209, rue de la Porte Vieille, l'hermitage de Bragon

Bragon rentrait de sa retraite paisible quand il vit un pli l'attendant.

Encore ce commerçant qui s'était fichu de lui!

Bragon repris donc un parchemin.

Citation :

Bonjour,
Donc, comme faire long ne sers à rien, je vais faire court.
"La prétention, Messire, elle est de votre côté, l’uniforme semble vous faire perdre pied avec la réalité, et oublier toute bonne foi, mais que voulez vous, il est si facile de vouloir briller devant des Dames et ainsi de flatter son ego de mâle"
Si vous me connaisssiez mieux monsieur le commerçant vous ne tiendriez point tel langage. La proximité de dame, peu m'en chaut. Le port de l'uniforme m'importe plutot car je ne l'aime point. Si je porte uniforme c'est sur demande de la communauté que je sers.
"Un marchand ambulant, ne vendrait pas une braies à 50 écus, ça tombe sous le sens de la logique dont vous semblez totalement démunie, c’est le prix le plus bas possible. Un marchand perdant de l’argent, c’est un marchand perdant la raison. Donc l’enquête aurait due être morte-née."
'est bien pour celà que je réclamais trace écrite de cette transaction, le montant aurais ainsi prouvé que c'était un cadeau, si toutefois vous n'aviez pas été autorisé à commercer ce qui n'était pas le cas.
"Et si je suis rustre comme vous le prétendez c’est pour le mettre au niveau de votre totale mauvaise foi, vous savez pertinemment qu’aucun cadeau, prêt, échange transaction, rayez la mention inutile ne peut être faite sans un passage par le marché"
Je le sais pertinemment, c'est pour celà que je réclamais la preuve de la transaction.
"Dommage pour Sancerre, négociant beaucoup, j’aurais pu rendre service à la ville EN RESPECTANT ses lois, mais puisque une telle indélicatesse règne envers les étrangers, restez bien entre vous."
L'indélicatesse.... Monsieur, quand je me trouvais en taverne lors de mais quelques voyages, certainement moins que vous, je me présentais. J'y trouvais une certaine délicatesse. Et quand la maréchaussée m'apostrophait, je répondais, sans faire de mauvais esprit ni même omettre un détail d'importance.
"Je ne me fiche pas des lois, je les ai respectées, si tel n’avait pas été le cas, je n’aurais pas répondu à la douane ni déclaré mes biens, ni n’aurais donné tous mes souvenirs (mémoire et vision) allant bien au delà de ce qui m’était demandé."
Effectivement, vous préférez vous fichez des personnes ayant en chagre de les faire respecter. Et si possible de les traiter d'imbéciles.
"Une autre voyageuse a été outré de l’accueil qui lui a été fait. Mais peut être est ce une coutume berrichonne…En tous les cas, vous ne risquez pas beaucoup d’implantations en vos vertes vallées, ça c’est certain."
Pour toute étude démographique, veuillez vous adresser au maire. D'ailleurs, notre soucis est justement là économiquement. Peut être devriez vous colporter ces sornettes...
Je m'arrête là. Il n'y a bon jeu, bonne disputes qu'en présence de bons joueurs. Merci de m'apprendre tant sur ma personne, j'en apprends chaque jour depuis fort longtemps, et vous avez éclairé une face qui était inconnue de mon entourage.
Ah oui! je rentre de retraite, je suis fort heureux d'avoir ce courrier, qui me rappelle si vite quels personnages peuplent le monde.

Toute penaude, Maybee était arrivée au Havre trop tard, Bragon venait de partir, elle décida donc de se rendre chez lui histoire de voir s'il y était et de se faire pardonner.

*toc toc*
Bragon? c'est Maybee, je suis désolée... vous êtes là?

et elle attendit une réponse, adossée à la porte, ne voyant perssonne arriver, elle décida de retourner au Havre

Les yeux brouillés par le trouble, Maybee s'avança devant la forge de Bragon, elle leva la main vers la porte, et se résigna, glissant juste le pli sous celle ci.

