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 156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille

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Terwagne
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Terwagne


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MessageSujet: Re: 156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille   156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille - Page 8 EmptyMar 12 Fév 2008 - 17:09

Son rire s'acheva sur un sourire, et elle lui répondit tout d'abord sur le ton de la plaisanterie.

Votre joue passe la nuit avec qui elle veut, vous savez. Ce n'est pas moi qui irait faire courir la rumeur, je me mêle rarement des histoires d'amour qui ne me concernent pas.

Ensuite, elle resta là, immobile, le regardant rassembler quelques affaires, sans promener son regard dans la pièce. Lorsqu'il prononça le mot chambre, elle le fit tout de même, par surprise plus qu'autre chose... Cette pièce était donc bien ce qu'il lui avait semblé au premier abord.

Votre chambre? Mais pourquoi diable délogez-vous alors? C'est totalement absurde, Hugo.

Enfin, non, je ne veux pas dire que vous êtes absurde, mais bon, ce n'est pas très malin! Il n'y a aucune raison pour que vous continuiez à passer vos nuits dans votre bureau!

Sauf si vraiment votre joue et votre tampon ne peuvent se passer l'un de l'autre.
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Hugoruth
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MessageSujet: Re: 156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille   156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille - Page 8 EmptyMar 12 Fév 2008 - 17:31

Oh vous savez, je ne cautionne pas du tout la relation entre ma joue et le tampon... J'espère bien qu'ils pourront à partir de maintenant ne plus avoir de contact physique.

L'ambiance était moins tendue que la veille et HIM s'en réjouissait. Avec le temps, les mauvais souvenirs finiraient bien par ne plus les hanter.

Vous savez, si je n'ai pas voulu rester ici, c'est pour vous laisser toute la maisonnée, que vous vous sentiez chez vous. Je m'en voudrais de vous retirer votre liberté.

Le malaise était palpable en lui. La question, pourtant si anodine, faisait ressortir toute la timidité qu'il éprouvait quand il était seul avec elle.

Et vous avez peut être besoin d'un peu de solitude, ma présence vous gênerait sans doute... Et puis...

Il hésita... Devait-il lui dire qu'il avait fait cela pour respecter son désir de discrétion quand à leurs relations... Il savait que les gens jaseraient et voulait lui éviter ça.


...vous m'aviez demandé de la discrétion dans les premiers temps. C'est aussi, et surtout pour ça, que je vous ai laissé toute la maison.

Il était plus mal à l'aise que jamais, il espérait qu'elle le comprendrait.
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Terwagne
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MessageSujet: Re: 156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille   156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille - Page 8 EmptyMar 12 Fév 2008 - 17:41

Liberté... Solitude... Discrétion... Ce furent les trois mots qu'elle retint de ce qu'il lui répondit.

La liberté, certes elle y tenait, elle y avait toujours tenu, mais elle la trouvait ailleurs. Ne serait-ce que dans ses promenades dans la ville.

La solitude, en ce moment elle lui faisait peur. Chaque moment passé seule permettait à ses tristes pensées de revenir au galop.

La discrétion, elle savait que de toute façon qu'ils dorment sous le même toît ou non, qu'il se passe quelque chose entre eux ou non, ceux qui voudraient jaser le ferraient.

Elle hésita un moment, devait-elle lui dire tout cela ou pas? Elle chercha son regard, et lui sourit.


Vous pourrez-vous moquer si vous voulez, mais je vais vous avouer quelque chose, Hugo... La solitude me fait peur depuis quelques jours, je la fuis plus que je ne la recherche.

Et puis je refuse de continuer à être hébergée chez vous si vous vous entêtez à dormir autre part que dans votre propre maison.

D'ailleurs je libère les lieux de suite, voila! Asta a de la place pour moi, il me l'a encore dit hier.
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MessageSujet: Re: 156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille   156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille - Page 8 EmptyMar 12 Fév 2008 - 17:53

Il hésita sur la réponse à formuler. Oui, l'argument de la voir aller chez Asta l'avait piqué, mais il n'en avait rien montré. Oui, il était jaloux, mais bien trop fier pour le lui dire.

Terry, regardez-moi...

