17 Place de la Halle, Ysabeau, élégances sancerroises

La dame parle. Elle raconte une longue histoire. La vieille l'écoute, un peu penchée en avant, l'oeil fixé sur les lèvres de la dame. Elle est attentive, elle veut s'imprégner de chaque mot prononcé, même si elle ne comprend pas tout, parce que c'est important. L'homme se tait. Les hommes ne savent pas dire ces choses-là. C'est affaire de femmes, cela, la vie, la mort, passer les enfants du ventre de leur mère à leurs premiers langes et laver les défunts avant de les coudre dans leur linceul.
La dame n'a pas dit le mot que la vieille attendait. Elle a terminé son histoire, et elle est montée à l'étage. Mais Koupaïa a compris. Mentaïg est morte.

Doué da bardono an anaon... (1)

Elle se signe. Une larme, une seule, coule dans les sillons de sa joue, là où la petite aimait planter de gros baisers, pour remercier, pour saluer, pour câliner, pour rien... Elle la laisse couler, laver sa vieille joue qui ne sert plus à rien. Elle ne la reverra plus, sa petite fée si vive, si rieuse, que la vie et la méchanceté des hommes lui ont enlevée voilà déjà dix longues années.
Elle lance un long regard à l'homme brun toujours muré dans son silence. Celui-là a dû l'aimer ! Et comme elle connaît sa Mentaïg, puisqu'elle l'a aimé aussi, c'est que c'est un homme de bien.

Et puis elle pique de la pointe de son couteau un morceau de viande froide : il faut bien vivre jusqu'au bout, n'est-ce pas, chacun des jours que Dieu alloue à chaque humain. Le goût du porc sous sa langue n'est plus celui d'autrefois. Mais qu'importe. Il faut vivre.
Elle montre, du bout du couteau, un tabouret à HdB.

Assieds-toi, mon fils. Mange.

(1) Que Dieu pardonne au peuple des défunts.

L'histoire racontée par Ysa, l'invitation à manger de ces dames, tout celà HDB ne l'entend pas, son esprit est ailleurs.
Voilà plusieurs semaines qu'il enterrait ses émotions au fond de son esprit. Mais la rencontre avec Gilliane, puis celle qui fut la nourrice de Mentaig, tout celà lui ouvre les yeux. La douleur s'éveille, elle qu'il croyait avoir enfouie dans son coeur, loin du regards des Hommes.

Et puis il commence à manger, plus par imitation que par faim. Son esprit lutte, il doit se ressaisir.

Je suis navré de vous rencontrer en de si tristes conditions, Koupaïa, Mentaig était quelqu'un de précieux à mes yeux, tout autant qu'aux votres, je n'en doutes pas.

Aussi, si vous le souhaitez, je vous conduirais dès demain dans la demeure qui vous conviendra, ici à Sancerre, à Baugy, ou à Aupic. Je suis votre serviteur.

Ysa, merci de ton hospitalité.

Dames, je vous laisse prendre un peu de repos, faites moi savoir si je peux vous apporter mon aide.

HDB se retira. A peine la porte franchie, une larme coula, petite, presque invisible.

Gilliane arriva a la fin de la soirée , il était fatigué , épuisé , il frappa a la porte de dame Ysa , il était accompagne par la petite Gwendolyne .

la petite fille a la vue de koupia se précipita vers elle , la prit dans ses bras.

Gilliane avait le visage décomposé , n'osant annoncé la mauvaise nouvelle a sa vieille nourrice .puis il devient tout blanc, la tête lui tourna , il finit par vaciller , puis tomba inanimé .

une tache de sang commenca a sortir derriere son dos d'une vielle blessurede guerre.

La petite Gwen s approcha de son père inquiète

"Mais il a de la fièvre ...."

Gill commenca a délirer

"koup,.....mentaig........ysa ma petite rose.......ou ete vous......."

Gwen ne savait que faire...

HdB était sorti. Ysabeau ne fit pas un geste pour le retenir, elle avait compris qu'il avait besoin de rester seul. Sans doute Gripoil l'attendait à la porte pour le ramener vers Aupic.
Ysabeau et Koupaïa restèrent seules, finissant de manger. La nuit était tombée depuis bien longtemps. Peut-être était-il temps de...
On frappa à la porte.
Ysabeau alla ouvrir, c'était Gilliane accompagné de la petite Gwendolyne, cette enfant un peu sauvage qu'elle avait rencontré une fois au Havre.

La petite fille se jeta dans les bras de la vieille nourrice.

Gilliane, quand à lui, très pâle, se mit à vaciller et tomba lourdement sur le sol. Gwen se précipita vers son père. Il prononça des mots sans suite... Un peu de sang coulait dans son dos.

Koup,.....Mentaïg........Ysa ma petite rose.......où êtes-vous...

Ysabeau se leva, se pencha sur lui.

