Chez Mentaïg, au n° 19 rue de la Porte Vieille

Revenant du champ de blé d'Aryan, dans lequel elle avait travaillé au sortir de la crémaillère de Mathilde, puis de sa réunion avec les Conseillers aux Vagabonds, Mentaïg trouva le courrier de Messire Jelubir, qui lui fit grand plaisir. Les taux de mortalité énoncés par Celenna lors de la réunion - 80 % ! - l'avaient épouvantée. Il fallait faire quelque chose, et elle espérait grandement avoir contribué, par sa modeste action, à éviter que les nouveaux arrivants ne se laissassent mourir de désespoir.
Elle serait bien aller se réchauffer un peu en taverne, mais il n'y avait personne, et c'était avant tout de chaleur humaine dont elle avait besoin.
Elle prit le temps d'envoyer un pigeon au Conseiller Jelubir pour le remercier, puis partit marcher un peu par les rues de Sancerre.

En se levant, ce matin-là, Mentaïg se sentait vaguement mélancolique. Elle attribua cet état à l'attitude de son ami Maleus. Il se repliait de plus en plus sur lui-même, allant même jusqu'à offrir sa démission du Conseil. Elle se dit qu'il était inutile de passer chez lui pour tenter de le réconforter. D'une part, Maleus n'y était pratiquement jamais. D'autre part, de quel droit serait-elle allée réconforter quelqu'un qui n'en avait pas forcément envie ? Après tout, il était assez grand pour demander, en cas de besoin.
Elle fit une toilette aussi soignée que le lui permettaient ses haillons, mit sa soupe au feu, et poussa jusqu'à la mairie pour consulter les offres d'emploi. Rien, si ce n'était un texte vaguement injurieux, qui prétendait recruter à 12 écus. Comptant sur la diligence de l'équipe municipale, elle rentra chez elle pour déjeuner.
En chemin, elle n'entendit parler que du double baptême et du mariage qui se dérouleraient, ce soir-là, au village voisin de St-Aignan. Gallup épouserait Swip, après s'être fait baptiser, et Bragon, pour pouvoir servir de témoin à son ami, en passerait lui aussi par le baptême... Mentaïg était perplexe. Elle n'aurait jamais imaginé une chose pareille de son voisin le forgeron. Mais après tout, elle ne le connaissait que très peu. En tous cas, cette triple cérémonie allait draîner tout le monde vers St-Aignan, et la journée risquait d'être morne, à Sancerre.
En soupirant, elle reprit le chemin de la mairie.

Non seulement ses prévisions concernant le mariage s'était-elles avérées, mais encore les portiers des tavernes se montrèrent-ils, ce soir-là, particulièrement revêches ! Il jetèrent successivement à la porte Aryan, Maleus, Hugo, et même la bourgmestre ! Mentaïg se retrouva elle aussi à la porte, et en fut réduite à communiquer par SDF (Signaux De Fumée) avec Miseri qui, ayant la chance d'être tavernière, réussit à rester fidèle au poste.
Mentaïg se promena un peu de par les rues, vides et noires à cette heure. De ci de là, quelques rumeurs de conversations tranquilles parvenaient jusqu'à la promeneuse. Il faisait froid, les pavés glissaient. Après une cordiale altercation, au sujet de la soule, avec un certain Ydello rencontré par hasard sur la Halle, elle finit par se résoudre à réintégrer sa demeure et son lit.

Ysabeau passa devant chez Mentaig, comme elle le faisait chaque matin. Comme elle n'avait pu lui parler hier, elle lui laissa un petit mot avec un gâteau à la cannelle

Citation :

chère Mentaig, je suis navrée de vous avoir manqué hier soir. J'étais fort occupée par le mariage de Swip et de Gallup, et de plus j'ai eu à faire face à une négociation ducale importante et urgente... je n'ai pu hélas m'y soustraire, si bien que je n'ai pu participer au mariage aussi activement que je l'aurais voulu, à mon grand dam. Les obligations municipales sont bien pesantes lorsqu'elles nous privent de la compagnie de nos amis...
Je vous souhaite une très bonne journée, et pour me faire pardonner je vous laisse ce gâteau à la cannelle tout frais sorti de mon four.
A très bientôt

puis elle s'en fut vers l'hermitage

Ce fut en rentrant de sa visite quotidienne à la mairie et au marché que Mentaïg trouva le mot et le cadeau d'Ysabeau. Une si gentille attention lui fit chaud au coeur. Elle prit le temps ranger ses achats et le gâteau, qui fleurait bon la cannelle, puis se rendit en hâte chez Ysabeau.