Leurs regards se croisèrent, timidement, puis il reprit

Je veux bien rester, attendu que la solitude vous pèse. Vous laisser seule dans ses conditions. Je veux bien être celui qui la chassera en dormant de nouveau dans cette chambre. Mais si un jour, vous vouliez de nouveau retrouver cette solitude, dites le moi et je vous laisserai la maison...
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MessageSujet: Re: 156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille   156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille - Page 8 EmptyMar 12 Fév 2008 - 17:58

Elle se dit qu'elle avait touché le point sensible, ou plutôt les deux points sensibles... Elle savait que la jalousie était un de ses défauts, défaut qu'elle avait elle aussi soit dit en passant. Ensuite, son besoin de venir en aide, de rendre service, celui-là même qui avait été la cause de leurs premières disputes, bien avant que l'amour s'en mèle, alors que seulement l'amitié tentait de s'infiltrer en eux.

Elle lui sourit plus sincèrement encore, contente de ce qu'il venait de répondre, rassurée de savoir qu'il allait dormir chez lui, et plus dans son bureau qu'elle imaginait lugubre.


Alors je reste, c'est entendu!
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MessageSujet: Re: 156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille   156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille - Page 8 EmptyMar 12 Fév 2008 - 18:07

Il poussa un soupir, intérieur, de soulagement. Elle restait, pour son plus grand plaisir. Il ne l'imaginait pas retourner chez Asta, si proche de la maison où elle avait tenté de mettre fin à ses jours.

Alors c'est entendu... Nous restons tous deux.

Il lui tendit son bras


M'accompagnerez-vous en taverne ? Je vous offre une poire, ou plusieurs si vous le désirez. Cela vous fera le plus grand bien, je pense.
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MessageSujet: Re: 156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille   156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille - Page 8 EmptyMar 12 Fév 2008 - 20:07

Sans hésiter un instant, elle accepta son bras, naturellement. A cet instant précis, les peurs, les souvenirs, les douleurs, tout venait d'être balayé dans un coin de sa tête.

Oh biensûr tout reviendrait au galop, à un moment ou un autre, les plaies étaient loin d'être guéries, le calme loin d'être revenu en elle, son ciel loin d'être clément, mais c'était un moment d'accalmie, une éclaircie, et elle avait juste envie d'en profiter avant que les nuages ne reviennent.

Ils descendirent l'escalier, sortirent de la maison, sans un mot, et leurs deux silhouettes s'éloignèrent, côte à côte, en direction du Havre.

Un mur invisible avait été construit entre eux, au cours des semaines qui avaient suivi le drame dans la cathédrale de Bourges, lors du couronnement de Valatar, mais peu à peu ce mur finirait sans doute par voler en éclats, il fallait juste du temps.

Le temps... Combien de fois avait-elle lu ce mot dans les nombreuses lettres qu'il n'avait jamais cessé de lui écrire? Des dizaines de fois...
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MessageSujet: Re: 156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille   156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille - Page 8 EmptyMer 20 Fév 2008 - 22:29

Cela faisait trois jours que Hugo et elle reportaient une escapade nocturne dans la forêt de Sancerre, et que chaque fois elle était reportée.

La première fois, c'était suite au geste fou de Maleus qui l'avait étranglée, bousillant ainsi la soirée. La veille, Terwagne avait des misisves très urgentes à envoyer, et n'était pas encore tout à fait remise de l'incident du jour avant.

Et ce soir? Et bien ce soir, suite aux soucis de Dame Mentaig dont elle avait entendu parler en taverne, Terwagne décida de reporter encore une fois.

Elle n'irait ni voir Mentaig, pas plus qu'elle ne lui écrirais, se disant qu'elle était sans doute une des dernières personnes que celle-ci avait envie de voir. Mais elle décida d'écrire une lettre à l'attention de Hugo et de lui déposer sur la table avant de s'éclipser pour aller se balader seule.


Citation :
Très cher Hugo,


Je crois que votre première réaction va sans doute être la déception, mais j'ose espérer que vous passerez outre et comprendrez ma motivation à vous écrire cette missive, qui pourtant me chagrine un peu, je dois bien l'admettre.

J'ai appris que Dame Mentaig n'allait pas bien, et qu'elle s'était enfermée chez elle.

Je sais également à quel point elle est importante à vos yeux, donc combien vous devez être inquiet pour elle.

Je pense que l'amitié c'est important, et que votre amie ne quittera pas un coin de votre tête avant que vous n'ayez de ses nouvelles, que vous n'aurez de cesse de vous demander si elle va passer au MéSaNgier, etc...

Cette soirée seuls tous les deux, hors de Sancerre, je m'en faisais une joie, vous savez?

Mais je refuse de la partager avec 70% de vous, je la voudrais bien plus parfaite que cela.

Je ne vous repproche pas par avance de ne pas pouvoir laisser Mentaig où elle est ce soir, l'oublier, j'en serais peut-être moi-même incapable si il s'agissait d'une amie, sachez-le.

