N°125, rue de l'esprit buveur-Chez Misérificelle et Camaris

Elle se promenait, ses pensées toujours sombre, cette scène passée en boucle durant toute la journée. Son visage renfrogné. Elle ne savait pas pourquoi aujourd'hui elle fit le détour par cette rue, il y avait pourtant plus court! Peut etre ne voulait elle pas rentrer directement chez elle.
Elle passa devant chez Mise à grands pas. MAis quelque chose n'allait pas, elle ne savait pas dire quoi. Elle se retourna et resta plantée là. Elle fit quelques pas et s'arreta de nouveau. Elle s'approcha de la fenêtre. A travers les jolis rideaux, elle aperçut Miseri étendue sur le sol. Ce n'était pas une heure pour faire la ménage! Mais elle n'avait pas l'air de faire le ménage.
La gorge de Saya se noua subitement. Elle rentra en vitesse dans la pièce elle se précipita vers mise, elle était pale.

Miseri! Miseri!

Rien à faire elle ne répondait pas. Elle posa une main sur son front, elle avait de la fièvre!
Elle la prit tant bien que mal dans ses bras et la posa dans son lit. Elle prit un linge , l'humidifia et le posa sur son front. Elle prépara une tisane pour faire baisser la fièvre, elle espèrait qu'après ça tout irait mieux. Elle lui fit boire tant bien que mal.

Elle mit des buches dans le feu et l'alluma. Elle posa une chaise près du lit de Mise et s'y assis. Elle comptait bien la veiller!

Ysabeau passa la tête

Bonjour Saya, j'ai appris que Miseri était malade...

Elle s'approcha du lit, tâta le front de Miseri.

Elle est brûlante de fièvre. Tu as bien fait de la veiller. Je vais prévenir Mentaïg, je pense qu'elle trouvera des plantes pour la soulager.

Prévenue par Ysa de l'état de Miseri, Mentaïg arriva chez la jeune femme. Une forte odeur de thym lui monta aux narines. Elle s'approcha du lit où reposait Miseri, veillée par Saya.
"C'est toi qui a fait bouillir du thym, Saya ? Tu as bien fait. Tu veux bien mettre un peu d'ajonc sec dans le feu, pour qu'on ait vite de la braise, s'il-te-plaît ? Et refaire bouillir de l'eau, aussi."
Tout en parlant, elle s'occupait de Miseri. Malgré la tisane donnée par Saya, elle était toujours brûlante de fièvre. Elle gémissait dès qu'on tentait de la remuer, toutes les articulations douloureuses.
"Eh bien Saya, j'espère que tu es solide, et que tu ne vas pas attraper la maladie de Miseri, dit Mentaïg. Tu devrais aller dormir, maintenant. Je prends le relais. Si quelqu'un veut voir Miseri ou me donner un coup de main, dis-lui de se protéger le nez et la bouche avec un foulard avant d'entrer."
Epuisée par sa nuit de veille, Saya rentra chez elle. Mentaïg se mit en devoir de préparer, avec du tilleul, des fleurs de sureau et du saule, une tisane qui ferait baisser la fièvre et apaiserait Miseri. Celle-ci toussait, à quintes sèches qui la mettaient en nage. Mentaïg s'installa près d'elle, elle resterait là le temps qu'il faudrait.

HdB arriva devant la porte, qui semblait close. Il se dégageait une odeur de thym. Pas de doutes Mentaig était par là. Il frappa à la porte.

Mentaig, Miseri, êtes vous là?

La tête de Mentaïg apparut dans l'entrebâillement de la porte.
"N'entrez pas, mon âme. La contagion... Pourriez-vous en revanche m'apporter quelques seaux d'eau devant la porte, et aller chercher Saya ou Aryan ? Je vais avoir besoin d'aide."

Saya s'était dit qu'elle allait passer chez Miseri pour voir si Mentaig n'avait pas besoin d'aide. Elle avait mis son écharpe comme mentaig l'avait recommandé. Son pas résonnait sur les pavés de la rue. Une larme coulait négligemment le long de sa joue. Elle arriva à proximité de la maison de Miserificelle. Elle vit qu' HDB se trouvait devant la porte. Elle s'arrêta et essuya la larme qui coulait le long de sa joue. Elle savait que ses yeux étaient rouges d'avoir pleurer mais ça, elle ne savait rien y faire. Elle avança d'un bon pas vers HDB et le salua. Elle s'avança et vit Mentaig.
Pas besoin d'aller me chercher je suis là.


