait de nouveau remettre en doute son futur, réveillait en elle tellement de choses... Elle en était consciente, mais bien décidée à lutter contre, malgré la déferlante qu'elle sentait se produire en elle.

Alors ce soir encore, elle l'affronta, lui disant que non, elle ne quitterait pas Hugo, que non elle ne pourrait pas lui filer une fois encore entre les doigts, qu'elle savait qu'à peine partie pour vivre ses rêves de mer et de grands espaces, elle mourrait d'envie de faire demi-tour, parce qu'elle serait incapable de s'éloigner de lui.

Biensûr, ce ne fut pas simple, biensûr elle douta, biensûr elle lutta, biensûr elle frôla le précipice, et biensûr elle l'entendit lui crier "Non, Terry, ne fuyez pas le bonheur" lorsqu'elle s'éloigna de la taverne sans un regard vers lui, puisant au fond d'elle-même et de son amour pour Hugo assez de force pour ne pas succomber à la tentation de partir vers la mer, de vivre de frissons et de passions.

Dans sa gorge, il y avait une boule énorme, et à ses yeux les sanglots montaient, mais elle se répétait "Zel me disait que j'étais capable d'être forte".

C'est dans cet état qu'elle poussa la porte du numéro 1, ravalant ses sanglots, relevant la tête, même si en dedans elle était pleine de culpabilité, se disant qu'une fois encore elle avait failli tout gacher, qu'une fois encore elle avait douté.

Hugo était là, assis dans la pénombre, son visage tourné vers l'âtre, tournant le dos à l'entrée. Sans dire un mot, elle s'approcha de lui, lui retira la plume hors de la main, la posant à côté du parchemin, et l'enlaça, approchant ses lèvres de son oreille, pour y glisser quelques mots.


Je vous aime plus que mes rêves.
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Hugoruth
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MessageSujet: Re: Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens.   Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens. - Page 4 EmptyLun 17 Mar 2008 - 3:46

Je vous aime plus que mes rêves.

La voix de Terry résonna à son oreille, le tirant d'un léger sommeil qui l'avait cueilli depuis que la lettre était partie en Bourgogne. La plume qu'il tenait avait été déposée aux côtés des feuilles vierges sans qu'il se souvienne avoir lui même effectué ce geste. Puis la phrase résonna en lui, comme un écho.

Cette intonation, ces mots qu'elle lui soufflait. Il aurait voulu la haïr, lui jeter à la tête toute le mal-être accumulé depuis qu'elle s'était éclipsée pour des "affaires urgentes" et s'était réfugiée auprès de Lliure, seuls dans la taverne de Vador. Lui montrer combien il lui en voulait d'être partie, de les avoir laissé, lui comme les autres, seuls pour se réfugier auprès de lui.

Seulement, au moment où il tournait sa tête vers elle, leurs regards se croisèrent et ce n'était pas le regard habituel de Terry qu'il vit. Le regard habituellement plein de malice et pétillant de vie avait comme disparu. Ce n'était pas non plus le regard des "mauvais soirs", ceux où elle avait voulu mettre fin à ses jours en se jetant dans un bûcher improvisé ou quand elle avait décidé de quitter Sancerre. Non, ce n'était pas ce regard triste et vide en émotions qu'elle portait.

Ce soir, elle avait au fond des yeux une lueur qu'il n'avait jamais vue auparavant. Evidemment, la tristesse était présente et les larmes perlantes au coin de ses yeux en étaient la démonstration. Mais derrière cette tristesse se lisant un sentiment de culpabilité. Le regard légèrement fuyant mais aussi la tendance à cligner des yeux à répétition, comme pour cacher ses iris de son regard à lui. Mais au fond des yeux, tout au fond, se lisait un soulagement profond et, Hugo n'en doute pas un instant en la voyant, sincère. Ce n'était pas une femme coupable qui rentrait, il en était convaincu. Il ignorait totalement ce qu'il s'était passé dans cette taverne et il n'avait aucune envie le savoir. Il sentait, plus qu'il ne savait, qu'elle avait été tentée mais qu'elle avait pensé à lui et qu'elle avait résisté. Et ce soulagement qui se lisait au fond de ses yeux n'était autre que l'expression de cette force qu'elle avait su trouver.

Oh, il en était convaincu mais n'avais rien d'un devin. A cet instant, il avait acquis l'assurance de choses dans un simple échange de regard. Un échange qui lui avait ôté ses doutes, sa colère, sa déception. Pourtant, tout être rationnel aurait été sceptique et aurait hésité, demandé des explications. Mais HIM n'avait rien d'un être rationnel. Et si il n'usait pas de grandes phrases avec des envolées lyriques faisant appel à diverses références culturelles afin de se glorifier de connaissances, s'il n'était pas capable de réciter ou d'inventer des poèmes, de chanter gaiement des chansons, il n'était pas pour autant cet homme sans vie, sans âme et sans cœur. Seulement ceux qui se prétendent poètes, voyageurs ou troubadours sans en être vraiment, ceux qui endossent des costumes différents à chaque représentation, ceux qui s'inventent une vie rêvée, ces gens là ne pouvaient le comprendre. Il n'était pas rationnel et quand il croisait le regard de Terry, c'était bel et bien son cœur qui répondait et rien d'autre. C'était son cœur qui pardonnait là où sa tête avait toutes les raisons de ne pas le faire.

Il est un proverbe qui dit "La seule vraie noblesse est celle du cœur". Cette maxime était aussi vraie en ce cas. La seule vraie poésie était celle du cœur. Et celle là, il n'était pas plus mauvais qu'un autre pour la pratiquer.

Le sourire qui se dessina peu à peu sur ses lèvres effaça sans doute les derniers doute qu'elle pût avoir sur ses intentions. Hugo repensa un instant au scel qu'il avait failli aposer sur la cassation du jugement et ne regretta pas un instant de ne pas l'avoir fait. Une fois encore, il était peut être trompé par celle qu'il aimait mais l'idée ne lui effleura même pas l'esprit. Le sourire étant franc et clair et le regard bienveillant. Il ne lui fallut d'ailleurs pas longtemps avant de l'enlacer à son tour, comme si rien ne les avait séparés.