Je suis là, Gilliane. Ne bougez pas, restez calme.

Elle avait soigné un voyageur, récemment. Elle souleva la chemise, inspecta la blessure... Rien de grave. Une vieille blessure qui s'était réouverte, mais elle était propre.
Elle alla chercher des chutes de tissu propre dans son atelier, nettoya la plaie, et fit un pansement. Puis elle dit à la vieille femme :

Je pense que c'est l'émotion, vous revoir après tout ce temps... Il va se remettre.

Assieds-toi, mon fils. Mange.

Il mange.Il n'a pas plus faim que Koupaïa, mais il se force. Elle le regarde, tout simplement, sans chercher à s'en cacher. Il est perdu dans ses pensées, et ce ne sont pas des pensées joyeuses.
Dame Ysabeau apporte un gâteau. C'était ça, la bonne odeur de cannelle.

J'espère que Gilliane ne tardera pas trop... Il va être mon voisin, vous savez... Et il va cultiver des roses...

Gilliane, les roses...C'est comme Mentaïg et les plantes ou les parchemins. Koupaïa les revoit, enfants, se chamailler pour une rose, que l'une veut cueillir pour en tirer l'essence, et que l'autre veut offrir à la nourrice. Un temps heureux. Elle a eu sa part.
HdB lui parle encore, de Mentaïg, de maison... La vieille ne répond pas. Elle n'a pas les mots. Ca viendra, elle apprendra, il faudra bien. Il salue leur hôtesse, et le voilà parti.
Il a dû croiser Gilliane sur le seuil, ou presque. Koupaïa se retrouve soudain avec la joue lisse de la petite Gwen contre sa vieille joue ridée.

Diwezhad eo, Gilliane !(1)

Elle le gronde gentiment. Mais il balbutie, pâlit, s'effondre soudain, Gwen et Dame Ysabeau se précipitent. Koupaïa a un élan vers son ancien nourrisson.

Dalc'het hoc'h renk ! (2)

Sa propre voix, dans sa tête, la cingle. Ce n'est plus là sa place. Gilliane a une douce amie, qui s'occupe de lui, désormais. Tandis que l'autre, là-bas, celui qui est sorti seul dans la nuit...
Koupaïa se lève, caresse au passage les cheveux de Gwen, lui murmure des mots rassurants. Elle sort sur le seuil, tire la porte derrière elle, écoute la nuit. Le sabot d'un cheval sonne sur le pavé.
Se guidant au son, Koupaïa trotte menu par les ruelles. Elle rattrape le cavalier à deux pas des portes de la ville.

Attends, mon fils. Avec toi je vais.

(1) Il est tard, Gilliane !
(2) Reste à ta place !

Quelques jours plus tard

Alumette stressait de plus en plus à l'approche de la place, vers le numéro 17. Elle n'avait pas vraiment eu l'occasion d'aller rendre visite à une personne, quelle qu'elle soit. Elle ne savait pas quoi offrir, surtout avec ses moyens. Elle ne pouvait pas lui offrir des fleurs, cela aurait été ridicule, après le présent que dame ysabeau lui avait octroyé. Alumette prit donc une modeste bouteille qu'elle possédait dans le seul endroit frais de sa maison.

"J'espere que je ne serai pas ridicule avec cette bouteille ! Rien ne me ferait plus honte que de croiser le regard décontenancé, voire moqueur à la vue de mon présent."


Arrivée devant la porte, elle hésita. Elle respira profondément, sachant que sa venue risquerait peut-être de gêner. Elle espérait plus que tout qu'elle ne fut point là, pour éviter de faire la conversation avec des bafouillements en tout sens. Elle n'aurait donc plus qu'à poser la bouteille au pied de la porte avec une lettre de remerciement.
Mais ce rêve n'était qu'illusoire : alumette savait très bien qu'un artisan travaille toujours dans son échoppe et sont au service des clients pratiquement tous les jours. Forcément, Dame ysabeau devait être chez elle.

"Allez, sois courageuse. Ce n'est pas si difficile de rencontrer des gens. Tu le fais tous les jours au marché ! "


Cependant, Alumette pressentait que ce n'était pas le bon moment pour la déranger. Un grand malheur s'était abattu sur Sancerre, enlevant de sa terre des personnes chères à cette Dame, qui avaient voué leur vie à la prospérité de Sancerre.

Malgré tout, Alumette se résigna. Il fallait absolument qu'elle remercie cette femme en personne.

"Du sang-froid, bon sang ! A 3 :...1...2...3..."
Et elle toqua à la porte. Elle attendit. Un silence planait tout autour de la place.

Alumette se sentit rassurée par la voix douce de son hôte. Elle entra d'un pas mal assuré.

"Bonjour Dame Ysa, je me permets de vous rendre visite après votre délicate attention posé au pied de ma porte. Tenez, je vous offre une bouteille de poire. J'espère que vous en ferez bon usage !"