Abattre la vache de Messire Demoultebierre n'avait pas été une partie de plaisir. Mentaïg préférait de loin la traite, par exemple, ou la tonte des moutons. Mais il fallait bien vivre...
Le début de soirée, en taverne, fut morne. Elle se retrouva un moment en tête à tête avec Messire Homme des Bois, ce qui n'avait rien de désagréable en soi. Mais il partit sans qu'elle s'en aperçoive, alors qu'elle rêvait devant les flammes dûment alimentées par Aryan et Lems. Les conversations fusaient, sans qu'elle parvînt à s'y intéresser vraiment. Elle avait la tête un peu vague, se sentait le coeur et le corps lourds.
Elle rentra chez elle en traînant les pieds, et dîna d'une généreuse part de gâteau à la cannelle. Ysabeau s'y entendait, en pâtisserie !
Mentaïg sourit en pliant ses vêtements, alors qu'elle se préparait à se mettre au lit. Elle avait enfin pu économiser de quoi s'acheter une chemise neuve. Ysabeau la mettrait sur son métier dès le lendemain, et la livrerait dans deux jours. Rien que l'idée d'une chemise neuve, sans pièces ni reprises, aux aiguillettes bien attachées, fit sourire la jeune femme. Elle se coucha sous l'édredon bien gonflé et souffla sa chandelle, rassérénée.

Mentaïg était à peine levée qu'un pigeon lui portait la réponse d'Ysabeau, au sujet de sa chemise. La dame serait bel et bien en mesure de la livrer dès le lendemain.
"Beau cadeau d'anniversaire que je me fais à moi-même", se dit-elle.
Elle réfléchit quelques instants, puis se décida soudain.
"Je crois bien que je vais en profiter pour inviter tous mes voisins. Je fêterai en même temps mon anniversaire et ma pendaison de crémaillère !"
La décision prise, il n'y avait plus qu'à déposer des invitations sur tous les seuils voisins, ce à quoi elle s'employa sans plus barguigner.

Ysabeau glissa sous le seuil de Mentaig un petit mot

Citation :

Ma chère Mentaig, croyez que je suis ravie de vostre charmante invitation. Hélas, vostre anniversaire tombe un jeudi... et le jeudi soir je ne suis jamais à Sancerre (cours de théâtre hrp)... Je vous souhaiterai bien entendu vostre prise d'âge lors de nostre rencontre pour la livraison de vostre chemise, mais ne pourrai hélas être là à vostre pendaison de crémaillère.
Croyez que j'en suis navrée

Meian après avoir aperçut le mot devant chez lui alla à la rencontre de Mentaig en sa demeure. Il ne vit ersonne pas la fenêtre et lui laissa alors un petit mot.

Citation :

Mon amie, je serai bien entendu là et arriverai vers 18h.

Reine s'approcha de chez son amie Mentaig, elle ne vit aucune lumière, elle décida donc de lui laisser ce mot :

Citation :

Chère Mentaig,
C'est avecplaisir que je passerai demain pour ton anniversaire, ton invitation me va droit au coeur,
Amicalement
Reine

Puis elle repris la route

Mathilde laissa un petit mot sur le bas de la porte de son amie mentaig

Citation :

Merci pour ton invitation, je me ferais une joie de venir demain!

Jade arriva chez Mentaig toute essouflée... elle ne vit pas de lumière et n'osa pas frapper à la porte, alors elle déposa la caisse de vin ainsi que le jambon, accompagné d'un petit mot :

Citation :

Chère Mentaig, je te remercie pour ton invitation et je suis vraiment désolée mais je ne pourrai pas être parmi vous et je le regrette vraiment... toutefois, si je ne rentre pas trop tard, j'essaierai de passer...

Puis Jade repartit sous la pâle lueur de la lune...

