209, rue de la Porte Vieille, l'hermitage de Bragon

Alors, oui, j'ai très faim et très soif... Mais de ce manque que vous seule pourrez assouvir!

Lachant marteau et forge, Bragon enleva Maybee riante, et l'emmena vers une autre chaleur duveteuse, plus douce que celle de la forge.

Harmonie fila le plus vite possible vers l'hermitage à la recherche de Bragon, lorsqu'elle l'aperçut, elle piqua sur lui, et se posa en douceur et avec grâce sur son épaule, lui picora la joue pour qu'il prenne la missive qu'elle apportait.
Le parchemin était peu lisible à quelques endroits, la plume avait tremblé et des larmes avaient effacé quelques lettres.

Citation :

Mon Aimé,
je n'ai pas vraiment eu le temps de vous le dire tout à l'heure, je vous aime vraiment très beaucoup tout plein et vous allez vraiment me manquer. Ces quinze jours seront vraiment longs sans vous. Mais promis, je reviens très vite.
votre Possible Impossible Petitcoeur qui vous aime plus que tout.

Harmonie, cette delicieuse colombe venait d'apporter sa missive.
Bragon en connaissait la teneur dans les grandes lignes. C'est en réprimant un tremblement qu'il ouvrit le pli. Maybee disait l'aimer, comment pouvait-il en douter? Cette charmante dame égayait ses jours, ne pas la retrouver était un supplice. Et le devoir devait les séparer. Une grosse quinzaine de jour.. c'est peu en fait. Mais c'est énorme sans elle.
C'est le profil bas, qu'il se dirigeait vers la forge.Mais avant.

Il defit son bandeau retenant sa chevelure, l'enroula avec précaution autour d'une patte d'Harmonie, lui faisant ainsi un jolie patte toute bleue, Lui donna du pain à picorer (il en avait un stock énorme).
Puis l'embrassant tendrement sur le somment duveteux de sa tête il la libera en murmurant: Chatain

Cheveux retenus en une tresse par le bandeau de son aimé, Maybee passa devant l'hermitage, déposa sur le seuil un bouquet de bruyère cueilli la veille et passa son chemin, non sans avoir envoyé moult baisers en pensées à Bragon. Elle ne voulut pas se retourner, le départ était difficile.
Elle susurra "à dans quinze jours mon aimé, une éternité sans vous.."

Harmonie arriva de Bourges ruisselante et se glissa avec plaisir entre le chambranle et la porte de la forge. Elle s'ebroua un peu et réchauffa à la douceur du feu, puis elle voleta vers Bragon, c'est qu'elle avait une mission et pas des moindres! Enroulée autour de son abdomen une tresse de ruban retenait un petit objet, un petit rouleau l'accompagnait.

Citation :

Mon Aimé,
Je suis arrivée hier soir à Bourges sans avoir fait de mauvaise rencontre (norf, même pas pu entrainer mon genou ni Anonyme.. spo juste...), Morphée m'y a vite rejoint mais j'avoue qu'il est loin d'avoir votre charme... Heureusement qu'Harmonie et votre bandeau m'accompagnent, sans quoi la route serait bien longue. Je vous envoie d'ailleurs ma colombe accompagnée d'un clef que j'avais oublié de déposer chez vous hier (oui je sais je suis tête en l'air...) ce n'est point la clef de mon coeur car vous l'avez déjà, mais c'est celle du 143. On dira que je vous les laisse parce que j'ai peur de les perdre, on dira...
ERTZW
May, qui se languit déjà...

Flipflap fit son retour à l'hermitage, les pattes pleines de nouvelles.

Citation :

Bonjour mon Aimé!
Deuxième jour sans vous, deuxième jour où votre abscence se fait ressentir même si je ne cesse de penser à vous. Je crois que les brigands ont été avertis de ma présence, ils se cachent tous, je n'en ai toujours pas croisé un seul... je vous soupçonne de leur avoir dit que j'étais sur les chemins.
J'ai recueilli ce pauvre Flipflap peu avant d'arriver à Chateauroux, soignez le bien, je crains qu'il n'aie attrappé quelque mauvaise grippe, il ne cesse d'eternuer (d'ailleurs c'est assez special un pigeon en train d'eternuer..) il m'a attendu sur le chemin, sous la pluie et un vent glacial. Je pense qu'Harmonie le soignera à son retour...
A part cela, je n'ai encore trouvé personne pour m'accompagner mais je ne desespère pas.
Il va falloir aussi que vous vous reconcentriez un peu plus sur votre travail, avec le plan d'armement qui doit être actuellement en cours, ne vous avisez pas de maltraiter les épées comem vous l'avez fait avec cette pauvre hache!
Mille baisers, toutes mes pensées volent vers vous.
Je vous aime.
May

Apres Mentaig, Asta arriva devant la porte de Bragon. Il sortit le dernier parchemin qu'il lui restait.