Citation :

Bragon,
Je pars en voyage ce soir ou peut etre demain, je ne me suis pas encore décidée, mais je ne sais si je vous reverai avant... et meme après... et je voulais vous dire ceci:
J'ai eu tort, je le reconnais, et je vous ai perdu. J'assumerai les conséquences de mes actes quoi qu'il m'en coûte...
Sachez toutefois que vous m'avez blessée également, non par votre réaction, légitime, mais en doutant de mes sentiments. Jamais je ne ne me suis jouée de vous, mes sentiments ont toujours été sincères. Je vous aime Bragon... vraiment, et ce depuis le tout premier jour...

Elle s'en fut ensuit à la mairie, la douane l'attendait.

Bragon repassant par la forge pour s'occuper de haches à affuter, vis un petit pli dont il reconnu l'écriture fine. Lachant tout, il s'empressa de le lire.

-Pauvre fou, tu ne sais décidément t'exprimer...Bien, deux solutions: Tu restes droit dans tes bottes et tu vois cette délicieuse Maybee en larme, où bien tu va la retrouver, la rassurer, la caliner un peu... Allons, bougeons notre carcasse, les haches peuvent attendre.

Passant devant la forge, Maybee déposa ce pli sous la porte.

Citation :

Mon Aimé,
juste un petit mot pour vous dire à quel point vous aller me manquer, et pour rester encore un peu près de vous. Vous ne quitterez pas mes pensées une seule seconde et j'ai vraiment hâte de vous retrouver.
Je vous aime, à bientot...
Maybee, à qui vous manquez déjà.

Puis elle partit vers un village près de Bourges, ville où elle n'espérait pas devoir le retrouver...

Ysabeau s'arrêta avec hésitation devant l'hermitage, serrant contre elle un parchemin où elle avait écrit quelques mots. Devait-elle le laisser ? Elle savait que Bragon n'y passait que rarement... Elle resta un moment, dansant d'un pied sur l'autre... puis prit sa décision. Elle accrocha le parchemin au heurtoir, ne sachant s'il serait lu, ou si le vent l'emporterait...

Citation :

Bragon, mon ami, je souhaiterais vous parler d'un souci qui me préoccupe. Peut-estre pourrez vous me donner quelques judicieux conseils. Je ne veux nullement vous importuner, j'attendrai et si vous je jugez point utile de me faire signe, je respecterai vostre désir.
Vostre amie, Ysabeau

Ainsi en était il... "Faucheuse" chanterait au dessus des remparts...
L'Ogresse avait rattrappé Bragon.

Mais la plus grande des batailles ne serait pas celle là. La plus grande des batailles sera celle qui suivra, celle qui verra la reconstruction de Sancerre.

On ne sort jamais victorieux d'une guerre, on sort victorieux de la reconstruction. C'est en bâtissant qu'on éblouit, c'est en construisant qu'on tisse son destin.

Bragon décida ce jour, que la guerre n'aurait pas d'emprise sur lui, qu'il rirait à la face de l'enemi, qu'il sourirait quoi qu'il advienne car Sancerre et ses habitants seront toujours quoi qu'il advienne une particularité, un groupe uni et unique, un groupe d'amis, s'entraidant dans la difficulté.

Maybee s'etait levée de bon matin et avait décidé de faire une surprise à Bragon, surtout que le pauvre avait passé une mauvaise soirée...
Elle passa donc chez le boulanger et se trouva devant la porte de la forge avec sous le bras une miche de pain et dans son panier beurre,confiture, et un bouquet de marguerites, ainsi qu'un petit mot préparé au cas où il ne soit pas là.
Elle se recoiffa correctement une dernière fois avant de frapper, espérant qu'il ne soit pas encore parti.

*toc toc toc*

Bragoooon? c'est Maybee, vous êtes là?

La tête en vrac, la barbe démise, c'est un semi Bragon qui entrouvit la porte.

Qu'est ce que c'est???? Oh c'est vous Petitcoeur!!
Merci d'être là. Je ne vais pas bien ce matin. Manque d'envie de me réveillr, j'ai cru que j'allais me réfugier dans le sommeil...
Entrez Petitcoeur, entrez dans mon chez moi.
Je file me passer sous l'eau, et je reviens.