Les minutes qui s'écoulèrent se passèrent de paroles. Les regards et les baises échangés suffisaient à assurer une communication entre les deux jeunes gens. Un simple échange visuel qui remplaçait de longues tirades en somme. Sans un bruit, il la prit dans ses bras et la souleva. Sans mot dire, elle se laissa mener vers l'escalier de sa maison. Sans un son, ils mirent fin à une nouvelle soirée pleine de tristesse mais qui finissait, une fois encore, bien.
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MessageSujet: Re: Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens.   Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens. - Page 4 EmptyMar 18 Mar 2008 - 13:25

Malgré la présence rassurante d'Hugo à ses côtés, malgré sa main dans la sienne, malgré le calme après la tempête, Terwagne avait passé une nuit atroce, dormant épisodiquement pour mieux se réveiller à chaque fois la gorge nouée, avec cette impression totalement contradictoire de vide en elle et de poids trop lourd sur l'estomac.

La journée d'hier n'avait pas été plus mauvaise qu'une autre, ni meilleure d'ailleurs. Une journée banale, si ce n'est cette porte claquée au nez de Maleus au bout de dix minutes. Quoi que, à bien y réfléchir elle se disait que sans doute elle avait accordé un peu trop d'importance à ce qu'il avait dit et l'avait mise en colère. Il n'avait pas été pire que certains autres jours, sans doute moins même, c'est juste qu'elle commençait vraiment à en avoir plus qu'assez... La coupe était pleine, et sur le point de déborder.

Mais elle savait très bien que déjà en se levant, elle avait les nerfs à fleur de peau, et l'impression de trembler à l'intérieur, sans pouvoir s'en empêcher.

Trop de choses se bousculaient en elle depuis trois jours, et si elle se gardait bien d'en parler avec qui que ce soit, pas même Ysa, si elle affichait un sourire en public, elle se sentait pourtant affreusement mal en ce moment. L'âme tellement lourde qu'elle ne parvenait même pas à en parler. Et puis de toute façon, les autres avaient tous leur propre vie, leurs propres chagrins et leurs propres angoisses.

Si Ice avait été là, sans doute aurait-elle couru au Havre, comme elle l'avait si souvent fait de bon matin, les yeux encore embués de sommeil, se libérer un peu de ce poids qui l'oppressait. Ice lui encore parlé de Lems, et elle aurait eu l'impression que quelqu'un comprenait ce qu'elle voulait dire sans trouver les mots. Ice n'avait pas les solutions, mais elle lui permettait de se libérer un peu, parfois.

Ice... C'était depuis l'annonce de son arrestation que tout avait commencé, et sur cela étaient venu se greffer tout le reste.

Ce drame, ça lui faisait revivre la fin de Zeltraveller, et chaque fois que quelqu'un pronnonçait le mot inquisition, le mot bûcher, le mot procès... Terwagne avait l'impression de recevoir du sel sur une cicatrice encore ouverte. Chaque fois qu'elle croisait le regard de Tryphon, elle avait l'impression qu'elle allait se noyer dans l'océan de son désespoir ancien à elle, mais elle s'efforçait de cacher tout cela, à tout le monde, parce que à quoi bon?

Au dessus de cela, il y avait la mort de Nemesiss, que finalement elle n'avait pas revue une troisième fois, mais qui d'après sa fiche au registre était bel et bien morte...

Et puis il y avait ce fameux Lliure, dont la tension entre lui et Hugo lorsqu'ils se retrouvaient face à face était de plus en plus palpable, de plus en plus lourde et tendue. Après Maleus-Hugo, elle assistait à Lliure-Hugo, et ce "remake" n'avait rien à envier à la première version... Il était même pire parce que contrairement à Maleus, Lliure n'était pas de ces hommes qui abandonnent facilement, qui se terrent en silence... Il était tout le contraire.

Cela ce n'était pas trop grave, elle pouvait l'ignorer, ne plus trop fréquenter les tavernes, quelques jours, semaines, le temps qu'il se lasse et qu'il s'en aille... Mais il y avait toutes ces missives reçues chaque jour, ces missives si belles, si douces, si remplies de rêves, mais aussi... cette ressemblance avec Zeltraveller! Comme il lui ressemblait dans ses bons côtés! les mêmes mots, les mêmes notes, les mêmes tournures de phrase... Chaque jour il lui faisait penser un peu plus à Zel.

Elle s'assit quelques instants avant de quitter la couche, et de commencer une nouvelle journée. Une journée qui serait semblable à celle de la veille, sans aucun doute... Une journée sans orage ni tempête, une journée simplement grise mais où elle afficherait le même sourire que si il faisait ensoleillé.

Sans qu'elle s'en rende vraiment compte, portant son regard vers le ciel à travers le carreau de la chambre, elle se mit à chantonner :
"Depuis que t'es montée là-haut" (DS).

Sur ces joues, aucune larme, elle n'en avait même plus la force, de pleurer. D'ailleurs, était-elle réellement triste? Non, sans doute, juste mélancolique.

Elle se fit ensuite glisser sur le bord du lit et se leva. Elle avait un goût infecte en bouche, il fallait qu'elle aille boire un verre de lait pour le faire partir, ou même d'eau. Du moins elle essaya de se lever, mais de suite elle retomba assise. Ses jambes lui semblaient devenues de coton, comme si elles n'avaient plus la force de la porter. Ajoutons à cela ce mal de tête qui lui tambourinait les tempes depuis la veille au matin, lui donnait l'impression par moment de perdre presque conscience, et ses tremblements intérieurs, et voila l'état dans lequel elle se trouvait ce matin.

Elle attendit un instant que les petites étoiles qui tourbillonnaient devant ses yeux s'en soient allées, puis finit par réussir à se lever, s'apprêter un peu, et parvenir au dessus de l'escalier, qu'il lui fallait encore descendre... Son regard se porta vers le bas, et les étoiles revinrent, plus éblouissantes. Elle s'assit sur la première marche, attendit un nouveau moment, puis finit par se faire descendre sur son postérieur, persuadée qu'elle n'arriverait pas entière en bas si elle se relevait.

Elle avala ensuite un verre de lait, poussa un morceau de pain dans sa bouche, et quitta la maison, se tenant à la clôture aussi longtemps qu'elle le put. Dans sa bouche, le goût métallique était toujours aussi présent.
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MessageSujet: Re: Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens.   Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens. - Page 4 EmptyJeu 20 Mar 2008 - 8:54

La tête entre les mains, dont elle se servait pour appuyer contre ses tempes, elle avait trouvé un semblant d'équilibre en prenant appui contre le mur à poésies, fermant les yeux en espérant que les petites lumières allaient disparaitre. Mais ce n'était pas le cas, même derrière ses paupières closes, les étoiles continuaient à danser.