Citation :

Mon cher Bragon

Pas besoin d'essayer de me menacer avec Faucheuse, je doit partir quelques temps à Noirlac, je dois mediter sur moi même. Mais je reviendrai. Prends bien soin de May, et des autres. A la prochaine l'ami

Astaroth

Humeur massacrante... telle était ce qui qualifiait le mieux Bragon ce soir...
Après avoir essayé de divertir un pauvre hère qui s'ennuyait, sa précipitation lui avait fait perdre ses braies... Enfin, il les avait commandé de suite à Ysabeau. Celà n'était rien.
La soirée se passait, au Havre, comme d'habitude. Perlette sombrait de fatigue, et ne jouerait pas au ramponneau. Finallement, elle changea d'avis, et se joignit à une partie assez intéressante où elle fit quelques bénéfices.. Bragon, s'en tirait pas trop mal... seulement 5 écus de perdu.

C'est le moment que choisit le sort. Bragon salua, souhaitant se retirer, alors que Icefly invitait tout le monde au Havre. Bragon en fut surpris, suite à la fatigue de Icefly. Il faut avouer qu'il était très attentif à celle ci, elle était sa meilleure amie, sa confidente, son intime. Il fut reçu par un soufflet verbal, et un pfff, de dédain... Voilà... Celà le mis hors de lui. Lui pouvait endurer, pouvait s'inquiéter, souffrir, en silence disait-elle... Oui, en silence, rester toujours dans l'ombre, en retrait... Ne jamais dire un mot de plus que l'autre de peur de la brusquer... Non, c'en était trop. oui, elle était son amie, son intime amie. Mais celà ne lui permettait pas de le traiter ainsi comme bon lui semblait. C'était trop. Il débarqua au havre, en colère, reçut un seau d'eau et une remarque sur sa tenue... C'était trop, beaucoup trop... Il repartit pour l'hermitage, et barra la porte.

Sortant du Havre où le portier n'arrêtait pas de faire des siennes, Ysabeau, munie d'une boîte à lucioles, ne voulut pas rentrer tout de suite chez elle. Elle avait bien remarqué que Bragon était parti de fort mauvaise humeur. Toujours des malentendus, toujours cette sensibilité à fleur de peau derrière le masque de bougonnerie. Elle ne voulait pas laisser son ami à ses pensées moroses.
Elle prit donc la rue Sta Arnvald, puis la rue de la Panneterie, la rue St Ramble, et arriva enfin au 209 rue de la Porte Vieille.
La porte était close, hermétiquement close, mais une lueur à la fenêtre... Bragon n'était point encore endormi.
Elle frappa.
Bragon, Bragon, vous êtes là ?

Sans un mots, il prépara son balluchon.... Pas de travail ce soir????La bonne affaire... Et bien, il mettrai ce contre temps à profit....
A quoi servait il??? Qu'est ce qui était le plus important pour lui en ce moment??? Il n'hésita plus.

Il referma la porte de l'hermitage. Et advienne que pourra. Il serait de toute façon de retour suffisament tot pour Sancerre. Et bien trop tot pour qu'on lui refasse la tête de toute façon.

Pourquoi????

La porte de l'hermitage s'ouvrit brutalement, Bragon sortit sans voir Ysabeau, la bousculant au passage, comme une flèche il partit, Faucheuse sur le dos, un baluchon à la main... Ysabeau courut derrière lui.
Bragon, Bragon, Bragon !

Mais il poursuivait sa route, sans se retourner... Elle courut derrière lui, la lampe à lucioles bringueballant...

Bragon, Sancerre a besoin de vous ! Nous avons tous besoin de vous ! Ne partez pas !

Jade rentrait de la taverne, où elle n'avait fait qu'un bref passage, et n'avait même pas pu saluer Bragon, quand Ysa lui rentra dedans...

Toutes deux se retrouvant par terre, elles ne purent que regarder la silhouette de Bragon qui s'éloignait à grand pas !

Se relevant Jade s'adressa à Ysa :

Citation :

bon sang Ysa ! que peut on faire ????? il a vraiment l'air en colère !!!

