156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille

Sur la porte, un parchemin cloué

Citation :

Mes Amis,

Je suis parti pour mon Duché. Je ne vous oublie pas, j'aimerais tant pouvoir rester ici...

Je reviendrai vite, essayez de ne pas m'oublier

Hugoruth le Floodeur

Je me demande bien ce que je fais là, moi...

Mentaïg baillait dans l'air vif du matin. Elle avait eu du mal à se lever à l'heure pour la patrouille. Avec ses maréchaux, elle parcourait les rues, mais son esprit était près de la princesse Armoria, mal en point dans une chambre du Havre, après un accouchement difficile.
Fort heureusement, ses collègues semblaient mieux réveillés qu'elle, et les rues étaient relativement calmes, malgré l'étonnante présence de nombre de Bourbonnais et d'Auvergnats. Beaucoup de maisons vides : Noirlac faisait toujours le plein.
En passant devant le beffroi, la jeune femme leva la tête. Lio devait être là-haut, dans le bureau qu'elle avait occupé près de six mois. Depuis deux jours qu'elle n'était plus maire, elle avait eu le temps de s'habituer à l'idée. Mais la nostalgie était toujours présente.
La patrouille contourna le chevet de l'église, où une messe était en cours, dans les décombres pas encore évacués depuis le dernier incendie, et descendit la rue de la Croix de Bois pour se diriger vers la Place Saint-Père.
Quelque chose attira l'attention de Mentaïg, sans qu'elle comprit tout de suite quoi. Elle s'arrêta si net que le maréchal qui la suivait faillit la renverser dans son élan.

Hé !

Excusez-moi, Odinux. Mais quelqu'un est entré chez Messire Hugo, regardez. Il n'y a plus de toiles d'araignées sur la porte.

Elle s'approcha, et tambourina du poing sur le battant.

Il y a quelqu'un, là-dedans ?

Sortie de l'église, Ysabeau poursuivit son chemin. Rue de l'outre percée, elle passa devant la maison de Tryphon, qui semblait bien calme, puis arriva Place Saint-Père. Mentaïg se trouvait devant le 156.

Bonjour Mentaïg, pas trop fatiguée par cette nuit éprouvante ? J'espère que la princesse va se remettre... Je suis navrée d'avoir été aussi peu utile.
Tiens... il y a quelqu'un chez Hugo, j'ai l'impression. Il est revenu chez lui, enfin ?
A son tour, elle frappa sur la porte

Hugo ! Hugoooo ! tu es là ? tu as besoin d'aide pour le ménage ? N'hésite pas, ouvre... J'ai une bouteille de poire dans ma besace...

[HRP]Désolé pour le délai de réponse, grosse journée hier[/HRP]

Boum Boum Boum

...


Boum Boum Boum

...

Il y a quelqu'un, là-dedans ?


Hum...

Ouvrir un oeil, le refermer. Ouvrir l'autre, et le garder ainsi. Le matin n'était pas le moment préféré de HIM. Surtout ces matins où il était réveillé de trop bonne heure par des bruits intempestifs. Mais qui pouvait bien tambouriner à la porte d'une maison abandonnée depuis trois mois.

Il se leva et hurla...

J'arrive, crénom! Mais ne frappez plus, le bois est vermoulu, pas envie que vous me trouiez ma porte !

Il se dirigea vers son coffre de rangement. Il l'ouvrit et se mit à hésiter... Laquelle de ses chemises blanches, quelle paire de braie verte allait-il prendre? Il l'avait toujours dit, avoir le choix c'est terrible et il regrettait de s'être confectionné vingt fois le même ensemble. Une fois aurait suffit. Il se décida finalement pour une chemise blanche et une paire de braies verte. Hop, on enfile ses chausses, il rêvait de bottes mais le kef il a pas fini de les coder alors on se contente de chausses, et son mantel et on descend.

Une nouvelle voix retentissait désormais de l'autre côté de la porte.


Boum Boum Boum

Hugo ! Hugoooo ! tu es là ? tu as besoin d'aide pour le ménage ? N'hésite pas, ouvre... J'ai une bouteille de poire dans ma besace...

Ne tapez plus bon sang, les planches vont céder !

Il tira sur la chevillette et la bobinette cherra [copyright Perrault]

Ment' ! Ysa !

Il leur fit un franc sourire

Je suis content de vous voir. Comme vous le voyez, je suis de retour sur le long terme ici, et ça fait du bien de dormir dans son bon vieux lit...

Il jeta un regard en biais à Mentaïg

...quand on est pas réveillé à... Quelle heure est-il, au fait ? Est-ce pour sonner les matînes que vous me réveillez ainsi ?

J'arrive, crénom! Mais ne frappez plus, le bois est vermoulu, pas envie que vous me trouiez ma porte !