Ni une ni deux, Bragon planta Maybee devant la porte grand ouverte, et fonça se laver.

Un instant après, bragon réapparu, chemise propre, cheveux et barbe arrangés.
Ouvrant grand les bras il accueuilli Maybee, le coeur ouvert, le calin prompt.

Mais que m'avez vous apporté??? Un petit déjeuner?? comme c'est gentil!!! Alors, mangeons Petitcoeur, mangeons, ensemble!

Une colombe vint se poser devant l'hermitage, posa sur l'une des fenêtres un fin bouquet composé de pensées, véroniques,bruyère, et entouré de lierre. Une fois sa mission accomplie, elle s'envola dans un léger battement d'ailes.

Houhou!!!! jolie damoiselle toute de blanche vêtue!!!

Le pigeon vole à tire d'aile après la gracieuse Colombe.

Ah ben dis donc... On peut dire que tu voles vite et avec grace toi!
Tu habites chez tes parents? Euh, tu veux que je te fasses visiter par pigeonnière?(garçonnière à pigeon....)

Regardant le magnifique bouquet déposé.

C'est pas un peu lourd ce truc là??? Prochaine fois, tu m'appeles, on livre à deux hein! Non pas que je ne te pense pas capable de le refaire, mais bon, un peu d'aide de temps en temps, c'est sympathique, non? Et pour la cueuillette, je peux aussi t'accompagner. J'adore les jolies demoiselles dans les champs de fleurs. Surtout parce qu'on y trouve de jolies graines et des vers bien gras...

Harmonie se rendait tranquillement et gracieusement à son pigeonnier lorsqu'un importun osa venir voler à ses côtés.

pfff en plus c'est un pigeon...

bonjour monsieur, non je n'habite pas chez mes parents, j'habite chez ma maitresse, et non ce n'était pas lourd... *montre ses pattes du bec* j'ai des pattes, et je peux enserrer un fin bouquet, je ne suis pas une chochotte, moi, monsieur.Cependant vous me semblez fort sympathique... merci pour la proposition, on verra cela un autre jour, moi je m'occupe des livraisons c'est tout, pour la cueillette c'est ma maitresse.
*scrute un peu mieux son voisin*
bon éventuellement, vu que c'est si gentiment proposé... pourquoi pas aller se manger un ver en forêt ensemble...

Ayant besoin d'une pause (eh, 2 jours qu'elle découpe des carcasses, ça commence à faire) et de revoir une dernière fois Bragon avant son départ à Noirlac le lendemain matin (oui je sais ce n'est l'histoire que d'une journée mais sait on jamais hein?! si les moines décident de la garder?!)
Maybee se rendit donc chez ce dernier (Bragon, pas les moines.. faut suivre un peu, meme si effectivement il habite l'hermitage ce n'est pas un moine..)
les mains vides mais le coeur rempli d'amour et la besace, d'une bouteille de poire.

*toc toc*
youhou y a quelqu'un?! c'est le boucher d'en face du Havre... je viens livrer de la poire, ce qui est tout à fait normal pour un boucher vous en conviendrez...

Bragon devait etre occupé ailleurs, Maybee fit donc demi tour et rentra préparer ce qu'il fallait pour le voyage du lendemain.
Quelques minutes plus tard, un pigeon vint se poser et déposa sur le seuil de l'hermitage un pli.

Citation :

Bonsoir mon Aimé,
je suis passée mais vous n'étiez point là... dommage... que votre nuit soit douce, que la journée de demain le soit aussi. A. Maybee

Bragon vit le vulgaire pigeon, et eu un profond soupir.

Non, pas la colombe ce soir...tant pis....

Trainant les pieds il s'approcha néanmoins du ramier, et le sourire lui revint à la vue de la fine écriture.

File m'sieur Vulgus le Pigeon, la prochaine fois, envoie moi Harmonie! Et dit à ta maitresse que je l'aime!

Regardant le pigeon s'envoler vers Noirlac, il se demanda brusquement comme ce pigeon pourrait parler à Maybee....