En rentrant de l'église où, faute de mieux, elle avait travaillé ce jour-là, Mentaïg trouva à sa porte quelques messages, une caisse de vin et un jambon. Elle avait déjà fait quelques rencontres en taverne, et avait une petite idée des personnes qui seraient présentes le lendemain. C'était très gentil de la part de Jade de lui avoir laissé ce cadeau ! Mentaïg espérait qu'elle pourrait passer, même tard.
Elle consacra une partie de sa soirée à quelques préparatifs pour le lendemain. Le ménage fut fait à fond, le moindre recoin dépoussiéré et balayé. Elle suspendit dans la cheminée le jambon de Jade, pétrit quelques rouleaux de pâte, éplucha des quantités de légumes, qu'elle enroula ensuite dans des toiles avant de les descendre au puits, dans une seille arrêtée au ras de l'eau ; elle vérifia la quantité de bouteilles de chuféré qu'il lui restait, pensa à demander à Lems de lui prêter quelques verres ou chopes, sa propre vaisselle étant réduite au strict minimum. Elle s'assura enfin que sa crémaillère était en parfait état, que le chaudron qu'elle y accrocherait le lendemain soir présentait des flancs uniformément noirs.
Tout ce travail accompli, elle sortit sur le seuil et tenta de percevoir quelques étoiles, à travers les nuages qui couraient en rangs serrés. A la position des constellations, elle s'aperçut qu'il n'était guère plus de 10 heures, et décida donc d'aller faire un tour en taverne.

Passant devant la maison de Mentaig (tout était silencieux, Mentaig devait se reposer, ou était déjà partie au travail), Ysabeau laissa un petit mot et un gros bouquet de fleurs.

Citation :

Ma chère Mentaig,

Tout d'abord ... bon anniversaire !!! Que ces quelques fleurs vous disent toute mon amitié.
Vostre chemise est prête. Dès que vous estes disponible, faites-moi signe et je vous la livrerai avec plaisir. Vous serez superbe pour vostre soirée d'anniversaire et de crémaillère !

La découverte du billet et du présent d'Ysabeau mit Mentaïg de fort belle humeur, ce matin-là. Elle s'empressa de disposer les fleurs dans un vase improvisé, puis se précipita au marché pour récupérer sa chemise.
Hélas ! Un hurluberlu prêchait à l'entrée. Une foule assez dense s'était agglomérée autour de lui, et Mentaïg ne parvint pas à se frayer un chemin jusqu'à l'étal des tisserands. Elle tenta bien de jouer des coudes, mais la presse était trop forte. Pourtant, le dénommé Surgeon n'éructait rien que des banalités, qui plus est d'une voix assez désagréable. La jeune femme résolut d'aller attendre au Havre des Amis.
Elle y passa un fort agréable moment, à deviser avec ses amis, et à échanger des recettes. Lems promit de lui prêter des chopes, qu'elle passerait prendre dans l'après-midi. Mentaïg profita aussi de ce moment de détente pour laisser ses instructions à Reine, qui devait ce jour-là assurer la récolte de son potager.
Elle courut enfin chez Dame Ethelred, pour s'assurer une petite rentrée d'argent qui viendrait compenser un peu ses folles dépenses du jour, et passa la fin de la matinée à arracher poireaux, raves et carottes d'hiver.