Je propose juste que nous reportions notre projet à un autre soir, quoi qu'il puisse m'en coûter.


J'espère que vous le comprendrez.

Je vous embrasse.


Votre Terry
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Hugoruth
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MessageSujet: Re: 156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille   156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille - Page 8 EmptyDim 24 Fév 2008 - 11:33

Le retour du rapt en forêt s'était fort tard dans la nuit. Les lueurs de l'aube pointaient déjà par delà les collines de la Puisaye... Tard, oui, mais qu'importait? Ils avaient partagé un moment fort en émotions, ils avaient été ensemble, rien que tous les deux, sans risquer d'être dérangés et de devoir couper leur complicité quelques minutes... Tout ceci avait rendu l'enlèvement, consenti mais enlèvement quand même, ô combien agréable et mémorable.

Hélas, le lendemain, il avait fallu se lever. Oh, les premières heures ne firent sans trop de difficultés. Restait juste que la fatigue montait en lui, plus vite qu'à la normale. Et le soir venu, alors qu'il avait du assister à une ennuyeuse réunion, une de plus, il avait failli la manquer, quelques minutes avait-elle dit. Peut être aurait-ce été mieux,in fine, tant il fut de mauvaise compagnie. La fatigue faisant son effet, il ne parvint pas à retrouver sa vivacité d'esprit habituelle, ne répondant qu'avec des formules banales, froides, sans intérêt. Elle le sentit, évidemment, et mit fin à leur discussion, prétextant une volonté de se balader à l'air libre.

Et il en avait mal dormi. Alors que la fatigue avait miné la soirée, voilà qu'elle l'empêchait de dormir. Combien de fois voulut-il se lever, aller la réveiller pour s'excuser. Mais il n'en fit rien, pour lui éviter cette fatigue qui, décidément, n'apportait rien de bon. Au petit matin, il trouva le sommeil mais ne rêva pas, pour la première fois depuis plusieurs semaines. Un sommeil lourd, très noir en dedans et triste au possible. Un sommeil à peine reposant.

C'est en milieu de matinée qu'il ouvrit les yeux. Elle ne semblait pas levée et il se retint, une fois encore, de la réveiller. Il descendit dans son bureau et, se saisissant d'une calame et d'un parchemin, laissa couler ses émotions sur la feuille. Lui qui, souvent, avait du mal à laisser sortir oralement ce qu'il ressentait, trouvait bien souvent dans l'écriture la force de tout dire. Et c'est ce qu'il fit... La lettre* achevée, il monta la déposer sous la porte de son hôte. Il se hâta de se vêtit et descendit dans la salle principale, ranimer les braises du feu et attendre patiemment qu'elle se réveille, qu'elle descende et qu'elle lui fasse ce sourire qui lui avait tant manqué, hier.



*(ceci est un lien, comme dirait une personne de ma connaissance que je ne citerai pas)
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MessageSujet: Re: 156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille   156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille - Page 8 EmptyDim 24 Fév 2008 - 17:53

La veille, pour la première fois depuis longtemps, ils ne s'étaient croisés qu'en coup de vent, sur le temps de midi, et le rendez-vous du soir avait été programmé bien plus tard qu'à l'accoutumée. Moment passé ensemble qui forcément serait moins long que ses prédecesseurs, mais peu importait. Elle ne savait que trop bien que ces derniers temps il avait un peu beaucoup délaissé ses occupations pour pouvoir passer le plus de temps possible avec elle, et elle était la première à lui faire remarquer qu'elle ne voulait pas être cause de laisser-aller dans ses fonctions.

Toujours est-il qu'elle avait rempli sa journée, impatiente de voir approcher l'heure où il lui avait dit qu'il arriverait en taverne. Elle avait continuer son nettoyage chez elle, avait passé l'examen pour son baptême, avait écrit la lettre à sa future marraine, avait fait le tour de plusieurs halles, avait réfléchi quant au choix de son parrain, et puis avait rejoint la taverne où elle lisait le carnet de bord d'un capitaine à quai depuis quelques semaines.

Les pages tournaient, et toujours pas d'Hugo à l'horizon... "Soeur Anne ne vois-tu rien venir?"... "Non, juste la fin de ta lecture, plus que deux pages et tu rentreras, fatiguée d'attendre."

C'est à cet instant qu'il était arrivé, s'était assis à ses côtés, et qu'elle avait commencé à lui parler de toutes ces choses qu'elle était pressée de partager avec lui, notamment un poète dont elle venait de découvrir un texte magnifique... Un texte écrit par une feuille.

