17 Place de la Halle, Ysabeau, élégances sancerroises

Un nouveau jour...
Ysabeau partit, au petit matin, vers le Beffroi, le bureau de la douane, au premier étage de la Mairie. Le vent soufflait fort, le temps était maussade, comme ces derniers temps. L'aube poignait à peine.
Elle monta l'escalier, s'assit à sa table, ouvrit le registre. Peu d'arrivées, trois lettres à écrire, dont une à un marchand ambulant tourangeau.
Mais... quand elle consulta le livre des départs, son coeur se serra. Elle le savait, elle leur avait dit au revoir la veille, au Havre... Mais... ils avaient pris la route. Otto, Bragon, Maybee, Aryan, Ice, Tryphon, Hugo, Mentaïg, Terwagne... ils étaient partis.
Quelques jours à tenir, quelques jours... Miséri était revenue, Aristote en soit loué, peut-être viendrait-elle en taverne.
Quelques jours, sans leurs rires, sans leurs conversations, sans la chaleur de leur amitié.
Et toujours, aucune nouvelle de l'absent, aucune nouvelle de Leopol. Elle commençait à se dire que peut-être, il ne reviendrait jamais.
Alors qu'elle écrivait aux arrivants, un pigeon toqua discrètement à la fenêtre. Elle l'ouvrit, le fit entrer, le nourrit et l'abreuva, et détacha le message qu'il portait à la patte.
Terwagne donnait des nouvelles...

Citation :

Bonjour Dame Ysabeau,


Cette courte missive juste pour vous dire que je pense bien à vous, et que nous sommes bien arrivés à Bourges.

Nous n'avons rencontré aucun soucis sur les routes, et je suis pour ma part en pleine forme.

J'espère que l'arrive de votre amie hier arrangera votre solitude, même si je sais que l'amitié parfois ne console pas du reste.

Je vous embrasse.

Terwagne

Une petite colombe vint se poser sur le rebord de le fenetre d'Ysa, à sa patte une missive.

Citation :

Couocu Soeurette!
Nous sommes tous trois bien arrivés à Cosne, pas de brigands... Ary et moi avons du les effrayer.
Plein de gros bisous!!!

MAy

de retour chez elle, Ysabeau trouva la petite colombe, un peu frigorifiée, à sa fenêtre. Elle la fit entrer, détacha le message qu'elle portait à sa patte, lui donna quelques miettes de pain, un peu d'eau. Elle sourit en reconnaissant l'écriture. Sa soeurette chérie donnait des nouvelles, et celles-ci étaient bonnes.
Tout à coup, elle pensa... Mais... et Neige ? et ses chatons ?
Vite, vite, elle prit un morceau de parchemin, une plume, sortit l'encrier, et se mit en devoir d'écrire.

Citation :

Merci de ton petit mot ma sista chérie, je suis bien contente que vous n'ayez pas fait de rencontre fâcheuse. Oui vous avez dû leur faire peur, et faucheuse aussi, peut-être, non ?

Mais je viens de penser que... as-tu laissé tes clés quelque part ? parce que... Neige et ses petits... je voudrais pas qu'ils dépérissent, tous seuls dans ta maison. Est-ce que je dois passer les voir ? Bref, je suis un peu inquiète.
Ice m'a nommée tavernière par intérim... Mais je crains un peu un Havre déserté ce soir. Enfin, qui vivra... et carpe diem, n'est-ce pas ?

Je te fais d'énormes bisous, et si tu veux embrasse de ma part Ary et ce vieux sacripant de Bragon. J'espère qu'il à moins de doutes...
Surtout dis-moi pour la clé...

Elle rappela Harmonie, roula le message, l'attacha avec un ruban doré, et regarda la tourterelle s'envoler vers la Bourgogne.

Maybee venait de recevoir la missive de sa soeur, ausstot elle fouilla ses poches, rien, sa besace, rien! elle vida le sac fouilla et finit par retrouver le précieux graal. Elle dépecha aussitot Harmonie chez sa soeur.

Citation :

Merci YSa...
comme une idiote j'ai oublié de laisser ma clef au Havre, j'étais tellement pressée de partir que j'ai failli y laisser ma tete!
La voici, attachée à la patte d'Harmonie.
Merci encore de t'occuper de Neige et des petits.

Plein de gros bisous et de gros calinous!

