N°143,rue de la poire:Chez Bragon et Maybee

Besoin de changement... sûrement… May venait de passer l’après midi à déplacer les meubles, enfin, ce qu’elle pouvait, cela s’était résumé à pousser la lourde table en chêne (qui avait finalement fini sous la fenêtre) et le siège, qui faisait son poids également. Rapide coup d’œil à la pièce, cela ne la satisfaisait pas, elle avait encore l’impression d’inachevé mais il faudrait s’en contenter. La jeune femme décida d’aller changer d’air, se promener dans les bois lui ferait du bien, ses pas la menèrent jusqu’au tertre et elle s’allongea sous le vieux chêne, elle était ailleurs, complètement, et ne vit pas le temps passer, ni les animaux jouer, alors que d’habitude elle passait son temps à s’amuser de ce spectacle et à les dessiner. Seule la fraîcheur du soir la ramena à la réalité, elle rappela Neige qui veillait sur elle du haut d’une branche, et elles rentrèrent toutes deux « chez Nous ».
Elle monta lentement les marches conduisant à la pièce de vie, où elle retrouva Bragon, et se blottit dans ses bras, ne pouvant rien faire d’autre. La soirée passa, puis une partie de la nuit.
May ne parvenait à trouver le sommeil.
-Bragon ?
-Mmmmmmmm ?
-Non… rien… je… je vous aime…finit elle dans un murmure.

Plutôt que de se retourner encore et encore et compter des moutons qu’elle avait plutôt envie de voir dans sa boucherie, elle embrassa le front de son aimé qui dormait paisiblement et endossa une chemise deux fois trop grande pour se rendre à coté. Elle referma la porte de la chambre en silence et mit de l’eau à frémir. La jeune femme avait plutôt envie de vin d’arabie, mais dans ces circonstances, une verveine était plus adaptée… la préparation fut vite versée dans une tasse et elle s’installa dans le siège qu’elle avait agrémenté de coussins, plus confortable quand on y passe la fin de ses nuits depuis quelques jours…
Elle pesa encore mille fois le pour et le contre, le pour l’emportant de plus en plus, et à l’aube, Morphée, finissant sa course, se souvint qu’il avait oublié une sancerroise… Ses yeux se fermèrent sans qu’elle ne s’en rendit compte, sa main desserra de plus en plus la tasse qu’elle tenait, le sommeil vint enfin la délivrer de ses pensées.

Citoyen d'Honneur Nombre de messages : 530 Date d'inscription : 11/08/2006

Aucun son, ni aucun mouvement fusse de la langue rapeuse de Neige ne le réveillait ce matin. Pourtant, il se réveillait, empli d'un doute, empli de rien. Tendant la main vers elle, il ne découvrait que son absence. Elle n'était pas très bien dernièrement. Hier encore, elle avait voulu tout changer dans leur nid, leur "Chez Nous". Pourquoi, dans quel état errait elle? (norf, ça le fait qu'à la première personne!) Elle oscillait entre deux néants, en équilibre précaire sur sa réalité. Bragon devait lui tendre la main, pour que cette angoisse sur son visage, s'efface, et laisse place à ce sourire radieux qui lui ressemblait tant.

Doucement, machinalement, Bragon se levait, entre deux eaux, il se vêtit, décrochant "Faucheuse" de ce clou, placé là un jour, Le Jour. Un sourire se dessinait sur son visage, quand il sortait de la chambre, trouvant Maybee, assise en manquant de s'effondre sur le sol.

D'un geste le plus délicat possible, il retirait d'entre ses doigts gracile la tasse au breuvage froid qui manquait de verser. Avec une infinie lenteur, il glissait ses bras sous elle, l'enlevant de son inconfort, pour l'amener dans leur lit, où il l'allongea à la place encore chaude. Maybee ronchonnait un peu, il fit la sourde oreille.

Avant de sortir, après l'avoir doucement recouverte d'un drap trop rêche pour sa fine peau, il sortit de sous le lit la malle, et la scella. Il était près. Dès son réveil, il lui montrerait l'annonce en mairie. Un champ de vaches, avec 4 belles vaches en pature, en vente, ainsi qu'un lopin où poussait cette étrange plante aux grains d'or.