Ysabeau se releva à son tour, ramassa sa boîte à lucioles, sourit à Jade en époussetant ses braies qui avaient quelque peu souffert de sa chute, et lui répondit :
Rien à faire malheureusement, quand il est comme ça il faut le laisser se calmer... Là c'est plus grave que d'habitude. Il ne part pas en forêt, il quitte carrément Sancerre. Dommage pour le conseil, dommage pour ses responsabilités.
Il reviendra, mais quand ?
Rentrons chez nous Jade, je lui enverrai un pigeon mais je doute qu'il réponde ou que cela le fasse changer d'avis... Il se fait tard, demain sera un autre jour !
Les deux jeunes femmes se quittèrent en se souhaitant une bonne nuitée, et s'en furent vers leurs demeures respectives.

Après avoir tenté de trouver quelques nouvelles recettes de fraises des neiges, en vain, May se décida à aller voir son Aimé à la forge. Clopin clopant, manquant de se casser la figure dans ses escaliers, marmonnant en se disant qu'un jour il faudra penser à inventer quelque chose de plus pratique que cela, scrognognotant à cause du temps de chien, le sourire revint quand elle ouvrit la porte de l'hermitage.

*toc toc* Bragon? c'est May... Il y a quelqu'un???

Elle se rendit donc dans la forge, Bragon était en plein travail. Elle trouva un coin pour s'asseoir, posa sa bequille et enleva son mantel. Elle pouvait le regarder ainsi pendant des heures... Elle sortit de quoi ecrire et, pleine d'inspiration, se mit à rediger une recette de confiture aux fraises et mûres des neiges. Son regard ne cessait d'osciller entre Bragon, si beau dans l'effort, et le parchemin, elle finit d'ailleurs par laisser tomber cette recette et se demanda comment cuisiner l'ours blanc...

Rue de la Porte Vieille, enfin... Ysabeau s'arrêta devant le 209. Un bruit assourdissant s'élevait de la forge, le souffle de l'enclume et le martèlement sur le fer.
A la porte, elle vit Mentaïg, la salua.
Hé bien ma pauvre, ce n'est pas aujourd'hui que tu pourras te reposer ! Il travaille comme un forcené... Au moins, il te livrera une épée bien forgée !

Puis elle entra, la chaleur de la forge était insoutenable. Bragon tournait le dos, tout à son ouvrage, frappant de coups rageurs le fer. Oserait-elle s'approcher ?
Elle osa.

Bragon... Bragon...Bragoooon ! c'est moi, c'est Ysabeau...
Je voudrais comprendre, Bragon... Que s'est-il passé ?
Je n'ai point encore vu May aujourd'hui, je veux bien lui écrire, lui dire... Mais il faudrait que je comprenne...

Elle se tenait devant Bragon, dans la chaleur infernale, attendant. Mais l'écoutait-il, seulement ?

Alors que Mentaïg attendait, appuyée de l'épaule au chambranle, les bras croisés, Ysa vint la rejoindre. Sans doute avait-elle elle aussi été attirée par le raffut.
Une épée bien forgée... A voir ! Vu la force avec laquelle Bragon battait le fer, et les gerbes d'étincelles qui jaillissaient, qu'allait-il rester de la lame ?

Ce n’est pas le jour à traîner dans mes pattes, j’ai viré mon arpète, ce n’est pas pour avoir des jupons dans le passage… Et puis vous me laissez faire mon boulot tranquille d’abord. J’ai choisi cette bicoque, y avait pas un chat à côté !

Voilà que le forgeron se mettait à faire preuve d'une mauvaise foi caractéristique. Mentaïg évitait soigneusement, justement, le "passage". Et s'il avait voulu être vraiment tranquille, c'est hors les murs qu'il eût choisi sa "bicoque". On ne pouvait vouloir à la fois la sécurité des murailles et la paix du bord de l'eau. La jeune femme se tut, attendant qu'il revienne à de meilleures dispositions, mais fermement décidée à ne pas le laisser tomber tout seul avec sa colère.
Ysabeau hurla le nom de Bragon, pour se faire entendre par-dessus le bruit du marteau qu'il abattait de nouveau furieusement sur la lame. Mentaïg la regarda s'approcher de la fournaise, vit qu'elle remuait les lèvres, mais ne saisit pas le discours qu'elle adressait au forgeron. Celui-ci était de toutes façons concentré sur son ouvrage, et il n'était pas sûr qu'il eût entendu les paroles de la Dame.
Debout contre le montant, Mentaïg attendit silencieusement que l'orage passe.