Elle se laissa glisser sur le sol, se demandant combien de temps cela allait encore durer... Depuis deux jours, tous les symptômes n'avaient fait qu'empirer, encore et encore. Elle avait eu beau essayer de manger un peu mieux, de dormir plus, aucune amélioration.

"Trop de nervosité" lui avait dit jade, et peut-être était-ce cela, oui... Peut-être... C'est vrai que les deux dernières soirées n'avaient guère était anodines. Lors de la première, elle avait assisté à la provocation en duel de Maleus envers Lliure, et hier elle avait passé ses toutes dernières heures en compagnie de Nemesiss, qui lui avait laissé ses dernières affaires, s'excusant de n'avoir pas pu revenir plus tôt comme prévu. Terwagne s'était bien retenue de lui dire que le plus tard aurait été le mieux, puisque tout cela était signe d'adieu.

Faisant un effort pour se relever, se tenant à la table pour s'aider, Terry avala ensuite un fruit, et se mit en route, tant bien que mal. Il ne restait plus que deux jours avant les festivités, et elle avait encore beaucoup à faire.

Etrangement, elle se demanda soudain si elle serait encore debout pour les voir, ces festivités...
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MessageSujet: Re: Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens.   Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens. - Page 4 EmptyVen 21 Mar 2008 - 2:16

Pour la première fois depuis des jours, sa plume avait de nouveau glissé sur le papier. Pour la première fois depuis des semaines les mots étaient venus se coller à ses émotions, son ressenti. La lettre envoyée avait enfin pu dire tout ce qui lui restait sur le cœur. Il savait ce qu'il se passait autour de Terry, toute cette agitation provoquée par des courtisans...

D'un côté, Maleus, constant dans son inconstance, capable d'être aux petits soins un instant puis exécrable le lendemain. Leurs rapports étaient aléatoires mais il savait qu'elle avait pour lui une grande tendresse. De l'autre, le beau parleur, celui qui la flattait et lui faisait entendre ce qu'elle voulait. Leurs rapports étaient excellents et Lliure avait les mains baladeuses, elle le lui avait avoué.

Lui se sentait bien pâle à côté... Une couronne ducale, ça ne vous fait pas meilleur que vous êtes aux yeux de celle que vous aimez, du moins si elle vous aime pour vous même. Et si la question de savoir ce qu'était le moi n'était pas réglée, il sentait bien que, jour après jour, elle s'ouvrait un peu plus aux flatteries. On ne change pas la nature d'un homme, du moins pas profondément. Il ne serait jamais lunatique comme Maleus, alternant phase d'extrême douceur avec extrême violence morale, voire physique. Il ne serait jamais non plus un vil flatteur, de ceux qui font miroiter mille trésors pour ouvrir le coffre contenant le seul qui les intéressait vraiment.

Non, lui avait toujours voulu être droit et franc avec elle. Il ne lui cachait pas sa grande activité liée à ses fonctions. Le dévouement pour son duché était une qualité qu'il avait et plus le temps passait, plus les mauvaises langues sifflaient, répandant sur lui de lourdes accusations, comme quoi il n'aimerait pas vraiment Terry. Il ne lui cachait pas non plus son esprit éloigné des considérations poétiques qui lui plaisaient temps chez Lliure. Non, cette qualité là, il ne l'avait pas non plus. La discussion avec Tryphon l'avait plus ou moins rassuré... Certes, il voyait, tout comme lui, en Lliure un beau parleur pour lequel Terry ne l'abandonnerait pas. Des surprises, faire vivre la passion, la surprendre... Tant de choses qu'il lui fallait faire pour ne pas qu'elle l'oublie, que les sentiments se ternissent, qu'elle parte.

Une fois encore, la journée avait été longue, bien trop longue. Il avait réussi à passer quelques minutes en taverne, minutes partagées avec elle mais qui ne pesaient pas lourd face aux heures d'absence... Des surprises, faire vivre la passion, la surprendre... Ces mots résonnaient dans sa tête. Une surprise, ça ne s'inventait pas sous les sabots d'un cheval. Il n'allait pas lui annoncer son départ prochain avec l'armée. Oh, il lui aurait volontiers proposé de venir, elle qui avait toujours rêvé de rentrer à l'armée. Mais comment accueillerait-elle la proposition ? Mal, il le craignait. Alors il avait écarté l'idée, pour le moment.

Restait que la surprise allait être dure à trouver sur les quelques mètres le séparant de ce qui était leur chez eux. Leur chez-eux, oui. Encore une chose qui les unissait et qu'il craignait de voir disparaitre du jour au lendemain. Mais il devait avoir confiance. Il était fou amoureux, même si il était moins démonstratif que les deux courtisans. En privé, il le savait, il l'était moins et elle appréciait d'autant plus ces moments passés ensemble où la porte de la taverne se refermait sur leur intimité.

Si de toute la soirée elle n'était pas venue en taverne, il n'avait cessé de la guetter, c'est qu'elle était chez elle et il voulait la voir, faire ce qu'aucun des deux autres ne faisait. Juste aller la trouver, lui montrer qu'il était là, le même qu'avant, avec ses défauts mais un coeur qui ne faiblissait pas. Juste l'embrasser, pour se rappeler à son bon souvenir, au cas où celui-ci ternirait sous les jets d'acides ambiants dont il se savait la victime.

Il poussa légèrement la porte et, pénétrant la maison, demanda d'une voix timide

Terry ?
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MessageSujet: Re: Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens.   Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens. - Page 4 EmptyVen 21 Mar 2008 - 2:36

La journée avait été longue... Trop longue pour sa tête, trop longue pour ses jambes cotonneuses, et elle avait bien eu du mal à terminer les dernières mises au point pour les festivités, ce projet qui lui tenait tellement à coeur.

Les seules notes un peu gaies avaient été une lettre reçue de Hugo, et une brêve rencontre avec lui en fin d'après-midi.

Sa lettre lui avait mis du baume au coeur, lui remettant en mémoire l'époque où il lui en avait tellement écrites, remplies de tendresse et d'amour... Une époque révolue depuis quelques jours, ou plutôt semaines, à cause de son manque de temps sans doute. Sa fonction l'occupait grandement, et contrairement à ce qu'il avait eu l'air de lui dire au départ, elle en subissait les conséquences, passant de moins en moins de temps avec lui.