Comment s'était elle retrouvé là?! elle était pourtant sûre d'avoir quitté le lit cette nuit... Et Bragon?! où était il?!
Elle s'étira longtemps, et finit par se lever pour aller ouvrir les volets, dehors il faisait déjà grand jour. Elle ferma les yeux, inspira profondément en écoutant les bruits de la rue déjà emplie de monde.
Il fallait qu'elle lui parle aujourd'hui, qu'ils avisent ensemble du chemin à prendre, mais avant, un bon déjeuner s'imposait, on reflechit mieux le ventre plein.
Elle sortit de la chambre et se trouva nez à nez avec Bragon qui semblait attendre quelque chose, ou quelqu'un. Ce qui la heurta le plus ce ne fut pas vraiment lui, non, mais la malle qui se trouvait un peu plus loin... elle baissa les yeux dans un soupir et alla s'effondrer sur le banc, contre la table...

alors... vous partez?! de toutes façons, vous avez toujours été libre de le faire...

Elle se saisit d'un morceau de pain qu'elle machouilla négligemment, le regard perdu au dehors.

Citoyen d'Honneur Nombre de messages : 530 Date d'inscription : 11/08/2006

Un franc sourire sur le visage, les yeux pleins de soleil, Bragon regardait son aimée qui s'éveillait peu à peu.

-Oui, je pars, plutot, je suis prêt à vous suivre. Où votre humeur vous mène, je serais avec vous, si vous avez encore envie de moi à vos cotés. Je vois en vos yeux tristesse ou mélancolie. Je vois en vos actes un ennui qui vous prends.
En mon coeur, la même sensation s'installe. Je suis ici à Sancerre, quand je devrais être à vous.
Mes champs sont en vente.¨Partons vers un ailleurs improbable, cherchons le, et quand nous l'aurons trouvé, nous y construirons un nouveau Chez Nous.
Nous n'oublierons jamais Sancerre, nos coeurs s'y sont rencontrés, nous n'oublierons pas l'amitié qui y règnait, mais non plus, nous n'oublierons pas les lourdeurs politiciennes, les charges administratives ou affectives.
Je vous suis Calgonit, où que vous alliez, fusse dans les flammes de l'enfer.

En le voyant sourire, elle se dit que s'il était vraiment prêt à la quitter, alors plus rien ne la retenait... elle avait commencé à l'écouter distraitement, ne sachant que trop bien ce qu'il allait lui dire, mais ses mots ne furent pas ceux attendus, alors son esprit s'éveilla et son sourire réapparut. Quand il eut fini, elle le serra de toutes ses forces et l'embrassa de toute son âme.

Merci, merci mon Aimé! J'ai essayé de vous en parler mais je ne savais comment faire, comment vous alliez réagir, je vous sais attaché à la ville, plus que je ne le suis et si vous aviez voulu rester alors... oui, je serais restée avec vous...
Le retour a été plus difficile que je ne le pensais, je suis très heureuse de revoir les mais, mais... je ne sais pas.. l'atmosphère est toujours aussi pesante... alors, si vous êtes prêt.. je le suis aussi, partons, oui...mais où?!

Elle éclata de rire en se rendant compte que voyager n'était finalement pas un but en lui même, surtout quand il est question de départ définitif...

Citoyen d'Honneur Nombre de messages : 530 Date d'inscription : 11/08/2006

-Mes premiers amis furent Coolgan et son amie, Emmaline. Les premiers croisés en taverne, avant même de ne voir ManuLaScience qui demeure pour moi l'âme de Sancerre, avant même de croisé Gallup.
J'ai eu récemment des nouvelles d'Emma, je pense que nous devrions la voir. Si chez elle la vie nous parait douce, nous pourrions nous y installer. Sinon, rien ne nous y retiendras.

Je pars seller nos bêtes, et je reviens, vous aider à préparer nos bagages...

May eut à peine le temps d'ouvrir la bouche pour acquiescer que Bragon était déjà dehors.

M'aider à faire les bagages?! norf, c'est à peine s'ils étaient défait... Et puis il ne m'a pas dit où vivaient ses amis... bon, bin.. ce sera la surprise hein! norf, v'là que je pense à voix haute maintenant...

Elle retourna dans la chambre pour vider l'armoire et remplir une malle complète. Cette fois, il ne s'agissait plus de paquetage de fortune, non, mais bel et bien de contenant suffisant grand et solide pour contenir leurs biens...

