209, rue de la Porte Vieille, l'hermitage de Bragon

Bragon bondit à bas de la chaise sur laquelle il était juché, afin de cacher en haut de l'armoire une bouteille d'eau que des voleurs envieux lui auraient subtilisé... Il courut alors à la porte, se passant un coup d'eau sur le visage en passant devant la cuve d'eau, celle qu'on ne vole pas ni n'envie...Puis il se plaça devant la porte et dit d'un ton calme:

"Entrez donc Petitcoeur, la porte est ouverte. Ne restez pas dehors dans le froid"

Maybee entra donc le visage stupéfait.

"Que vous arrive t il donc? Auriez vous vu fantome ou taupe géante?"

Ce doit être une tradition étrangère..... Ouvrir des fenêtres en découvrant la date du jour...... Un fou de l'infanterie sans aucun doute....

Bragon serra très fort Maybee contre lui, posant sa tête contre la sienne, et caressant doucement ses cheveux...

N'ayez crainte ma chère, très chère Maybee.. M'est avis qu'on va le voir encore quelques jours.....

Ah!...bon... norf... j'peux rester alors? parce que bon...
Elle se serra encore un peu plus contre lui, non plus parce qu'elle avait froid ou peur, mais juste parce qu'elle en avait envie et qu'elle était très bien là et qu'en plus ça faisait longtemps. Elle releva la tête pour plonger ses yeux dans les siens, et lui adressa un grand sourire.
Je peux?


Vous pouvez tout ce que vous voulez Petitcoeur, surtout en matière de calin... De toute façon, j'allais faire une pause, une longue pause....

Ce disant il enlaça l'amour de jeune femme qui pressait son petit corps
contre lui, et l'amena à l'écart, près d'un feu réconfortant, où nul
habit épais n'est nécessaire, où plus que les oreilles sont chaudes

Citation :

Cher poête,

Une toute petite missive juste pour vous dire que j'ai bien retenu l'ordre que vous m'avez donné hier soir, mais que comme vous l'avez si bien deviné, je suis réfractaire à toute sorte d'ordres, et que je ne vous obéirais donc point.

J'aime faire le contraire de ce que l'on me demande, et puisque vous y avez mis les formes correctes, attendez-vous à me voir désobéissante.

Terwagne, tout sourire en vous écrivant.

Entre deux coups de balai à la forge, Bragon entendit comme un bruit... Un chat, un malandrin? A pas feutrés il s'approcha de la fenêtre et vis une frêle silhouette, transie de froid, qui désespérément grattait à la fenêtre. Serait donc sa lycounette affamée qui gratte ainsi? Chercherait-elle à se repaitre d'ours mal léché? Ou serait-ce la fleur de l'hiver qui souhaiterait se fondre dans les bras chaleureux du forgeron?
D'un bond, il ouvrit la porte, et accueuilli la charmante tremblante, (le charme tremblant, le tremble charmant... enfin, Maybee qui se les gèle quoi...elle n'est pas de bois!)

Entrez donc Petitcoeur! quelle adorable surprise!!! entrez, entrez! mon âtre est le votre. Et si vous en changer l'A ça ne me gêne même pas!

Une belle petite colombe pénetra rapidement dans la forge par la porte laissée entrouverte et se posa sur l'épaule du propriétaire.

rRrRRrrR

à sa patte un message

Citation :

Mon aimé,
la bière des moines manque de saveur sans votre présence, tout manque de saveur d'ailleurs... vous me manquez...
mille bAiseRs

Au milieu de la brume matinale apparu un rayon de soleil, le rayon attendu.
Roourrrrrroouurrrourrr... Harmonie, messager de coeur, messager d'amour.
Maybee était encore là, présente en son coeur, et plus vivante par ce courrier, encore plus présente.
ô combien il était heureux le forgeron, ses mains tremblaient doucement quand il accueilli Harmonie. Délicatement il défit le message, et un sourire s'afficha.
Il s'équipa d'une corde, d'une échelle... Il irait se faufiler chez les moines... Il irait se glisser près de son aimée. Il irait la serrer dans ses bras, lui transmettre un peu de joie de vivre, lui redonner la saveur du jour, le gout de l'air que l'on respire.