Elle y avait répondu, heureuse. C'était d'ailleurs la seule missive à laquelle elle avait répondu de toute la journée, n'ayant pas le courage de le faire avec celles reçues de Lliure, ni même celle de Vins.

Après avoir terminé le balisage de la partie de forêt qui servirait de terrain de jeu pour la partie de cache-cache, elle était repassée chez elle, pour se reposer un peu avant d'aller faire un tour en taverne, où sans doute elle croiserait Hugo, comme prévu.

Seulement, une fois chez elle, les vertiges et maux de tête s'étaient encore amplifiés, la laissant tremblante en boule dans le canapé, où elle avait fini par s'assoupir.

C'est la voix de Hugo qui la tira de ce sommeil à peine réparateur. Elle se redressa, puis se leva pour aller à sa rencontre, répondant d'une voix qu'elle tenta tant bien que mal de rendre assurée, contrairement à ses jambes qui elles tremblaient.


Je suis là... J'allais aller vous rejoindre en taverne, mais je suis heureuse que vous soyez arrivé avant, je crois. Je me sens un peu fatiguée ce soir.
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MessageSujet: Re: Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens.   Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens. - Page 4 EmptyVen 21 Mar 2008 - 3:17

Je suis là... J'allais aller vous rejoindre en taverne, mais je suis heureuse que vous soyez arrivé avant, je crois. Je me sens un peu fatiguée ce soir.

La réponse finit par arriver. Mais elle n'était pas celle qu'il attendait. La voix ne trompait pas et celle qu'il venait d'entendre n'était pas la voix de quelqu'un se sentant en pleine possession de ses moyens...

Fatiguée, dites-vous? Ne bougez pas, alors, je viens à vous.

Elle s'était glissée dans le canapé, roulée en boule comme un chat. La fatigue n'aurait pas pu la laisser ainsi endormie, elle aurait au moins trouvé la force de se trainer jusqu'à son lit. Hugo n'était pas dupe. Il voulait bien ne rien connaître à la médecine, mais il savait que des crises foudroyantes de fatigue n'avait rien de naturelles.

Il la fit rester assise sur le canapé, prenant place à ses côtés et lui saisissant la main, comme pour la rassurer. Il se garda bien de la questionner sur la fatigue, sur les quelques gouttes de sueur qui perlaient sur son front. Il ne dit rien du léger tremblement qu'il avait aperçu quand elle s'était levée. Non, de sa santé il ne demanderait rien ce soir.

Il la questionna sur la soirée d'hier, comme il l'aurait fait si tout allait visiblement bien. Elle lui raconta alors, pèle mêle, la volonté de Lliure de prolonger son séjour à Sancerre et de participer aux festivités, les adieux à Nemesis, l'ultime lettre, frappée de quelques mots simples mais marquants... La conversation surprise entre Tryphon et Maleus aussi, quand il faisait part de sa nouvelle façon d'aborder les choses, en gardant ses critiques pour lui. Terry lui apprit même des excuses fournies à Lliure, du tutoiement qu'il utilisait avec elle, des baisers sur le front qu'il se permettait... Puis vint le tour de sa marraine, qui répandait sur lui d'horribles rumeurs, comme quoi il ne l'aimerait pas vraiment...

Une seule soirée et c'est fou comme le monde change... Une seule soirée et les rapports entre les gens diffèrent. Hugo posa son doigt sur les lèvres de Terry, l'empêchant d'évoquer le reste de sa soirée et son désir d'aller voir le conseiller du Duc pour devenir meunière et enfin plonger ses mains dans la blanche farine... De tout ça, il ne sut rien car elle s'était tue, tout simplement.


N'allez pas plus loin, Terry. Il est bien trop tard pour espérer en discuter calmement et la... fatigue que vous évoquiez me fait dire que le balisage de la forêt vous a exténuée. Je vous porte jusqu'à votre lit, vous y serez mieux.

Joignant le geste à la parole, il gravit avec elle les escaliers. Alors qu'il la soutenait, il repensa à ce qu'il venait de lui dire... Le balisage vous a exténuée... Elle ne pouvait pas être dupe, ça n'était pas possible. Enfin, elle n'avait pas tiqué et peut être la réplique était elle passée inaperçue. Rien n'est pire pour quelqu'un désireux de cacher son inquiétude que de se croire découvert. Il espérait sincèrement qu'elle ne se doutait de rien.

Le fait qu'elle s'endorme avant même d'être couchée lui fit comprendre qu'elle ne s'était aperçue de rien. Il la déposa dans son lit et, l'embrassant une dernière fois, se laissa glisser sur le côté du lit, appuyant sa tête contre le sommier. La tête fixait la lune au dehors et les gouttes qui tombaient drues. Il ne ressentait pas de fatigue, l'inquiétude le tenait éveillé et c'est ainsi qu'il passa la nuit, fixant la fenêtre et guettant les lueurs de l'aube...
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MessageSujet: Re: Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens.   Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens. - Page 4 EmptyVen 21 Mar 2008 - 12:30

Le jour s'est levé sur une étrange idée... Hugo croyait avoir rêvé que ce soir, elle mourrait. Le jour s'est levé, plein de perplexité... Et si ce n'était pas un rêve qui allait s'en aller... Le doute s'était insinué en lui d'une manière si perfide qu'il ne parvenait pas à l'en chasser. Comme si cette peur de la perdre était plus forte que tout le reste, plus forte que la confiance qu'il avait en lui, en elle, en eux.

Il se leva tout doucement, sans la réveiller. Il n'avait pas vraiment dormi ni même fermé l'oeil. Tout juste avait il laissé sa tête reposer sur la bordure du lit afin de permettre à son dos douloureux de trouver un peu de calme. Mais pour le reste, il était resté éveillé, s'assurant qu'elle allait au mieux. Sa nuit avait été calme, presque apaisée malgré un léger rictus qui, parfois, laissait entrevoir un malaise interne, léger certes, mais bien présent.

Il sortit de la chambre puis de la maison, se dirigeant vers la place du marché toute proche. Achetant pain et lait, il salua quelques artisans vendant leurs nouveaux habits et retourna chez Terry. Il prépara rapidement un petit déjeuner des plus corrects, pain légèrement grillé devant le feu qu'il avait ranimé pour l'occasion, lait chauffé au dessus des braises, un peu de miel pour accompagner. Il déposa l'ensemble des mets sur le plateau trouvé sur la table et lui monta le tout.