J'arrive... j'arrive... Il en mettait du temps ! Sans doute encore planté devant son coffre en quête de décision [copyright Luce]. Dans une heure environ il choisirait les braies vertes et la chemise blanche qu'il avait copiées sur HdB. En attendant, Mentaïg échangea quelques mots avec Ysabeau.

Pas trop fatiguée, non. J'ai eu du mal à me lever, mais une fois debout, ça va. La princesse, ... hum...

Elle n'en dit pas plus. Il était encore trop tôt pour se prononcer.
La porte s'ouvrit enfin, et malgré les dires de son propriétaire ne s'effrita pas à la première poussée.

Quelle heure est-il, au fait ? Est-ce pour sonner les matînes que vous me réveillez ainsi ?

Toujours aussi mesuré dans ses propos, le Chambellan.

Matines, ça fait bien neuf heures qu'elles sont sonnées. Et si on vous réveille, Messire Chambellan, c'est que "on" s'est inquiété de voir votre si belle porte moins poussiéreuse que d'habitude, et que "on" a craint qu'un malfrat ne se fût introduit chez vous. Vous n'avez pas vu l'afflux d'Auvergnats, ces derniers temps ? Mais manifestement, "on" dérange ! Bonne journée, Messire Chambellan, "on" vous laisse à vos ... occupations ! Bonne journée, Ysabeau.

Haussant les épaules, elle tourna les talons et fit signe au reste de la patrouille de la suivre.

Ben Hugo... je passais juste pour demander si tu avais besoin d'aide, c'est tout... ça fait si longtemps que tu n'es pas venu ici...
Bon je te laisse, n'hésite pas à me rappeler, je suis à ta disposition... Tu sais où j'habite, et j'y serai souvent...

Elle s'en fut dans les ruelles, laissant Hugo se réveiller...

Elle resta un long moment entre les deux états, celui du sommeil et celui de l'éveil, se laissant bercer encore un peu, les yeux fermés, tel un corps voguant entre deux eaux. Son sommeil avait été lourd, tellement lourd qu'elle ne se souvenait pas d'avoir déjà dormi de la sorte depuis qu'elle vivait à Sancerre.

Elle souleva finalement les paupières, et se fit glisser pour s'assoir dans le lit, promenant son regard dans la pièce où Hugo l'avait installée la nuit dernière juste après l'avoir tirée des flammes, de la mort dans laquelle elle avait voulu se jeter.

Non, elle n'était pas morte, elle sentait le sang couler dans ses veines, elle sentait la douleur sur son ventre, et aussi les rayons du soleil qui filtraient par les volets lui caresser la peau.

Elle se leva, chercha de l'eau, se disant qu'elle devait vraiment être tout sauf belle à voir, se décrassa et enfila ses vêtements qu'elle avait déposé sur le meuble avant de se coucher. Ensuite elle descendit et regarda par la fenêtre. Quelle heure pouvait-il bien être? Tard sans doute! Elle avait l'impression d'avoir dormi plusieurs jours, d'ailleurs.

Sur l'appui de fenêtre, un volatile semblait attendre d'être délivré de la missive accrochée à sa patte.

Terwagne ouvrit la porte et prit le parchemin, se disant qu'elle le laisserait sur la table pour que Hugo le trouve en rentrant. Seulement elle vit assez rapidement que son nom à elle était écrit à l'extérieur, alors elle l'ouvrit.

Citation :

Bonjour chère Terry,

Je voulais simplement prendre de vos nouvelles, je n'ose venir vous déranger chez moi, de peur de vous réveiller... Faites moi signe quand vous serez éveillée ou quand l'envie de me voir vous prendra, et j'accourrai...

Votre Hugo, qui a eu si peur pour vous

Elle chercha dans la pièce de quoi écrire, et finit par trouver. Elle répondit alors très brièvement.

Citation :

Cher Hugo,


Je viens à peine d'ouvrir les yeux, pour être franche, et l'heure est plus que tardive. Je ne me souviens pas d'avoir déjà dormi si tard, mais il faut croire que j'en avais besoin.

Je ne reviendrais pas sur la soirée d'hier, en tous cas pas dans cette missive, je n'y vois pas suffisamment clair en moi encore, si tant est que j'y vois clair un jour.

Bref, je suis réveillée, oui.


Terry.

Elle confia la missive à l'oiseau, et s'assit sur le seuil, ne sachant pas très bien si elle allait attendre Hugo chez lui, ou si elle pouvait abandonner sa maison sans fermer la porte à clé.

Elle n'était pas assise depuis bien longtemps lorsqu'elle vit sa silhouette se découper à quelques mètres d'elle, s'arrêter, puis reprendre sa marche dans sa direction.