Elle entra dans la maisonnette.

Elle va mieux?

HdB fut un peu inquiété par ce mot, "contagion". L'arrivée de Saya le rassura, ainsi Mentaig ne resterait pas seule. Il pris donc un seau et prit le chemin du puit. Il frappa à nouveau et confia son seau à Mentaig

Puis je encore vous aider ma douce?

Mentaïg eut un sourire pour HdB :
"Je vous remercie, mon âme. Saya et moi suffiront, maintenant. N'entrez pas."
Elle referma doucement l'huis.
"A nous deux, Saya. Tu vas m'aider à la baigner. Sa fièvre monte toujours, il faut absolument la faire baisser."
Les deux jeunes femmes passèrent l'heure qui suivit à prodiguer leurs soins Miseri. Quand cette dernière fut enfin ramenée dans un lit aux draps frais, la bataille semblait bien engagée.
"Elle devrait s'en sortir, murmura Mentaïg. Laissons-la dormir un peu."

Elle s'affaira à aider Mentaig.
Elle dort profondément!
Tu lui as donné une tisane ou un remède quelconque? Je t'ai apporté quelques feuilles qu'Aryan et moi utilisons.

Elle sortit de son manteau des feuilles, elle les tendit à Mentaig.
Elles sont assez efficaces!

Mentaïg prit les feuilles pour les observer.
"Oui, c'est du plantain ; ça tombe bien, je n'en avais plus. C'est parfait contre la toux. Pour l'instant, je lui donne un mélange de tilleul, fleurs de sureau et écorce de saule, contre la fièvre et les douleurs. Quand elle sera éveillée, nous passerons au plantain."
Elle s'assit sur un banc près de la cheminée, fatiguée, et regarda Saya. Elle vit ses yeux aux paupières rougies, ses traits tirés.
"Tu es sûre que ça va, toi ? Tu ne veux pas te reposer, dormir un peu ?"

Elle regarda Mentaig puis détourna la tête. Elle ne savait que répondre, cela devait se voir qu'elle n'était pas dans son état naturel. Seulement, elle n'était pas d'humeur à se plaindre. Elle avança donc dans un silence lourd vers la fenêtre. Elle observa quelques petits qui jouaient dehors. Elle se rappela quand elle avait leur age, il lui était interdit de jouer dehors avec les autres enfants, elle devait suivre des leçons ennuyantes de latin, et de comptabilité. Elle ne pouvait que rarement s'amuser, pourtant elle était heureuse, pourquoi cela c'était il produit? Pourquoi ma vie a-t'elle basculé? Après quelques instants elle se retourna vers Mentaig.

De mauvais souvenirs...

Mentaïg eut un rapide sourire sans joie.
"Nous avons tous notre lot de mauvais souvenirs, Saya. Je sais ce que c'est, et je sais aussi qu'ils sont plus faciles à porter s'ils sont partagés. Si tu veux en parler, je t'écoute."

Elle se retourna de nouveau vers la fenêtre, laissant couler les larmes le long de ses joues. Elle sentait son coeur battra à tout rompre dans sa poitrine. Les flammes dansaient encore et encore, inlassablement, ne la laissant jamais tranquille.

Merci Mentaig, c'est vraiment trop dur!

Elle ferma les yeux et sanglota légèrement. Elle passa sa main tremblante sur ses yeux.

Ca fait un tout abominable à supporter. Regarde moi pleurant sur mon sort alors que mon amie est malade. Je suis vraiment égoïste!

Mentaïg se leva et prit Saya dans ses bras, la berçant comme une enfant.
"Chut ! Chut ! ça n'a rien à voir avec l'égoïsme. Ne te mets pas ça dans la tête. Miseri est malade, ce n'est ni ta faute, ni la mienne. Et ce n'est pas sa faute si ton passé se fait trop lourd."
Elle la fit asseoir à l'autre bout de la pièce, loin de Miseri qui reposait calmement.
"Laisse ton passé t'abandonner. Laisse tout ça sortir, mets des mots sur les images. Parle si tu veux, et tout cela restera entre nous. Ou bien prends un parchemin et écris. Laisse tout ça partir," répéta-t-elle.