Sujet: Re: N°143,rue de la poire:Chez Bragon et Maybee Ven 19 Sep 2008 - 16:32

[Quelques semaine plus tard]

Nevers n'avait pas été la ville si accueillante qu'ils avaient espéré, les lois bourguignonne en plus du manque de chaleur des habitants les avaient poussé à continuer leur chemin. Ils avaient décidé de poser un premier temps leurs bagages à Moulins, ville voisine. May s'y sentit tout de suite à l'aise, Bragon voulait attendre un peu... La jeune femme lui laissa pleinement l'occasion du juger de la ville auvergnate car elle devait faire retraite quelques jours. Alors que son Aimée était au couvent, le forgeron s'integra rapidement dans le village, jusqu'à en devenir conseiller municipal. Une bonne surprise pour May à son retour, elle pouvait s'installer... cependant une mauvaise l'attendait également, la loi martiale venait d'être prononcée et Bragon était menacé de procès, le Duc lui refusant un laisser passer... d'âpres négociations furent necessaires, Bragon fut finalement autorisé de séjour en terre auvergnate.

Une semaine s'écoula, il était temps de rentrer à Sancerre récupérer les biens de Bragon, de démenager, et surtout de revoir leurs amis... surtout que Bragon venait de recevoir une lettre de sa soeur, qui désirait le revoir.
C'est ainsi que le couple se trouva à pousser une dernière fois la porte de ce qui fut leur premier "chez Nous", par une froide nuit très étoilée.

Pendant que Bragon nourrisait l'âtre pour les rechauffer, May déplaça le matelas devant le foyer et y installa les couvertures, puis elle invita son aimé à venir se reposer... demain, il serait temps d'aller voir Ice.

Sujet: Re: N°143,rue de la poire:Chez Bragon et Maybee Lun 22 Sep 2008 - 14:55

Une page se tournait à Sancerre... Ice était partie rejoindre Lems quelques jours auparavant, laissant dans leurs cœurs un souvenir encore bien vivant.
Un monsieur Angelo avait acheté le dernier champ de maïs de Bragon, permettant à celui ci de récupérer tous ses biens. Il était désormais temps de finir ce qui avait été entrepris.

Dernier tour en taverne, derniers "au revoir" et puis une dernière promenade dans les rues de la ville, jusqu'à "chez Nous", le nez au vent, les mains enlacées, May jouant avec les clefs de la demeure dans les rues de cette ville tant aimée.

La silhouette de leur maison se dessinait, les ornières se faisaient intimes, complices, rendant à chaque pas la caresse d'un pas hésitant. Une fois arrivés devant la porte, ils se regardèrent, poussant un soupir.

- Bon... voilà... on y est... ça me fait bizarre de fermer cette porte.
- Oui, mais avant de fermer, je voudrais récupérer le clou. c'est bizarre, plus que la malle, c'est le clou qui symbolise pour moi mon arrivée chez Nous.

Le clou... Une simple pièce de fer pour un forgeron, et pourtant, ce clou... May esquissa un sourire et d'un tour de clef, ouvrit la porte.

- Normal c'est votre empreinte. La malle vous l'aviez déjà. Alors si vous le voulez, oui, allons récupérer ce clou.

Elle s'adossa à la porte, invitant Bragon à entrer. Pris d'un élan soudain, l'envie de rire, ou de finir, il ne lui laissa même pas le temps de comprendre ce qui se passait, l'entraînant avec lui dans sa course vers l'étage. En haut des escaliers elle le précéda, ouvrit la porte de la salle puis celle de la chambre, la vue des pièces presque vides lui arracha un autre soupir, de tristesse. Elle se blottit contre Bragon, qui la suivait de très près. Bragon était hésitant, nerveux, basculant entre empressement et langueur. Ils entraient dans la pièce qui était leur chambre, théâtre de tant de nuits communes, et si peu à la fois .Il n'y avait plus là qu'un matelas devant une cheminée, et sur un mur vide, un clou en unique décoration.

- Norf... ça fait drôle tout de même...
- Oui. Petitcoeur? et si nous passions une dernière nuit ici? Nous partirons pour Bourges à l'aube.
- Si vous le voulez, oui.

Bragon accrocha une dernière fois peut être « Faucheuse » au clou, et l'examina un petit moment.

- Vous savez quoi? il est très bien ici ce clou. Et puis nous reviendrons, il faudra que j'accroche « Faucheuse ».
La seule chose que j'emporte de notre union c'est vous.

Maybee esquissa un sourire et embrassa son Aimé de toute son âme.

Dernière nuit chez Nous... à l'aube, ils étaient déjà partis pour Moulins.

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