Elle baissa la tête, n'osant le regarder en face, se sentant très mal par rapport à la veille, et puis sa nudité à lui à peine dissimulée sous sa cape la mettait un peu mal à l'aise aussi.

Sans dire un mot il s'assit à ses côtés, le silence était pesant, mais rempli de choses qui se passent bien d'être dites à haute voix, qui ont besoin de temps, mais sont tellement là qu'on a presque l'impression de les voir flotter dans l'air.

Enfin, il parla, et elle lui répondit, hésitant à relever le visage, mais ne s'en sentant pas encore la force.

Bonjour, Hugo!

Vous allez prendre froid, vous devriez rentrer.

Remarque totalement idiote, mais elle n'avait rien trouvé de mieux à dire.

Elle aurait voulu lui rendre son sourire, mais elle n'y parvint pas vraiment. Il est des gens qui parviennent à sourire même quand le coeur n'y est pas, qui en usent et en abusent même, mais c'était loin d'être son cas à elle.

Elle accepta son bras, se leva et entra à l'intérieur avec lui, refermant la porte sans tarder. Il ne faisait pas vraiment chaud dans la pièce, mais c'était tout de même mieux que dehors, en ce qui concernait la température en tous cas...

Pour le reste, il lui sembla que l'athmosphère entre eux était encore plus lourde une fois enfermés, en tête-à-tête, et elle aurait voulu trouver quelque chose à quoi occuper ses mains, pour avoir l'air un peu moins idiote, debout devant lui, ne sachant que dire.

Que dire? Merci? Pardon? Ces deux mots tellement pronnoncés par tout le monde sans arrêt qu'ils en avaient fini par perdre leur sens? Je suis désolée? Ce n'était guère mieux... Elle revoyait la scène de la veille, réentendait les mots, et n'aurait su dire excatement ce que tout cela lui inspirait.

Elle promena un instant son regard dans la pièce, puis le ramena vers lui, et pensa alors à son épaule.

Votre épaule... Vous vous êtes refait mal, n'est-ce pas?

Un sourire finit tout de même par naître sur son visage, en le voyant tenter de faire de l'humour alors que l'on devinait parfaitement qu'il soufrait au niveau de sa blessure.

Elle s'attarda un instant sur son visage, mais n'osa pas croiser son regard, craignant sans doute ce qu'elle pourrait y lire. De l'amour sans doute, comme toujours, mais certainement aussi du chagrin, de la douleur, et peut-être même de la peur pour elle, encore et toujours, et elle n'avait pas les moyens de le rassurer sans lui mentir.

Elle remarqua pourtant ses traits tirés par la fatigue, et le lui fit remarquer.

Je crois que oui, j'ai bien dormi. C'est très confortable chez vous. Plus qu'au dispensaire, il semblerait.

Vous avez l'air de ne pas avoir dormi du tout...

Elle finit par croiser son regard, les mots échangés continuant petit à petit à détendre l'atmosphère.

Votre épaule, oui, c'est ma faute tout ça, encore... Et Dame Mentaig ne va vraiment pas être enchantée d'apprendre comment vous vous êtes mis dans cet état... Vraiment, j'ai le don de vous nuire hein?

Je dois sans doute être la pire des rencontres que vous aurez faites.

La tristesse reprit place sur son visage, mêlée à la culpabilité, une fois de plus. Elle détourna son visage, rapidement, et changea de sujet de conversation, se retenant de prononcer un "bref" qui le faisait se moquer gentiment bien souvent.

Oui, ma maison doit être dans un sale état, en effet. Mais je n'ai pas envie de vous causer encore plus d'embarras que ce que j'ai déjà fait.

Et puis vous avez besoin de vous reposer correctement, et je doute que dormir au dispensaire vous le permette.

Je trouverais bien à me loger ailleurs, ne vous inquiétez pas pour moi, Hugo, vous avez bien d'autres soucis.

HIM posa son doigt sur les lèvres de Terwagne...

Terry, vous ne me nuisez pas... Vous savez que vous êtes l'une de mes plus belles recontres, sincèrement. Je n'ai que faire de cette épaule, des reproches que m'adressera Mentaïg...

Il savait que tout ça comptait pour elle... Mais il voulait qu'enfin, elle puisse oublier tout ça pour se sentir à l'aise, heureuse, épanouie.

Mes soucis n'ont que faire de l'endroit où je dors et vous savoir ailleurs m'en causerait, du souci. Vous avez pu dormir, bien dormir même. Alors restez-ici...