Elle enfuit sa tête dans ses mains, c'était vraiment dur.Elle n'en avait jamais parlé à personne.
J'avais 14 ans. La bougie...

Elle pleura de plus belle.

J'ai peur de me retrouver toute seule.

Elle sécha ses larmes et sourit à mentaig.

Merci mentaig, je suis désolé je dois rentrer, Eloise n'est pas bien! Si tu as besoin d'aide avec Miseri compte sur moi! et encore merci.

Elle s'en alla dans la nuit noir.

Comme elle le faisait plusieurs fois par jour, Mentaïg passa voir Miseri.
C'était la soirée précédente qui avait été la plus pénible pour la malade. La fièvre était montée très haut, malgré tous les soins prodigués, mais Mentaïg le savait d'avance. Attendre. Rafraîchir, faire boire, tenter à l'aide des décoctions de disperser les miasmes, et attendre.
Ce jour-là, Miseri allait mieux. Elle dormait, d'un sommeil à peu près paisible. Ses joues s'étaient creusées, des ombres bleues cernaient ses paupières, la peau transparente de ses tempes laissait voir le battement des veines. Assise au chevet, Mentaïg prit un peu de temps pour se reposer et réfléchir.
Elle avait un peu oublié tout le reste, ces derniers jours. Son inquiétude pour Miseri d'une part, le bonheur qu'elle éprouvait auprès de HdB de l'autre, ne lui laissaient guère de temps pour réfléchir au passé.
Et pourtant...
Elle soupira, le front dans les mains, tout en écoutant machinalement la calme respiration de la malade.
Et pourtant, il faudrait bien qu'un jour elle aussi laisse s'enfuir tout ce flot d'images épouvantables. Elle l'avait dit à Saya, elle savait que c'était la seule solution. Mais comment faire ? Le moment approchait. HdB avait déjà deviné bien des choses, probablement.
Mentaïg se remit debout, lourdement, comme une très vieille femme. Elle borda Miseri, vérifia que pigeon et mésanges étaient prêts à la rejoindre en cas de besoin, que les braises ne risquaient pas de quitter la cheminée... Tâches mécaniques, habituelles et ô combien nécessaires.
Puis elle laissa dans un coin le surcot qu'elle enfilait en entrant chez Miseri, se lava soigneusement les mains et le visage, et retourna à ses occupations.

Mentaïg passait toujours très régulièrement voir Miseri, et cette dernière recouvrait peu à peu la santé. Elle s'alimentait chichement, et dormait beaucoup. Encore quelques jours d'isolement, par précaution, et Mentaïg lui permettrait de sortir prendre l'air. Elle la laissait déjà aller et venir dans la maison, mais sous sa surveillance, la jeune femme étant encore bien faible.
Elles bavardaient parfois toutes les deux, de choses et d'autres, nonchalamment. Mentaïg ressentait souvent le besoin de raconter, mais ne s'y abandonnait pas. Miseri se fatiguait vite, elle se recouchait, et dormait.

"Mon élixir, qui rend les gens plus joyeux, pourrait peut être aider Miseri à se refaire une santé ? "se dit Jelubir. Il comptait les cartons qui lui restait encore dans sa cave. Il y avait de quoi fournir Sancerre toute une année ! "Et puis, ca changera des herbes et des plantes de Mentaîg..."

Il alla de bon matin déposer au pied de la porte, discrètement, afin de ne pas réveiller Miséri. Il savait aussi que cet elixir avait un effet sur la voix de Miseri et qu'elle pouvait alors se mettre à chanter, d'une voix douce et mélodieuse. Il avait encore en tête la chanson des bisnounours... "Aîe, cet air va me rester en tête toute la journée ! "se dit dit en souriant. L'air était vif et le soleil montrait le bout de son nez. IL alla vers la mairie trouver un emploi. Le travail au grand air lui ferait du bien !

Maleus avait l'autorisation d'aller rendre visite à sa compagne
Il frappa à la porte en esperant que quelqu'un lui ouvre

"Y'a quelqu'un?"