May

Un pigeon en provenance de St-Aignan baguenauda un moment Place de la Halle avant de se rappeler ses devoirs et filer au numéro 17 attendre qu'on le délivre de son message.

Citation :

Ma chère Ysa,

Nous sommes arrivés ce matin à St-Aignan, dont j'espère qu'elle sera plus animée que Bourges... et mieux fréquentée !
Figure-toi qu'hier, à deux exceptions près, je n'ai croisé en taverne que des Auvergnats, et fort arrogants. C'était assez désagréable. La pauvre Terwagne a fait ce qu'elle a pu pour détendre l'atmosphère, mais elle avait à faire à une ambiance des plus délétères.
J'ai croisé Ice, hier soir, mais en coup de vent. La fatigue, sans doute : j'avais l'impression de ne plus pouvoir poser un pied devant l'autre, et n'ai pu parcourir ni la gargote, ni la halle. Une bonne nuit de repos à l'auberge m'a remise d'aplomb.
Prends bien soin de toi, si Sancerre manque aux autres autant qu'à moi-même, nous serons tous très vite de retour.
Je t'embrasse,
Mentaïg

Ysabeau se levait, lorsqu'elle entendit un léger bruit à la fenêtre. Elle l'ouvrit, fit entrer un pigeon qui voleta dans la pièce, cherchant sans doute quelques miettes à picorer, puis se posa sur la table. Elle le nourrit, l'abreuva, et détacha délicatement le message qu'il portait à sa patte... Des nouvelles ! de Mentaïg !
Elle sourit, lut le message. Ah, ces auvergnats...
Elle se promit de répondre très vite à son amie, prit un léger repas, et s'en fut à la douane.

Ouvrant le registre des arrivées.... Dieu du ciel ! tous les auvergnats étaient à Sancerre... Elle reconnut quelques noms, c'était la garde de la Princesse. Certainement ils étaient partis de Bourges, pour la rejoindre... Elle vérifia sur le registre de la mairie de Bourges, en effet.
Elle lut les nouvelles consignes de Floryne, mit en application ce que le Prévost demandait. Du travail en plus, mais si c'était pour la sécurité du Berry...
Elle fit cependant une copie de la lettre qu'elle adressait aux arrivants. Ysabeau tenait à la qualité de son accueil, même si les renseignements administratifs étaient demandés, autant le faire avec le moins de sécheresse possible...
Elle termina son rapport, et écrivit à son amie.

Citation :

Ma chère Mentaïg,
Grand merci de ta lettre et des nouvelles que tu me donnes. J'imagine tout à fait ta soirée à Bourges, avec ces auvergnats... qui ont débarqué en force ce matin à Sancerre. J'ai reconnu certains membres de l'escorte de la princesse, dont le fameux Arthur... qui a d'ailleurs répondu assez aimablement à ma lettre.
Hier le Havre était fort vide, sauf un peu en fin de soirée. J'y assure la permanence, mais vous me manquez fort, tous qui êtes sur les routes... Enfin, j'ai pu converser un peu avec Asta, Gallup (mais le pauvre avait des problèmes digestifs qui l'ont obligé à partir précipitamment), Ronan (ça m'a fait plaisir), Shaïgan et quelques voyageurs.
Gallup m'a informée que Amelia était partie à Noirlac et qu'elle y resterait sans doute jusqu'à son accouchement... J'espère que tout se passera au mieux.
Je n'ai toujours aucune nouvelle de Leopol... J'en viens à me demander s'il reviendra un jour...
Je m'occupe de Neige et de ses chatons, May m'a renvoyé la clé de chez elle, qu'elle avait laissé dans sa besace... Quelle étourdie ma soeur !
Voilà les nouvelles, bonne journée mon amie, bonne poursuite de ton voyage, passe le bonjour aux sancerrois que tu verras, et aussi à tous mes amis de SA, la belle Jo, Valatar, Maryan et les autres...
Je t'embrasse
Ysabeau

Elle rappela le pigeon qui s'était restauré et reposé, roula le message, l'attacha à sa patte, et le regarda s'envoler vers Saint Aignan.

Luttant contre le vent violent qui sans cesse souhaitait le repousser vers l'est Flip-flap arriva tant bien que mal jusqu'à la demeure d'Ysabeau.
Celà faisait si longtemps qu'il n'y était venu qu'il hésita par deux fois avant de se poser.