Il déposa le plateau au coin du lit, assez loin pour qu'elle ne le renverse pas par mégarde. S'accroupissant du côté où elle s'était endormie, il lui déposa un rapide baiser sur les lèvres, juste assez pour qu'elle ouvre légèrement les yeux et, avant qu'elle n'aie le temps de le saluer, alors qu'un simple sourire se dessinait sur son visage, il lui souffla un léger "Bon appétit" avant de se taire en souriant largement face à elle.
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MessageSujet: Re: Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens.   Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens. - Page 4 EmptyVen 21 Mar 2008 - 13:04

Un sommeil profond, tel un gouffre sans fin, et elle au milieu, ne sachant si elle avait envie de regarder vers le haut, se rappelant que deux des étoiles dans la multitude des autres étaient des êtres qu'elle avait perdus, ou vers le bas où elle voyait des flammes, les mêmes flammes que sur le bûcher où elle et Ysa avait été mettre le cadavre de mouton en lieu et place de Ice.

Elle aurait pu rester une éternité à flotter ainsi en apesanteur entre les deux extrêmes, et sans le baiser qu'Hugo posa sur ses lèvres, sans doute aurait-elle dormi encore de nombreuses heures.

Elle cligna un instant des paupières, lui adressant son premier sourire du jour, heureuse de le trouver là. Un peu surprise par ce qu'il venait de dire, elle se redressa lentement dans le lit, cachant une petite grimace en sentant la douleur dans son crâne venir presqu'instantanément, et attira le plateau vers elle.


Vous mangez avec moi, au moins?

Joignant le geste à la parole, elle se fit glisser sur le côté pour lui faire une place.
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MessageSujet: Re: Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens.   Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens. - Page 4 EmptyVen 21 Mar 2008 - 13:22

Vous mangez avec moi, au moins?

La question, le surprit presque. Il n'avait pas pensé qu'elle l'inviterait ainsi à partager ce qu'il avait préparé pour elle. Il avait repéré la légère grimace qui faillit bien lui ôter tout sourire. Elle souffrait encore et désirait le cacher, mais il ne comprenait pas pourquoi. La confiance qu'il avait en elle lui aurait fait tout dire mais elle n'était pas lui et semblait tout garder pour elle.


Eh bien, une si gentille invitation ne peut être refusée. Je me joins à vous ave plaisir.

Prenant place à ses côtés, prenant garde de ne pas renverser l'ensemble ce qui, le connaissant, était une possibilité non négligeable. Il resta un instant silencieux, la regardant débuter le repas. Il se pencha vers elle, tout doucement pour lui souffler quelques mots...

Quand quelque chose ne va pas n'hésitez pas à me le dire, quelle que soit cette difficulté, cette douleur... Je suis là pour vous.

Puis il se saisit d'une tranche et mordit dedans, rendant ainsi service à son estomac qui n'avait rien avalé depuis le repas d'hier soir.
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MessageSujet: Re: Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens.   Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens. - Page 4 EmptyVen 21 Mar 2008 - 13:36

Alors qu'elle portait son bol à ses lèvres, espérant que cette fois cela ferrait partir le goût métallique qui déjà était de retour (quoi que, de retour ou toujours là?), ses mots chuchottés la firent sursauter légèrement.

Pourquoi lui disait-il cela maintenant? Avait-elle mal caché sa grimace? Maleus ou Jade lui avaient-il parlé de la crise atroce qui l'avait faite quitter la Sancerroise au bout de dix minutes il y a quelques jours? Non, jamais Maleus n'irait parler d'elle à Hugo, c'était impossible! Et Jade ne devait pas être du genre à s'occuper des affaires des autres.

Reposant son bol sur le plateau, elle voulut feinter, lui répondant sur un ton complice.


Tout va bien, Hugo, puisque vous êtes là!

Ce n'est qu'alors qu'elle se rendit compte qu'il avait prononcé le mot douleur... Alors il savait, du moins en partie!

Elle n'avait pas envie de lui en parler, pour ne pas l'inquiéter inutilement, il était déjà bien assez préoccupé avec ces histoires de Lucioles et de RUSE depuis plusieurs jours, mais elle n'avait pas non plus envie de lui mentir... Aussi finit-elle par lâcher quelques petits aveux.


Et bien, depuis quelques jours, j'ai quelques migraines et vertiges, mais rien de bien terrible, rassurez-vous! Je suis sans doute un peu fatiguée, le contre-coup de... Enfin, je manque juste de sommeil, c'est tout, vraiment.
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MessageSujet: Re: Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens.   Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens. - Page 4 EmptyVen 21 Mar 2008 - 14:37

Tout allait bien, mais elle était tout de même sujette à des vertiges. Drôle de façon d'aller bien, pensa-t-il. Mais au fond de lui, Hugo sentait bien qu'elle n'avait pas envie de lui parler de ça. Alors il lui répondit, tout simplement

Je vous recommande de vous coucher de bonne heure, ce soir. Mais si demain les vertiges reviennent, allez consulter Dame Mentaïg qui vous soignera de son mieux. Pas pour moi, mais pour vous. J'aime vous sentir en pleine possession de vos moyens, souriante et pleine de gentillesse.

Lui déposant un baiser sur le front, il fit comme si la réponse l'avait satisfaite et continua le déjeuner sans plus évoquer les vertiges qu'elle avait fini par lui avouer. Les migraines aussi l'inquiétaient mais il ne voulut pas le montrer. L'appétit n'était pas au rendez-vous et il ne mangea que peu, préférant la regarder. Il ne voulait pas la perdre, c'était sa seule pensée à cet instant. Il ne laisserait rien ni personne lui enlever la main qu'elle lui avait donné à Cosne.

Il sentit sa tête lentement basculer sur le côté et prendre doucement appui sur son épaule. Il ferma les yeux et, sentant le sommeil venir, s'endormit ainsi, appuyé sur elle.
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MessageSujet: Re: Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens.   Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens. - Page 4 EmptySam 22 Mar 2008 - 11:10

La veille...

Elle l'avait laissé se rendormir et avait quitté la chambre sans un bruit. Elle avait des choses à faire, et vu sa difficulté à réaliser la moindre petite chose en ce moment, il valait mieux qu'elle s'y mette sans tarder.