Bragon était en train d'examiner les comptes, tranquilement, il alignait chiffres et signes. Puis, les 0.07 deniers venaient assaillir les +, répondant de la sorte à l'agression des "depots de 10 miches de pains le 24/11" qui eux même s'enfuyaient coursés qu'ils étaient par les taxes sur les tavernes...
Soudain, un bruit devant sa porte lui fit lever le nez. Les yeux s'ouvrirent.

Norf, heureusement que c'est Perlette qui fait mes comptes.....

Bragon se dirigea vers la porte, regarda... personne? serait ce une visite d'Amélia???? (j'ai pas pu résister à la faire!)

Il ouvrit l'huis en grand et s'effaça devant la dame qui cachait mal sous son nombril un souvenir de son ami Gallup.

Entrez donc Amelia, je vous fais une tisane? Un verre de poire? un coup de gnole? un coup de buche? Prenez place, au moins, avec une dame comme vous chez moi, on ne racontera pas dans notre dos... qu'est ce qui vous amène chez moi? L'envie de visiter la concurence? un projet pour unifier les forges? L'envie d'avoir un bon médecin pour l'accouchement? ( là, j'ai pas encore pris les cours, va falloir être patiente!)

[C'est malin...]

Amélia entra.

Un coup de bûche? (non, non, je ne suis pas venue pour me disputer, on respire!) Non merci ça va aller. Un coup de tisane, oui je veux bien.

Elle rejeta sa capuche en arrière et s'approcha de la cheminée. Elle se mit à parler, en gardant les yeux posés sur les flammes.

Ma visite doit vous suprendre. Nous ne sommes pas connus pour être les meilleurs amis du monde vous et moi. Pourtant...

Elle respira profondément.

Il est parti à Noirlac quelques jours... Je me sens si seule... Et puis j'ai dit une bêtise. Je crois que je lui ai fait de la peine avant qu'il ne parte. Je voulais partir... partir quelques temps.. Je ne sais plus. Vous êtes son ami... Je me suis dit que peut être auprès de vous je trouverais conseil...

Tout en parlant, elle approcha ses mains de la douceur du feu...

Hum, quand sous le nombril poussent les humeurs d'avril, souvent la raison suit la saison... Nous sommes d'humeur hivernale... Allons ma chère, un jour on entendra que les décisions des dames en votre état ne sont pas à prendre avec sérieux. Sans vouloir vous paraitre méchant, je veux vous dire que vous perdez la raison. Un afflux d'émotion se développe avec le petit chose en votre giron. Il est très très difficile à gérer. Je ne vous propose que la continuité.
Laissez vous porter par les bras de celui qui vous a mis dans cet état, laisser le porter la charge de vos humeurs. Soyez juste demandeuse, mais acceptez de ne point recevoir. Lui aussi est pas au mieux de sa forme. Il est frustré de pouvoir s'approcher de la table quand vous mangez à bras tendu. Il est embêté de vous voir à l'humeur si morose. Ce trajet, vous ne le ferez qu'ensemble. L'éloignement ne fera que laissez monter en vous l'envie d'être encore plus proche, au delà de la raison.Néanmoins, il peut aussi vous faire prendre conscience de ce qu'est réellement votre amour pour lui. Pesez le, et acceptez le. Je ne saurais être de meilleur conseil je le crains.

Courage Amélia, et ma porte vous est ouverte, mon foyer y est toujours chaud. J'ai même un lit pour vous, si nécessaire! Celui de Saya, ou celui de Dibi!!! Finalement, ne plus avoir ses filles à la maison, parfois, ça aide!

Comme à son habitude, Amélia n'avait pas tout compris du discours du vieux bougon. Mais elle avait saisi les grandes lignes.

Merci Bragon. Je crois en effet que je ne partirai pas. Je vais l'attendre. Je trouverai bien à m'occuper. Et merci pour votre hospitalité. Croyez bien que je l'apprécie à sa juste valeur.