Il était temps de se mettre au travail pour préparer la fête du soir. Mentaïg commença par poser sur des tréteaux une longue planche, qu’elle recouvrit d’un drap blanc en guise de nappe. Au milieu, en bonne place, figurait le bouquet déposé le matin par Ysabeau. Tout autour de la table, elle disposa tous les escabeaux et tabourets qu’elle put réunir. Sur la table, à intervalles réguliers, elle mit des écuelles, des gobelets, des tranchoirs taillés dans le pain qu’elle avait acheté le matin même. Les quelques cuillers de bois et couteaux qu’elle possédait complétèrent le couvert. Elle avait bien entendu parler, par un voyageur, de petites fourches à deux dents, que l’on utilisait en Italie pour manger de longs filaments de pâte cuits dans l’eau bouillante, mais elle espérait bien que cet usage barbare ne se répandrait pas à Sancerre, et que l’on continuerait bien honnêtement à y user de ses doigts pour déguster les mets. La nappe était bien assez grande pour que tous pussent s’y essuyer les doigts à leur aise !
Mentaïg tira du puits une grande quantité d’eau, qu’elle mit à tiédir dans son aiguière, un peu à l’écart du feu. Ainsi ses amis pourraient se bassiner les mains avant de passer à table.
Elle avait déjà décidé de ce qu’elle servirait. Ce seraient uniquement des plats froids, parce qu’elle savait que les convives arriveraient à des heures différentes, à mesure qu’ils se libéreraient de leurs obligations. Elle disposerait le tout sur le milieu de la table, et chacun se servirait à son gré.
Elle s’attaqua d’abord à la confection des tourtes, tartres et pastés, qui mettraient un certain temps à cuire et refroidir. Les légumes qu’elle avait épluchés et mis au puits la veille étaient dans un parfait état de fraîcheur. Elle hacha, pila, repétrit, éminça, sauta, bouillit, pressa, farcit, dora, enfourna et défourna tout le début de l’après-dînée. Le résultat la satisfit : elle se retrouva à la tête de deux beaux pâtés de légumes divers, d’une tourte aux poireaux, d’une autre aux bettes et aux oignons, et de deux tourtes porées ou il entrait, outre le poireau, de la bourrache et de l’épinard. Elle disposa le tout sur la table, à proximité de quelques salades généreusement arrosées de verjus. Un peu plus loin, elle installa les desserts : tartre de pommes et sambocade, qu’elle appréciait particulièrement, ainsi que des gâteaux à la farine de châtaignes. Elle termina par des fromages, des coings confits et des gaufres.
Sa réserve de chuféré s’épuisait, elle mit les dernières bouteilles dans le coin le plus frais de la salle, près du Sancerre blanc offert par Jade.
Encore une petite heure d’efforts pour tout nettoyer, et la maison était prête à accueillir qui voudrait s’y présenter.

Après sa journée de travail, Mentaïg passa par la taverne. C'est là qu'elle apprit que Lems et Ice avaient eu un malaise. Lems semblait remis, mais Ice était toujours alitée. Une question à Ysabeau et Hdb lui apprit que, s'il existait à Sancerre un dispensaire, aucun mire, aucune matrone, aucun barbier n'y travaillait. Cette constation, à laquelle s'ajouta une question d'Aryan, mit en branle une véritable tempête sous son crâne. D'office, elle repoussa les questions qui affleuraient, comme des écueils. Ce n'était pas le moment !
Elle passa rapidement déposer un remède chez Ice, mais s'interdit d'aller voir la malade. On verrait plus tard.
Pressée par le temps, elle rentra faire un brin de toilette et ranger les chopes que Hdb avait eu la gentillesse de lui rapporter du Havre des Amis.
Quand complies sonnèrent au clocher de St-Jean, elle était fin prête.

Entendant frapper à la porte, Mentaïg se leva aussitôt du tabouret où elle prenait quelque repos. C'était Homme des Bois, à qui elle ouvrit avec grand plaisir.
"Entrez, Messire, entrez, et mettez-vous à l'aise. Vous êtes le premier, les autres ne sauraient tarder. Voulez-vous un chuféré en les attendant ? Ou préférez-vous un sancerre blanc ?"

Aryan arriva à la porte, des choppes et des bouteilles de poire l'accompagnaient. Elle frappa à la porte et attendit

HDB entra, découvrant ainsi la maison de Mentaig où il entrait pour la première fois. Il lui tendit un bouquets de petites fleurs

Je suis navré de n'avoir que celà vous offrir, elles poussent dans ma grange au milieu du foin. Un sancerre blance, madame, ce sera parfait

Mentaïg n'avait pas eu le temps de répondre qu'on frappait de nouveau. Elle s'empressa d'ouvrir.
"Rentre vite, Aryan ! Il fait meilleur à l'intérieur !"
Puis elle revint à Hdb.
"Vos fleurs sont superbes, Hdb !"
Elle les arrangea en bouquet dans une des chopes de Lems, puis s'empressa de servir deux verres de Sancerre. En en tendant un à Hdb, elle demanda :
"Et toi Aryan ? Blanc ou chuféré ?"

Aryan rentra et salua HDB. Il faisait bien bon, c'est sur

" Du chuféré, ça me réchauffera bien merci"

Aryan comme à son habitude, se trouva un coin dans la maison et s'y installa.