Elle était passée à la mairie mettre son offre d'emploi, avait été voir les inscriptions pour la partie de cache-cache, et aussi la joute au baton, puis s'était décidée à aller voir le conseiller du Duc, avec ses petites économies... Meunier! Elle serait meunier! Même si ce n'était pas de cela qu'elle avait envie à la base, il en manquait, elle l'avait encore constaté sur le marché aujourd'hui, pas un seul sac de farine à vendre!

Lorsqu'elle était enfin rentrée chez elle, Hugo n'était plus là, mais il lui avait laissé un petit mot, la prévenant qu'il ne rentrerait pas avant le lendemain après-midi. Elle soupira un peu, déçue, puis alla se coucher, sans même manger.




Ce matin...

Elle avait dormi plus de 15 heures, ce qui jamais ne lui était arrivé, et s'en voulu un moment d'avoir perdu autant de temps à ne rien faire... Surtout qu'aujourd'hui débutaient vraiment les festivités!

Luttant contre son mal de tête, qui à présent était presque continu, avec quelques crises plus fortes, elle se prépara, avala juste un fruit, et prit la route. Elle avait du travail, et surtout l'envie d'aller faire tourner un peu son moulin.

On se sent moins malade quand on bouge en plus!
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MessageSujet: Re: Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens.   Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens. - Page 4 EmptyJeu 27 Mar 2008 - 12:14

Sa main se porte à sa gorge, un cri semble vouloir s'échapper de ses lèvres, mais aucun son n'en sort, et brusquement elle se redresse dans le lit, écarquillant les yeux. Son coeur bat à tout rompre, et son front est couvert de sueur. Elle tremble, comme une feuille au vent d'automne.

Une impression d'avoir frôlé la mort, d'être perdue, dans le néant? Elle ne sait pas très bien, à vrai dire... C'est juste comme une angoisse incontrôlable.

Elle reste un instant assise en boule, serrant ses jambes entre ses bras, essayant de respirer calmement, de cesser de trembler. Elle ferme les yeux, espérant que cela passe très vite, mais ça n'a pas l'air de fonctionner.

Au bout d'une demi-heure, elle se dit que ça ne sert plus à rien de patienter, de se dire que ça passera tout seul, que c'est juste la fatigue. Du sommeil, elle en a eu à revendre depuis près d'une semaine. Elle n'a d'ailleurs pratiquement fait que ça : dormir. Elle s'est juste contentée de passer une fois par jour voir si tout se passait bien pour les festivités, mais n'a répondu à aucune missive, pas même la dernière de Hugo qui date de cinq jours plus tôt, elle n'a fait qu'un seul passage en taverne mais n'est pas restée... Juste dormir et manger! Quoi que.. la veille elle n'a même pas mangé, trop pressée de rejoindre son lit, ses jambes tremblant depuis près d'une heure.

Elle se lève, s'habille tant bien que mal, et se dit que cette fois il faudra bien qu'elle avoue ne pas aller bien, et aller voir Dame Mentaig, comme celle-ci le lui a encore dit il y a deux jours.

Elle descend l'escalier, en se tenant au mur, sa vue étant une fois de plus trouble, ses tempes battant comme des tambours, et ses jambes cotonneuses, puis s'arrête un instant dans la cuisine pour manger un fruit. Ensuite elle quitte le numéro 1, fait une pause contre la barrière, faisant semblant de regarder vers les Jardins de la Fronde, au cas où quelqu'un la verrait, on ne se demanderait pas pourquoi elle est là, immobile.

C'est étrange, mais elle se sent mieux, déjà. Peut-être n'était-ce qu'un besoin de prendre l'air?
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MessageSujet: Re: Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens.   Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens. - Page 4 EmptyJeu 5 Juin 2008 - 9:55

Depuis combien de temps le réveil était-il venu la tirer de son repos? Elle n'en avait aucune idée...

Appuyée sur le coude gauche, elle le regardait dormir en souriant, et il lui semblait que les grains avaient cessé de s'écouler dans le grand sablier qui régit nos vies à tous. Dans la maison, pas un bruit, si ce n'étaient les gouttes d'eau contre la vitre de la chambre, accompagnant avec douceur la mélodie de leurs deux respirations. Celle d'Hugo était sereine, tout comme les traits de son visage, et elle se disait qu'elle aurait pu le regarder ainsi pendant des heures, profitant simplement du fait de le savoir là, heureux.

Le savoir heureux... C'était bien la chose qu'elle souhaitait le plus au monde.

Depuis qu'il lui avait demandé sa main, leur vie à tous deux avait été bien remplie, et les moments qu'ils passaient ensemble ils essayaient d'en profiter le plus possible, ne les partageant plus, peu à peu, avec personne d'autre. Une espèce d'égoïsme inconscient, sans doute, pareil à celui de tous les couples heureux et amoureux. Les soirées en taverne avaient fini par quasiment disparaitre de leur quotidien, les discussions avec les amis et connaissances se faire de plus en plus brèves et rares, chacun d'eux étant pressé de retrouver l'autre et de tenir sa main.

Ni lui ni elle n'avait cessé de s'investir dans ses occupations et obligations, pas plus qu'ils n'avaient fait de croix sur leurs projets personnels, mais force était d'admettre que oui, au niveau des relations avec les autres les choses avaient changé, et si c'était inconscient de leur part c'était aussi compréhensible. Le temps libre commun était consacré au "NOUS", et aucun des deux n'en perdait une miette.

Compréhensible... Terwagne en tous cas l'avait cru, jusqu'à la veille. Mais ce n'était apparemment pas de cet oeil que le voyaient certains de leurs proches respectifs.

Quelques petites remarques lui avaient été adressées à elle les jours précédents, mais elle les avait bien vite oubliées, après avoir rétorqué à ceux qui lui avaient faites que cela s'appelait vivre un peu pour soi, profiter du bonheur, et que ce n'était pas parce qu'elle avait toujours été là pour écouter les soucis et joies des autres, offrir une oreille confidente sur commande, qu'elle n'avait pas le droit d'être moins disponible à présent.