Pas de geste tendre, pas la moindre lueur d'intérêt dans ses yeux, juste quelques réponses éparses qui ressemblaient à des citations insipides... Déçue, elle l'était, il serait hypocrite de le nier, et elle faisait partie des gens qui n'aiment pas faire semblant.

Aussi avait-elle finit par se lever, prétextant avoir envie de se balader un peu seule, afin de ne pas le culpabiliser d'être fatigué, préoccupé, ou ailleurs d'esprit, elle ne savait pas trop au juste d'ailleurs.

L'aube se levait déjà lorsqu'elle avait fini par rejoindre la chambre qu'elle occupait chez lui, et pourtant elle mit longtemps à trouver le sommeil malgré tout.

Lorsqu'elle s'éveilla, de nombreuses heures s'étaient écoulées. Elle trouva la lettre glissée sous la porte, la lut, et prit de quoi lui répondre. Vu l'heure tardive, il devait avoir rejoint son bureau depuis pas mal de temps.


Citation :
Cher Hugo,

A la lecture de votre missive, je viens de repenser à une de nos toutes premières rencontres, avant le voyage à Saint-Aignan, alors que vous n'étiez encore qu'un inconnu qui venait de me mettre en boule au Havre.

Je vous avais lancé un regard froid, et vous étiez parti tout de go, pour aller vous assoir seul dans une autre taverne. Dame Mentaig m'ayant fait remarquer que sans doute mon regard en était responsable, je vous y avais rejoint, et nous avions discuté. Beaucoup discuté d'ailleurs...

Vous vous étiez comparé à un bloc de marbre, qui devait avoir une apparence lisse, sans aspérité, sans le moindre défaut. Et je vous avais répondu que j'aimais les paysages accidentés, les plages pleine de reliefs, que les défauts faisaient aussi la beauté d'une chose, que tout ce qui était lisse était sans aucun attrait. Oui, un peu vexante, votre Terry.

Vous ne compreniez pas, et je vous avais alors demandé de tendre votre main pour vous faire comparer deux de mes souffles, pour vous faire comprendre la différence entre un vent plat, uniforme, et un vent qui d'alizée devient tempête, fait de vagues, de modulations. Je vous avais parlé d'une mer qui serait ennuyante à mourir, où toutes les vagues seraient les mêmes, ou bien encore où il n'y aurait même pas de vagues.

Je me souviens aussi vous avoir dit que sans doute étiez-vous du genre à trouver beau un tableau de coucher de soleil, alors que moi j'aimais les toiles où l'on voyait la mer en furie, le ciel qui la modelait de son souffle, les feuilles mortes qui mettaient du relief sur un paysages,... Que j'aimais les défauts, les aspérités, mais pas l'uniformité.

Et bien, j'aime notre relation, avec ses hauts et ses bas, je l'aime avec ses points positifs et ses points négatifs, je l'aime avec les soirées intenses, magiques, mais aussi avec les creux de vague.

J'ignore si vous vous souveniez de cette soirée à laquelle je fais allusion, mais ce soufle sur votre main, fait de modulations, moi je m'en souviens très bien... Repensez-y, et vous comprendrez sans doute pourquoi la soirée d'hier fait pour moi partie de celles que je n'oublierais pas, car elle fait partie de notre histoire.

Votre Terry

Elle plia le parchemin, et descendit l'escalier afin d'aller l'accrocher à la patte de son pigeon. Geste qu'elle n'eut pas besoin de faire, le destinataire était là, devant elle.

Elle lui adressa un grand sourire et lui glissa la missive dans la main.
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Hugoruth
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MessageSujet: Re: 156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille   156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille - Page 8 EmptyVen 29 Fév 2008 - 0:12

Cette fois, c'était lui qui n'en pouvait plus. Toute la soirée, chaque parole, chaque chanson entonnée, chaque regard était chargé de reproches, de regrets et de déception. Avait-il trahi sa confiance? Avait-il abusé de la situation? S'était-il mal comporté avec elle? Non.

Non, rien de tout ça. Il s'était ouvert, complètement. Il avait voulu tout lui dire, s'ouvrir pour elle pour qu'elle voie quel homme se cachait derrière le technocrate froid et rébarbatif. Il croyait y être parvenu mais non, dure illusion de la vie, il s'était trompé. La soirée ne fut qu'un suite de piques, de reproches plus ou moins larvés et camouflés. Il avait écouté Ice se plaindre des absences et du manque d'attention dont Tryphon, hélas, était apparemment coutumier. Lui, il s'était voulu présent, mais pas trop. Il prenait la peine, tous les matins, de lui écrire. Il la prévenait toujours de ses absences, essayait de respecter les horaires donnés. Il avait même quitté des réunions en cours pour la rejoindre. Oui, mais ça ne devait pas suffire.