Le dispensaire me fournira un lit, si j'en ai besoin. Dans le pire des cas, mon bureau à la Mairie m'accueillera, comme au bon vieux temps. Alors vraiment, restez dans cette maison

Il avait laissé son doigt sur ses lèvres. Leurs regards se croisèrent un instant mais se fuirent tout aussi rapidement... On sentait entre eux une gêne, voire une timidité à toute épreuve, renforcée par les évènements de la nuit passée. Lentement, il retira son doigt et tenta de lui sourire. La peur de froisser l'autre fait parfois oublier les paroles échangées et c'est ce qui arrivait à Hugo qui, malgré sa volonté, ne parvenait pas à la réconforter comme il le voudrait. Sa main le démangeait, mais la tête ne voulait pas la brusquer...

Son doigt se posa sur sa bouche, comme pour la faire taire, avec douceur, et elle en fut surprise, ce qui l'empêcha par ailleurs de réagir. Aussi ne fit-elle pas le moindre geste pour mettre fin à ce contact, aussi léger que celui d'un papillon se posant sur une fleur.

Elle l'écouta, attendit qu'il retire son doigt, puis laissa s'écouler quelques minutes avant de lui répondre. Elle avait décidé de ne pas le contrarier, elle ne voulait plus d'affrontement, aussi minime soit-il. Elle voulait juste le calme.

Soit, si vous y tenez absolument, je resterais ici quelques temps. Quoi que je pourrais tout aussi bien demander à Asta, qui en plus a bien besoin d'aide en ce moment.

En parlant de lui, je ferrais bien d'aller voir si il n'a besoin de rien. Et puis je vais aussi aller ouvrir toutes les fenêtres de ma propre maison, voir les dégâts que j'ai provoqués, ...

Sans doute la gêne, l'envie de mettre fin à ce moment d'intimité qu'ils venaient de frôler, la peur que l'incident de la veille n'arrive dans la discussion, le besoin aussi d'être seule, au moins un moment,... Toujours est-il qu'elle se mit à parler dans tous les sens, très vite, comme quelqu'un qui veut juste donner le change.

Sans oublier que j'ai du travail, qu'il faut que j'aille au marché, puis aussi je dois... Enfin, j'ai plein de choses à faire, vous voyez!? Nous nous reverrons sans doute plus tard.

Elle lui adressa un petit sourire timide puis se dirigea vers la porte, qu'elle ouvrit et franchit, non sans lui adresser une dernière phrase.

Et vous, vous devriez aller vous faire soigner.

Quelques minutes plus tard, elle arrivait devant chez elle, mais aussi devant chez Astaroth.

C'était le deuxième jour depuis son geste désespéré chez elle, le deuxième jour depuis que Hugo l'avait faite s'installer chez lui.

Elle se contentait juste d'y dormir, ne touchant à rien, ne prenant même pas ses repas là-bas, trouvant que déjà elle abusait en le privant de son lit. De plus, elle tentait de rester seule le moins souvent possible, afin de s'empêcher de penser.

C'était étrange, mais depuis qu'elle avait accepté de sortir des flammes, depuis qu'il avait défoncé la porte de sa maison à elle pour l'empêcher de mettre fin à ses jours, elle se demandait encore par moments si c'était une bonne chose... Si vraiment elle lui en était reconnaissante...

Biensûr, elle se garderait bien de lui dire ce genre de chose, mais cela expliquait sans doute pourquoi elle ne parvenait pas à lui dire merci d'être intervenu.

Son humeur était en dents de scie, les moments de désespoir s'entremêlant aux périodes de calme en elle, au gré de sa solitude ou du fait qu'elle soit au milieu des gens, voir même en sa présence à lui seul.

Elle quitta le Havre, où elle était allée discuter un moment avec Ice, et repassa par chez lui pour aller prendre sa besace qu'elle avait oubliée le matin en quittant les lieux.

Elle entra, la ramassa sur le coin du meuble où elle l'avait posée la veille, et s'apprêtait à ressortir lorsqu'elle entendit du bruit à l'étage. Sans trop réfléchir, se disant que c'était sans doute lui et que la moindre des choses était d'aller lui demander si il voulait récupérer son lit, elle monta l'escalier et se dirigea vers la chambre où elle venait de passer deux nuits. La seule pièce de l'étage qu'elle connaissait d'ailleurs. Il n'était pas là. Peut-être avait-elle rêvé au fond, et n'y avait-il eu aucun bruit... Elle tendit l'oreille, et entendit à nouveau du mouvement, vers le fond du couloir. Alors elle se dirigea timidement vers là et l'aperçut dans ce qui semblait être une autre chambre.

Bonjour, Hugo.

Apercevant la marque sur sa joue, elle partit d'un petit rire, et ne put s'empêcher de le taquiner.

Vous avez décidément d'étranges relations avec certaines choses! Après les coups de poêle sur le nez, voici les coups de tampon sur la joue.