Citation :

Chère Ysabeau,


Nous voilà bien arriver à Cosnes, où ma foi, la population semble avoir changé. Moins de boulets en vue, si bien que votre soeur et moi avons passé une bonne soirée en taverne. Maybee s'est essayée à la pêche. Sans grand grand succès, des touches, mais pas franches... La pêche semble un métier bien dur pour qui ne s'y connais pas trop.

Enfin, voilà quelques nouvelles. Veillez sur notre belle ville de Sancerre, et saluez nos amis!

Des bisous!

Bragon

Citation :

Chère Dame ysabeau,


Nous voici bien arrivés à Saint-Aignan, où l'accueil y est plus que chaleureux.

D'ailleurs, cette ville doit me porter chance, puisque dès mon premier pas là-bas j'ai trouvé 15 écus.

J'ai rencontré Maryan et Johanara, que j'ai bien entendu embrassées pour vous, elles étaient très touchées.

J'ai aussi rencontré un certain GeorgePoilu (ou un nom du genre) qui m'a proposé un emploi à long terme, mais je n'en sais pas plus pour l'instant, il doit m'envoyer un courrier.

A part cela, Hugo vous embrasse, me souffle-t-il à l'oreille... Il a prit l'habitude de me souffler à l'oreille d'ailleurs... Sans doute à cause de son nez cassé a-t-il quelques difficultés à parler fort.

Je m'arrête ici, parce que je suis à la taverne et qu'il essaie de regarder par dessus mon épaule ce que je vous raconte.

Bien à vous,

Terwagne

Ysabeau boucla ses rapports à l'ambassade, puis se rendit au Havre. Elle tenait à y être présente le plus souvent possible, Ice comptait sur elle.
Elle y retrouva Asta, et ils discutèrent un long moment. Son ami était tourmenté, elle voyait bien qu'il pensait toujours à Terwagne... Elle-même lui confia ses inquiétudes quand à Leopol, parler lui fit du bien.
Quelques auvergnats arrivèrent ensuite, pas trop désagréables ma foi. Elle eut le plaisir de rencontrer Paillard, avec qui elle avait eu une fort agréable correspondance dans le passé.
Après quelques chopines, quelques verres de poire, elle retourna chez elle, n'oubliant point au passage de passer chez sa soeur nourrir Neige et caresser les chatons.
A la fenêtre, deux pigeons l'attendaient.
L'un était... Flip Flap ! depuis si longtemps... si longtemps... elle sourit, Bragon avait pensé à elle, apparemment il ne doutait plus...
L'autre lui était également familier, c'était Terwagne qui donnait des nouvelles.
Elle détacha les messages, nourrit les volatiles.
Elle lut les lettres, heureuse d'avoir des nouvelles, heureuse de savoir que les voyageurs pensaient à ceux qui étaient restés.

Elle répondit à Terwagne, roula le message et l'attacha à la patte du pigeon qui s'envola vers Saint-Aignan.
Puis elle reprit la plume, un autre parchemin, et répondit à Bragon

Citation :

Très cher Bragon,

Je suis bien heureuse d'avoir de vos nouvelles, et de savoir que les habitants de Cosne sont un peu plus... disons civilisés que lors de votre dernier passage. Les soirées en taverne sont bien plus agréables entre gens de bonne compagnie...
Pauvre May, c'est vrai que la pêche est un art difficile. J'espère que les prochains jours seront plus fructueux !
Embrassez-la pour moi, et dites-lui que je passe chaque jour m'occuper de Neige et des chatons. Tout va bien.
Hier peu de monde au Havre (que vous nous manquez...), mais aujourd'hui c'est un peu plus animé, nous avons une arrivée massive d'auvergnats... L'escorte de la princesse. Ils ne sont pas tous désagréables, et j'ai eu le plaisir de retrouver Paillard, avec qui j'avais eu une correspondance lors de mon voyage...
Sancerre ne va pas mal, mais sans vous tous c'est un peu trop calme.
Je n'ai toujours point de nouvelles de Leopol.
Voilà, quelques nouvelles
Je vous embrasse, ainsi que May et Aryan, si vous la voyez
Prenez soin de vous
Ysabeau

Elle roula le parchemin, appela Flip Flap qui avait fini de picorer les miettes de pain qu'elle lui avait servies, lui attacha le message à la patte, et le brave pigeon s'envola, malgré les bourrasques, dans la direction du lac de Cosne.

Une petite colombe parée d'un ruban violet, vint se poser sur le rebord de la fenetre, à sa patte une missive sur la quelle était collée une betoine et un chevrefeuille sechés.