Ce qui ce matin la tracassait plus qu'elle ne l'aurait voulu, c'était ce dont Hugo lui avait parlé juste avant le coucher... Il avait lui aussi eu droit à quelques remarques et commentaires de la part d'amis proches, allant dans le même sens, si ce n'était que les mots avaient été bien plus forts, et plus injustes, allant jusqu'à lui dire qu'il était égoïste et indigne de confiance. Terry et lui avaient discuté de cela toute la soirée, et si lui n'avait eu de cesse de dire que leur avis à eux lui importait peu du moment qu'elle et lui s'aimaient, elle avait bien entendu dans sa voix que cela le touchait bien plus qu'il ne voulait l'avouer. "Déçu de leurs réactions" avaient été ses mots à lui, et elle ne savait que trop bien que la déception fait mal.

Elle, cela l'avait plutôt mise en colère.

Egoïste... Plus elle y pensait, et plus elle se disait que c'était bien ceux qui avaient prononcé ce mot qui l'étaient. Attendant de lui, tout comme ses amis à elle un peu, qu'il soit disponible dès qu'ils en avaient envie ou besoin, tel un mantel pendu à un crochet, toujours le même crochet, qu'on prend quand on veut et qui surtout ne doit pas bouger en attendant.


"Un caillou, Hugo! Un rocher qui sert de point de repère dans leurs vies, immobile, sans sentiments ni positifs ni négatifs, sur lequel ils viennent prendre appui quand ils en sentent le besoin. Une pierre qui ne doit être sensible ni au soleil ni aux averses... Sans vie.

C'est cela qu'ils attendent de vous? Est-ce cela l'amitié? Une relation à sens unique?

Plus je vous entends me parler d'eux et plus je sais pourquoi les miens je les compte sur les doigts d'une main...


Ces mots lui avaient échappés, et elle regrettait un peu de les avoir prononcés, car après tout ils ne l'avaient sans doute pas aidé. A quoi auraient-ils pu servir de toute façon? Lui faire ouvrir les yeux un peu plus fort pour augmenter encore sa déception? C'était le rendre plus triste... Et elle, elle ne voulait que son bonheur, rien de plus, rien de moins. Aussi se promit-elle d'essayer de rester le plus neutre possible la prochaine fois qu'elle l'écouterait vider son coeur.

Ses yeux toujours posés sur son visage à lui, elle le vit froncer légèrement les sourcils, et cela la tira de ses pensées. Se penchant lentement vers lui pour ne pas l'éveiller, elle approcha ses lèvres de sa peau, mais ne les y posa pas. Elle se contenta de souffler très très faiblement le long de son front, avec la même douceur qu'une brise d'été. Elle aurait voulu, rêveuse, que ce souffle chasse les raisons de cette tension passagère sur ses traits... Un vent d'été poussant au loin les nuages. Mais elle n'était pas magicienne, elle n'était qu'une femme amoureuse.

Se décidant à se lever, elle se redressa et se glissa hors du lit sans un bruit. Elle avait pas mal de choses à faire aujourd'hui, dont une réunion avec Bragon. Il ne restait plus que quatre jours avant l'élection municipale, et si elle essayait de le cacher, en elle le stress montait. Serait-elle à la hauteur? Etait-elle assez mûre et forte pour être maire?

Elle s'approcha du meuble sur lequel était posé son nécessaire à correspondance et rédigea une brêve petite missive à l'attention d'Hugo, le félicitant pour son entrée dans le rang des érudits le jour avant. Elle la déposa ensuite sur le coin de la couche, afin qu'il la trouve au réveil, puis quitta la pièce, et la maison quelques minutes plus tard.
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MessageSujet: Re: Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens.   Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens. - Page 4 EmptyVen 6 Juin 2008 - 9:56

Un voyage... C'était par cette image bien précise qu'avait commencé le rêve qui l'avait tirée des bras de Morphée ce matin, alors que les premiers rayons du soleil commençaient à peine à darder par les fenêtres du numéro 1.

Assise dans le lit, les genoux relevés enserrés par un seul de ses bras, l'autre tendu dans la direction de celui qui tenait sa main, comme chaque nuit, Terwagne ferma les yeux et revit les images défiler... Un rêve qui la laissait le coeur battant à tout rompre, douloureux comme la peau d'un tambour trop tendue qui viendrait de subir les assauts d'un musicien déchaîné. La peau trop tendue... Elle elle l'avait bien trop près des nerfs parfois, son épiderme.

Un voyage... C'était par cette image bien précise qu'avait commencé le rêve...

Elle les revoyait, Hugo et elle, s'éloigner peu à peu de Sancerre, ce "monde" où ils s'étaient rencontrés, et où leur complicité était née. Elle hésitante, lui le regard plein d'assurance, essayant de lui communiquer cette envie de périple à deux.


"Non, non, je n'ai plus envie de voyager, Hugo.
Mon dernier voyage s'est mal terminé, j'en suis restée blessée.
Je ne veux plus en entreprendre d'autres.
Je ne veux plus tomber, je ne veux plus de tout cela.
Plus croire qu'ailleurs c'est mieux."


Au départ, ces mots étaient sortis de sa bouche à elle avec violence, détermination, même si elle fuyait son regard pour les prononcer, mais à force de patience il avait réussi à la convaincre, et les mots étaient devenus murmures, finissant même par disparaitre. Elle avait glissé sa main dans la sienne, tendue depuis un bon moment déjà, et ils avaient pris la route.

Une montagne... C'était au sommet d'une montagne qu'il voulait l'emmener, lui répétant qu'à deux ils pouvaient y arriver, parvenir à ce "paradis terrestre" qu'on devinait tout en haut. Et elle avait peu à peu non pas oublié ses craintes, mais les avait poussées dans un coin de sa tête, essayant de les dompter, les rendre muettes, les endormir en écoutant son chant à lui.

Pourtant, arrivés à quelques mètres à peine de hauteur, pas très loin de la plaine qui courait au pied du massif, Hugo avait parlé de la suite de l'ascension, et de la façon dont elle risquait de devoir se dérouler. Leurs deux mains allaient sûrement devoir se quitter, un moment assez long, presque jusqu'au sommet, et ils resteraient liés l'un à l'autre pour avancer à l'aide d'une corde que chacun tiendrait, fermement.

Terwagne s'était arrêtée, sentant une de ses réactions épidermiques naître avec violence, tandis que les peurs non pas endormies mais tout juste somnolentes qui squattaient son cerveau sortaient de leur mutisme. Incapable d'encore faire un pas, elle s'était retournée et avait regardé vers le bas, vers le haut, et puis de nouveau vers le bas.