Bragon fut trop occupé ce jour, et préoccupé. Des travaux à l'écu était nécessaire, la porte coinçait trop souvent, problème de serrure, d'alignement des gonds, de ressort cassé.
Si un ressort n'était point abimé, c'était bien celui de "l'inconnue" qui lui offrait ces magnifiques bouquets. Bragon laissa trainer son visage au dessus de ce nouveau bout de verdure, enrichissant son bonheur de douces senteurs.
Après un regard alentour, vérifiant que personnes ne le voit, il serra le bouquet contre son coeur, avant de le mettre en fort belle place, à coté du précédent, dans son hermitage.

"Merci charmante "inconnue", je vous aime" dit-il pour lui même, un sourire aux lèvres.

Revenant de Chateauroux, un peu essoufflée, Harmonie s'arrêta à l'herimtage et y déposa le second parchemin de sa course, plus petit que le premier, impossible de se tromper. Elle roucoula en imaginant la tête des castelroussins si elle s'était trompée de destinataire... les pauvres n'auraient rien compris!

Citation :

O, et aussi beaucoup de R accompagnés de mille baisers.

Puis elle s'en alla dans la pigeonnière de Flip Flap, répondant à son invitation à prendre un ver ou deux.

Bragon avait passé la nuit à errer dans les bois, à se chercher lui même. Un passé avait ressurgi qu'il avait maladroitement voulu taire. Il avait par là, blessé un être cher.
C'est donc la mine basse, trainant les pieds qu'il vit au petit matin Maybee, tapie dans le porche de L'hermitage.
Elle semblait si fragile là, avec sa mine renfrognée, recharchant un peu de chaleur sous une couverture trop fine. Un bouquet de fleur, tombé à ses cotés.
Il la contempla un instant, n'osant la réveiller. Enfin, il posa un baiser sur son front, et s'assied à coté d'elle sans un mot, la prenant dans ses bras.
Semblant encore endormie, Maybee émis un son, et se cala contre son épaule.
Bragon soupira.

Un tout petit pigeon s'arrêta à la porte de l'Hermitage. Tout était calme, la maison était peut-être déserte... Il se posa tranquillement, ébouriffa ses plumes, picora un peu, mit la tête sous son aile et s'endormit en attendant que Bragon vienne le délivrer du message qu'il portait à la patte

Citation :

Très cher Bragon,
Vous estes peut-être ailleurs, dans la chaleur des bras de celle que vous aimez... Je veux cependant vous laisser ce petit mot...
Je me réjouissais de vous retrouver ainsi que tous les amis, je me réjouissais de rentrer enfin dans ma maison, de travailler à mon échoppe, je me réjouissais car aujourd'hui je pensais enfin être à Sancerre, après tous ces longs jours d'errance...
Hélas, il n'en n'est rien. Mon ami, j'ai été trompée. Le capitaine Shaïgan m'avait affirmé que nous rentrions à Sancerre. Il n'en n'est rien. Ce matin, lorsque j'ai ouvert les yeux, j'ai constaté avec tristesse et colère que j'étais encore au campement, encore sur un noeud, cette fois entre Sancerre et Cosne.
Je n'en puis plus, Bragon. Je suis épuisée. Il y a des limites à la désinformation, des limites au mépris des troupes. Un soldat est un pion certes, mais un pion qui pense (parfois), un pion qui a des états d'âme, un pion qui aimerait bien être tenu un minimum au courant...
Un de mes hommes, Geromini, est en train de mourir de faim, car il n'a plus de pain. L'armée n'a plus de pain à distribuer. Et sur un noeud, comment acheter ?
Bref, je suis totalement démotivée, totalement furieuse. Ma décision est prise, ce soir je déserte. Je quitte l'armée, je rentre à Sancerre.
Je serai là demain, un peu honteuse sans doute, mais soulagée.
Bonne journée à vous mon très cher Bragon, du fond de ma campagne je penserai à vous tous... Je penserai à ceux qui font la fête au Havre..
Si vous le pouvez, pensez un peu à moi et faites chanter vos mésanges...
Je vous embrasse
Ysabeau, triste, triste...