Citation :

Ma chère soeurette,
Bon année de toi qui commence! que cette nouvelle année de toi t'apporte bonheur, amour et plein de merveilleuses choses à commencer par un chaton!
Nous sommes toujours en stage d'observation sur la fonctionnement de la police bourguignonne, je peche un jour sur deux parce que bon, ça glace les guiboles!
J'ai vraiment hâte de te retrouver pour te faire plein de gros bisous et arroser cet anniversaire comme il se doit!

Gosses léchouilles, calinous et bisous

May, à qui tu manques quand même un tout chtiot peu.

Joint à une petite bouteille d'eau de toilette fleurie empaquetée dans un tissu gris et posée sur le rebord d'une fenêtre:

Bonn'Anniversaire dame Ysabeau!

Le message semblait avoir quelques jours déjà tant il paraissait froissé. Les caractères tracés à grand peine sur un parchemin ne semblait pas être signé.

Un nouveau jour... Un nouveau jour sans nouvelles, un nouveau jour sans Leo, un nouveau jour de doute, d'angoisse. Elle en était presque sûre maintenant, il ne reviendrait point. Il était à jamais enfermé derrière les hautes murailles. Jamais il ne reviendrait chez lui, tout comme le père Lunaire, tout comme Altho, tout comme bien d'autres, il s'éteindrait dans sa retraite.
Plus jamais ses lèvres contre les siennes, plus jamais leurs corps unis, enlacés.
Faire le deuil. A nouveau. A nouveau le vide, le vide de l'absence, coeur fermé, verouillé. A quoi bon ? A quoi bon le réouvrir ? Pour recommencer , Quelques jours de joie, quelques jours de bonheur, et puis... plus rien ?
A quoi bon ?

La vie continuait cependant, le travail... Les commandes, la douane, les ambassades, les cours... La vie, sans lumière, la vie...
Elle se leva, le coeur serré. Silence dans la maison, silence comme la mort.
Elle se lava, machinalement, se vêtit de ses braies, de sa chemise, avala une miche de pain, sans grand appétit, sans envie.
Elle ouvrit sa porte, s'apprêta à sortir. Sur le bord de la fenêtreUn petit mot froissé, un petit paquet...
Elle défit le paquet, un parfum... délicate attention. Elle lut le mot, avec un peu de mal tant les lettres étaient maladroitement tracées...

Citation :

Bonn'Anniversaire dame Ysabeau!

Elle sourit. Qui pouvait lui écrire ? Et tout à coup, elle reconnut le style... Le Leu, il avait pensé à elle. Merci, Le Leu.
Merci, mes amis.
Elle tenterait de survivre... Pour eux tous.

Elle sortit et s'en fut au bureau de la douane, se promettant de passer ensuite chez sa soeur pour nourrir Neige...

Le soleil était deja bien bas lorsqu'Astaroth arriva devant la porte d'Ysa. Dans la matinée, il lui avait envoyé son corbeau blanc pour lui proposer une balade dans la foret de Sancerre. Sortant juste de son travail, il avait fait une rapide toilette pour etre un minimum presentable devant son amie.
Toc toc

Ysa c'est Asta, alors, prète?

Elle était à son échoppe, à la lueur d'une chandelle, terminant de coudre des braies pour son ami Shaïgan, lorsqu'on frappa à la porte.
Elle se leva, ouvrit la porte.

Ah Asta ! Merci de passer. Je n'ai pas oublié... Entre, je termine mon ouvrage et je suis à toi...
Souriante, elle laissa entrer son ami, et remit au passage une bûche dans la cheminée.

Ysabeau termina les braies, les examina... Bien, le tissu avait l'air solide, et les coutures, à petits points, tiendraient.
Elle montra le vêtement à Asta, souriante.
Et voilà ! c'est fini !
Elle plia les braies, écrivit un petit mot à Shaïgan pour l'informer.
Maintenant nous pouvons y aller Asta !

Elle s'enveloppa dans sa cape, ouvrit la porte.

Il attendit peu de temps, Ysa termina assez rapidement son ouvrage. Elle se tourna vers lui et lui montra son travail.

Jolies braies Ysa, très bon travail.

Elle mit sa cape et ouvrit la porte. Astaroth lui fit signe de passer en premier et il la suivit de peu. Elle referma la porte et ensemble sortirent de la ville en direction de la forêt.