Amélia dégusta une tasse de tisane, resta encore un moment puis se décida à partir.

Elle passa la porte puis se retourna vers Bragon, le regardant dans les yeux. S'entendraient-ils un jour? Seul Aristote le savait. Mais si Gallup lui avait donné son amitié c'est qu'il y avait forcément une raison.

La jeune femme inclina simplement la tête afin de saluer son hôte, puis remit sa capuche et disparut dans la nuit.

De retour tard chez lui, Bragon, le visage rouge de colère envoya "Faucheuse" se ficher sur un pilier au lieu de la déposer sur son ratelier. Il s'assit et se mit à écrire une longue lettre à Maybee, et un petit mot à Icefly. Puis les mira logntemps, avant de décider s'il les enverrai.

Ces deux femmes étaient à ses yeux les plus importantes de Sancerre. Ysabeau par sa gentillesse en était une aussi. Mais ces deux là le faisait vibrer plus que la masse qui rebondit sur l'enclume. Maybee, Icefly....Icefly, Maybee... ces deux noms tournaient dans sa tête, dans son coeur. L'une était une soeur, l'autre sa dame. L'une voulait partir, ou mourir. L'autre lui semblait soudain très très lointaine.

Il se souvint alors de ses premières décisions en arrivant à Sancerre... Il s'en souvenait encore. Et pourtant, il avait sombré, pour les femmes. Elles l'ensorcelaient d'un regard, le ficelaient d'un sourire, le brisaient d'un baiser, lui qui avaient bravé milles dangers, lui qui ne croyait craindre que le mépris de la mort.

Maybee...Il ne devait pas lui écrire, il devait lui parler, l'aimer.

Ayant laissé un mot chez sa soeur, Ysabeau prit la rue de la Panneterie, puis la rue Saint Ramble, et enfin déboucha dans la rue de la Porte Vieille. Elle avait vu Bragon partir du Havre, le coeur en berne... Ice... Nul ne pouvait redonner un semblant de sourire à Ice, nul ne pouvait la sortir du marasme où elle semblait s'enfermer. Ice avait besoin de silence, de solitude. Bragon souffrait, Ysabeau l'avait bien compris. Sous sa colère, il souffrait. L'impuissance, le sentiment de... Elle connaissait cela, elle l'avait éprouvé à maintes reprises. Sur le chemin, les pensées se bousculaient.
Elle s'arrêta devant la forge. Une faible lueur à la fenêtre. Le vieil homme était là.
Elle frappa.

Bragon ? Bragon ! C'est moi, c'est Ysabeau. Je sais, je ne suis sans doute pas celle que vous attendez. Mais ouvrez-moi, Bragon, s'il vous plaît... Ouvrez moi. Au nom de notre amitié, au nom de ce qui fut entre nous, ouvrez-moi...

Pas un mot, pas un signe. La porte resta close. Ysabeau attendit... La porte ne s'ouvrit pas.
Lasse, elle repartit dans la nuit. Des amis l'attendraient peut-être dans une taverne. Elle trouverait peut-être auprès d'eux, auprès d'elle, la chaleur, la gaité, les rires dont elle avait besoin.
Demain serait un autre jour.
Il avait besoin de solitude... Pourquoi le déranger ?

Tout occupé à affuter une hache pour la mairie, Bragon n'avait pas entendue les pas légers d'une dame qui maintenant masquait ses yeux. Des doigts fins, maintes fois ressenties sur sa peau, et un parfum léger... Elle était une fois de plus en train de le surprendre...

Qui est ce??? Voyons... à la voix, je dirai une dame, connue.... hummm, au rythme de mon coeur, je dirai, une dame très proche. A la sensation ressentie sur tout mon être... Petitcoeur????

Se retournant doucement, il posa la hache et arrêta sa meule. Souriant il l'enlaça doucement, l'embrassant amoureusement.

Que me vaut l'honneur de cette douce surprise?

Fermé pour cause de voyage


Je garde un oeil sur vous, je vous aime.