Une corde tendue entre eux, leur servant de lien à la place de leurs doigts entrelacés... Une corde qui parfois se tendrait plus fort, risquerait de casser... Des passages où l'un des deux la relâcherait un peu, fatigué... Leurs voix qui devraient se faire plus volumineuses pour communiquer... Des haltes sans doute pendant le voyage où ils pourraient se toucher, se rassurer, mais le reste du temps, le risque de voir le lien se briser et la chute sans doute.

La chute... De nouveau une chute...

Son regard vers le bas, elle avait réfléchi, et en était arrivée à la conclusion que là où ils en étaient, elle pouvait encore redescendre seule sans se blesser, et que cela valait sans doute mieux que de tomber de plus haut à cause d'une corde trop tendue qui lâcherait.

Annuler un voyage c'est bien moins pénible que d'avoir un accident au milieu de la route...

Certes, c'est tout comme en cas de chute, ne jamais voir la destination dont on a eu envie, mais ça évite aussi et surtout d'être blessé, de mettre des mois, des années à guérir si tant est qu'on guérisse un jour.

Portant machinalement sa main libre à l'endroit de la cicatrice qui ornait son ventre, souvenir d'un voyage catastrophique, Terry avait détourné son regard de celui que pourtant elle aimait, mais dont elle refusait de prendre le risque de voir la chute, pas plus que la sienne, et retirer lentement ses doigts hésitants hors des siens, essayant de sourire malgré l'averse qu'elle sentait naître derrière ses paupières.

Un voyage... C'était par cette image bien précise qu'avait commencé le rêve...

Deux mains qui se séparent sur une décision plutôt qu'un lien tendu et fragilisé...C'était par cette image bien précise que s'était achevé le rêve...

A présent éveillée, elle tourna vers lui son regard, attendant qu'il quitte le sommeil lui aussi avant de commencer sa journée.
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MessageSujet: Re: Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens.   Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens. - Page 4 EmptyVen 6 Juin 2008 - 10:31

[Le Jour suivant]

Dans la douceur du matin, il s'était réveillé. Pas de gaité de coeur, non, mais il tenait à suivre ce matin son premier cours à l'université. En ouvrant les yeux, il croisa le regard de celle qui partageait désormais sa vie. Oh, ils n'étaient pas encore mariés, mais force est de constater que lui avait le sentiment de partager sa vie avec la sienne.

Pourtant, il savait qu'il n'était pas irréprochable. Il savait qu'il avait, parfois, souvent, des absences, des retards. Il ne l'ignorait pas et, s'il le regrettait à chaque fois, il avait toujours tout fait pour passer du temps avec elle, tout son temps. Depuis ce voyage à Cosne, depuis cette journée où elle lui avait donné sa main, où leurs destinées s'étaient liées, il avait tout fait pour partager des choses avec elle. Pas nécessairement des choses extraordinaires, mais des choses simples, du quotidien. Non pas qu'ils n'aient pas eu des envies de voyage, mais ils savaient aussi combien les plaisirs simples de la vie apportaient de bonheur.

Un sourire. Ce fut le premier geste, le premier mouvement qu'il lui adressa avant de lui voler un baiser, le premier de la journée, un de ceux qui ont une saveur toute particulière, comme celui échangé à St Satur, sous la pluie naissante. Les premiers instants de la journée avaient toujours une grande importance pour lui. Chacun de ces secondes où l'on sort du monde des rêves pour revenir sur terre, ces moments là se faisaient avec une infinie douceur quand la première chose que l'on voit, c'est le regard de l'autre, de l'être aimé est un moment de bonheur pur.

Dans son regard à elle, un trouble était lisible, comme une crainte, voire une certitude. Lui qui avait toujours lutté pour faire disparaitre peurs et certitudes les voyait réapparaitre dans les beaux yeux de Terry. Il resserra un peu plus ses doigts autour des siens, comme pour la rassurer sur sa présence et ses sentiments. Dans les moments les plus noirs, il savait combien avoir confiance en l'autre changeait tout. Et la confiance en elle, il en débordait. Il lui aurait confié sa vie s'il avait pu.

Bonjour...

Le sourire s'élargit en sentant son regard s'affermir et son visage s'éclairer. Il aurait aimé effacer ses absences et passer chaque seconde de son existence avec elle. Sentir ce regard sur lui, échanger rires et sourires. Evidemment, chaque seconde où il le pouvait, il était à ses côtés. Parcourant parfois à des heures incongrues des distances assez longues, il avait l'impression de tout faire pour eux. Et cette sensation de s'impliquer totalement lui donnait confiance, car elle ne pouvait que le voir.

Il lui tendit sa seconde main, tout doucement, la laissant frôler son épaule...


Et si je vous proposais un petit déjeuner ?
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MessageSujet: Re: Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens.   Chez Terwagne, N°1 du Rempart des Aristoteliciens. - Page 4 EmptyVen 6 Juin 2008 - 10:51

Les rideaux de chair qui avaient abrité ses rêves à lui finirent par s'écarter, lentement, laissant apparaitre ce qui était son ciel à elle depuis plusieurs mois à présent : la profondeur de son regard.

Ses pensées à elle ne s'envolèrent pas, mais comme toujours son visage s'illumina pourtant d'un sourire, comme un écho à celui qu'il lui adressait. Leurs lèvres se frôlèrent, dans une douceur infinie, laissant leurs respirations s'étreindre un instant, et elle aurait voulu que ce contact fasse s'enfuir les restes de son rêve. Ce ne fut pas vraiment le cas, même si ils allèrent se tasser dans un coin, moins visibles.

Répondant enfin à son bonjour en tentant de cacher le manque de gaieté dans sa voix ce matin-là, elle resserra quelque peu l'étreinte de leurs doigts, aussi bien ceux qui avaient passé la nuit les uns dans les autres, que ceux qui venaient tout juste de se rejoindre. Mais elle ne se fit pas d'illusion, Hugo n'était pas dupe, ses doutes il les avait forcément déjà vus, reconnus, dans le bleu de ses yeux.

Sa question la surprit un peu, et sans prendre le temps de réfléchir, sentant son estomac se soulever à la simple évocation de nourriture, comme toujours quand son coeur était brumeux, elle s'entendit répondre un peu froidement.


Je n'ai pas faim, désolée.

Elle détourna une nouvelle fois son regard, et se leva avec une douceur un peu étudiée, se sentant incapable de cacher inutilement bien longtemps encore ses états d'âme du moment.
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