Alumette tendit la bouteille à la dame, qui la posa sur la table.

"Vos fleurs sont magnifiques. D'où viennent-elles? Il me semble qu'il existait depuis peu une boutique florale. Viennent-elles de ce lieu?
Vous avez précisé dans la missive que ces fleurs venaient d'un autre expéditeur. Etes vous sûre que cela ne le dérangera en aucun point? Je ne voudrais pas l'offenser en mettant le vase de roses sur le rebord de la fenêtre !"

Alumette recut son verre rempli de ce liquide exquis. Elle trinqua avec Dame Ysa, qu'elle appréciait de plus en plus pour son élégance et sa raffinerie à rassurer les personnes.

Dame Ysabeau lui montra toutes les jolies fleurs qu'elle recevait.

"Ho, que c'est beau, cela doit bien embellir votre maison, et sentir agréablement bon. Vous en avez de la chance, d'avoir des amis si généreux !"

Alumette et Dame Ysabeau parlèrent encore quelques temps, de tout et de rien.

" Je ne vais pas vous occuper plus longtemps. Je voulais également vous dire que vous serez bientot la première personne à me concocter des bas. Oui, j'ai assez économisé pour ça, malgré mes soirées à boire en taverne, soit dit en passant. Mais je ne vous le demande pas pour tout de suite, dans une semaine ou deux, si cela vous ne dérange point.
Vous m'êtes d'une telle gentillesse, que je veux vous faire plaisir de cet achat.
Bon, je vais m'en retourner à mes occupations à mon logis. Au plaisir de vous revoir, Dame Ysa."

Quelques jours plus tard.

Le temps passait, Ysabeau travaillait. Elle ne voyait plus Gilliane que très rarement, sans doute avait-il fort à faire. Il reviendrait, sans nul doute... Elle était paisible, la vie continuait, le village était animé, au Havre les chevaliers du Bouchon étaient intronisés...
Elle avait appris que sa soeurette chérie, Maybee, avait été élue maire de Moulins. Elle s'empressa de lui écrire pour la féliciter. Elle-même venait de rejoindre le conseil ducal, pour la première fois. Elle avait franchi le pas, était entrée dans la salle du conseil, un peu intimidée.

A la fenêtre, un léger toc toc, discret. Elle ouvrit, Harmonie entra dans la salle, se percha loin du regard gourmand de Baastet. Elle éloigna le petit félin, Harmonie se posa sur la table... Sa soeur avait pris le temps de lui répondre. Des nouvelles de Moulins. Elle sourit, détacha délicatement le petit rouleau de parchemin de la patte d'Harmonie, nourrit et abreuva la gentille tourterelle, et lut.

Citation :

Bonjour soeurette,
J'attendais la fin du scrutin pour t'écrire, en effet ça s'est joué
tellement à peu de chose qu'il aura fallut deux tours! Je te félicite
également pour ton élection car ce ne sera pas une mince affaire. Le
poussin fait des siennes jusqu'ici, mon adversaire est une de ses
"amies", Renlie avait fait son programme (vide..) et
George l'avait validé... et comme de juste le débat a été impossible
avec elle.. enfin tu me diras "comment débattre sur un
programme vide". On m'a un peu forcé la main,j'avoue, mais ça
me plait et puis comme je l'ai souvent répété lors de mes passages à
Sancerre "Si le candidat ne vous plait pas, présentez vous,
sinon ne vous plaignez pas!"
Je sens que la tâche va être ardue, mais Bragon me soutient, m'aide, me
conseille, finalement je crois qu'il n'aura jamais été aussi présent à
mes cotés.
Les voyages sont finis pour le moment, nous verrons comment cela se
passera le mois prochain. Mais je compte bien m'y remettre le plus vite
possible!

Je t'embrasse, ainsi que tout le monde

May

Des nouvelles des absents... Bragon et Maybee... son presque beau-frère, sa soeur, toujours ensemble, toujours heureux. Elle sourit, ferma un instant les yeux, émue. Quand les reverrait-elle ?

Une petite main frappa a la porte de la maison en fin de matinée, c était le jeune trystan habillé en livrée des Landivisiau.

une fois la porte entrouverte , le jeune homme déclama :

"Mon père me permet de vous offrir une de ses splendide rose , il tendit une rose rouge très odorante , et vous invite a visiter sa roseraie .......le jeune homme surveillait la réaction de la dame et attendait sa réponse ....."

Mel arriva devant la maison de Ysabeau pour une livraison elle toqua a la porte

Dame Ysabeau vous etes la,...?

Apres plusieurs minutes, toujours pas de reponse...

Elle ne doit pas etre encore rentrée de son voyage, je repasserasi plus tard, je ne vais pas laisser les fleurs dehors..

Mel repartit pour livrer la suite de sa commande