18 Place de la Halle. Chez Leopol.

Ysabeau regardait la maison prendre vie. Les meubles étaient simples, à l'image de celui qu'elle aimait. Simples, chaleureux.

C'est parfait mon aimé. Les fauteuils seront très bien devant la cheminée, tiens je vous ferai des coussins pour qu'ils soient plus confortables...

Elle suivit Leopol à l'étage, admira le lit, l'alcôve. Elle redescendit vivement, prit la couette et les oreillers, remonta les installer sur le lit, par-dessus le matelas de crin.
Enfin, Leopol installa les rideaux.

Leur tâche achevée, les deux aimants s'enlacèrent longuement, les yeux dans les yeux, émerveillés d'être ensemble.
Ysabeau murmura à l'oreille de Leo, dans un souffle, dans un baiser
et si nous étrennions cette couche mon amour ?

Ysabeau resta un instant blottie sous la chaleur de la couette, envore enivrée de la nuit qu'elle avait passé, puis elle se leva, s'habilla rapidement et descendit l'escalier. Leo avait disposé sur la table du lait tiède, une miche croustillante, un pot de beurre et du miel.
Il lui sourit, ils s'embrassèrent encore et encore, pui s'installèrent l'un à côté de l'autre et partagèrent ce premier repas d'un dimanche qui s'annonçait beau.
Ysabeau regardait Leo, elle ne pouvait se lasser de contempler ses traits, d'y reconnaître la flamme...
Mon aimé... dans quelque temps, quand vous... quand vous voudrez, pourquoi ne pas ouvrir le mur entre nos deux maisons, pour n'en faire plus qu'une ?
Elle souriait.
Leo répondit à son sourire
J'y ai pensé aussi...

Les deux aimants terminèrent leur repas, Leo remit quelques bûches dans la cheminée car la matinée s'annonçait plus que fraîche, et ils s'en furent vers leurs tâches quotidienne. Leo n'irait pas très loin, puisque les moutons d'Ysabeau l'attendaient à la bergerie...
Ysabeau quand à elle marcha d'un pas pressé vers la douane, elle devrait rendre son rapport quotidien avant de se rendre à l'université.
La vie s'écoulait, paisible, heureuse, simple.

Ysabeau entra doucement chez Leopol. La maison était tranquille, nul bruit. Elle attisa le feu, remit une bûche. Ainsi lorsqu'il s'éveillerait, Leo n'aurait point froid.
Tout doucement, elle monta à l'étage, entra dans la chambre. Dans l'alcôve, Leo dormait paisiblement. Mais sa nuit avait dû être agitée, car la couette était presque tombée au bas du lit. Doucement, elle le recouvrit, et resta un instant à le regarder dormir.
Elle déposa un léger baiser sur son front, sur ses lèvres.
Puis elle redescendit, et laissa un mot sur la table.

Citation :

Mon aimé, mon amour,
Je suis passée en ce matin, pour vous voir. Je vous laisse vous reposer, je sais que vous avez des soucis, des occupations. Je rentre chez moi, ne pouvant pour l'instant aller faire mon travail de douanière. Je vous y attendrai. N'hésitez point à venir me voir, si vous en avez le temps.
Je pense très fort à vous, mon aimé. Je suis avec vous même si nous ne pouvons nous voir. Nos âmes sont ensemble, à chaque instant, je le sais, je le sens.
A très bientôt mon amour
Vostre Ysabeau
PS : je ne serai à nouveau point là ce soir. Je devrai quitter le village vers 20h15. Mais peut-être trouverons-nous un instant dans la journée pour nous parler, pour nous voir...

Astaroth était completement confus, il avait reçu un petit message et un petit cadeau pour Noel. Il passa devant chez Léo et y glissa un mesage sous la porte

Citation :

Léopol

Merci pour ce cadeau, mais il ne fallait pas. Je me sens ridicule a l'idée de ne t'avoir rien offert. Mais je me rattraperai.

Fort amicalement, Astaroth

Ysabeau sortit brièvement de chez elle, le coeur gros. Elle s'y attendait, mais... La peine était là, malgré tout. Elle afficha à la porte du 18 un message qu'elle avait rédigé.

Citation :

Leopol nous a quittés ce matin. Il a choisi de rejoindre le paradis solaire...
Ayons une pensée pour cet homme généreux, tendre, attentif aux autres.
Ayons une pensée pour celui qui fut mon aimé.
Maison en deuil.

Puis, les larmes aux yeux, elle s'en fut chez elle.

C'était fini.
A l'aube, le cercueil avait quitté l'église. Deux porteurs fatigués l'avaient porté au cimetière attenant.
Ysabeau suivait, seule.
Leopol avait toujours été discret, elle savait qu'il n'aurait point voulu de funérailles grandioses. Il avait voulu partir sans un mot, sans un adieu. Elle respectait son choix.
Au cimetière, elle vit le cercueil descendre dans la tombe. Elle y jeta une brassée de fleurs des champs, une toute petite brassée car on était encore en hiver...
Puis elle prit une poignée de terre, et la jeta sur le bois du cercueil.

Adieu Leopol, adieu mon aimé. Je ne vous oublierai point...
Je n'oublierai point vos attentions, vostre délicatesse.
Je n'oublierai point vos doutes.
Je ....

Des larmes coulèrent sur ses joues. Elle resta là, un instant, en silence. Puis elle quitta le cimetière, laissant le fossoyeur faire son travail.
Un nouveau jour... une absence éternelle... Et la vie qui continuait.
Penser aux vivants
Laisser les morts enterrer les morts.

Sortant de chez elle au petit matin, sur la maison voisine...

Citation :

Parcelle libre

C'était normal. Leo était enterré, sa place était au cimetière. La vie continuait, malgré tout. Ysabeau toucha le bois de la porte, se demandant qui serait, un jour, son nouveau voisin ou sa nouvelle voisine... Et repartit vers ses tâches journalières. Le travail, c'était aussi, la vie qui continuait.

Laisser les morts enterrer les morts se murmura-t-elle...