Quand elle lui parla de ses envies de voyage, elle le repoussa, presque moqueuse, acide même, le raillant comme si le voyage proposé n'était pas assez bien pour elle, pas assez libre. Peut être, mais la liberté, c'était dans la tête qu'elle su cultivait et quand il la voyait, comme ce soir, il se disait que le plus libre des deux, c'était lui. Lui qui derrière ces responsabilités, ces lois à respecter, il vivait.

La discussion avait dégénéré au moment même où il lui envoyait un long pigeon. Elle se leva et salua l'assemblée, évoquant sa non-gentillesse. Hugo ne supporta pas cette énième crise. Il avait voulu voir, et il avait vu. Depuis qu'il était entré en taverne, elle ne lui avait pas souri, ou si peu. Elle n'avait pas fait le moindre geste tendre vers lui. Un étranger, voilà ce qu'il avait l'impression d'être un étranger. Toute la soirée,il avait endossé tous les maux, sans broncher. Mais il arriva un point où même le plus patient des hommes finit par flancher.

Alors il partit, sortit de cette taverne et se dirigea vers sa maison, maison dans laquelle il ne pénétra pas. Il resta assiz sur les marches devant chez lui, le regard vide. Comme un homme à qui vous enlevez le cerveau, ses yeux semblaient incapables d'exprimer une émotion. Il resta là, attendant Aristote seul sait quoi ou qui. Pourtant, une douce mélodie* sortait de ses lèvres...



*Ceci est un lien ^^


Dernière édition par Hugoruth le Ven 29 Fév 2008 - 1:20, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: 156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille   156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille - Page 8 EmptyVen 29 Fév 2008 - 1:11

Et voila, ça recommençait... Ses "Un jour nous voyagerons", "Un jour je vous montrerai que je suis capable de vous surprendre", "Un jour je vous emmènerai hors du Berry", "Un jour ceci, et un jour cela".

"Un jour" c'est une expression qui sert d'excuse pour ne pas faire les choses, les reporter, et puis? Est-ce qu'il savait où ils seraient dans un mois lui? Si l'un des deux ne serait pas mort? Et puis quoi? Dans quelques temps il reporterait encore?

"Un jour..."

"Un jour peut-être vous dirais-je que je veux vivre ici, mais en attendant je vais m'en aller" lui avait-elle répondu? "Ca vous ferait plaisir, comme phrase?"

Il lui avait proposé un voyage dans le Berry, faute de pouvoir faire plus avant "un jour", à cause de ses obligations, et elle avait refusé, ayant l'impression d'être un gosse à qui son père tend une croute de pain sec alors qu'elle rêve d'un gâteau, en espérant que ça le ferra taire un moment. Oui, elle avait vraiment eu l'impression qu'il voulait lui faire avaler n'importe quoi pour la faire taire, et ça l'avait mise hors d'elle.

Elle avait répondu de façon cynique, mordante, ironique, lui disant que voyager avec une laisse ne l'intéressait pas, ni en se dépéchant parce que il devait être rentré pour une telle date parce qu'il avait une réunion, ou encore racourcir l'itinéraire parce que on le rappelait. Voyager en regardant l'heure, ça n'a pas de sens.


Pourtant, la soirée au Havre avait été agréable avec le reste des personnes présentes. Aucune tension avec Maleus, même plutôt l'inverse, et sans doute que cela n'avait fait qu'en rajouter une couche à l'humeur de Hugo.

Elle qui se réjouissait que la haine s'en soit allée, de l'ambiance détendue entre tout le monde, n'avait pas pensé à mal du tout... Aussi lorsque Maleus sortit sa flûte et qu'elle fit allusion au fait qu'un voyageur, le sieur Lud35, lui en avait offerte une, et que Ice ajouta qu'elle aimerait un jour l'entendre jouer, s'était-elle décidée.

Elle avait sorti sa flûte à son tour, se disant que Hugo qui prétendait aimer la voir heureuse, souriante, en serait heureux. Elle avait joué seule un peu, puis en duo avec Maleus, et ensuite un morceau pour accompagner Ice à la harpe. Vraiment, ils passaient tous un moment agréable.

La conversation avait ensuite dévié sur les arts troubadours, l'équilibrisme, le jonglage, le chant... Toutes ces choses qui avaient fait partie de la vie de Maleus dans son enfance, et de la sienne avec Zel. Etait-ce leur faute si ils avaient vécus les mêmes choses, partageaient les mêmes passions, s'étaient laissés emporter à parler de leurs souvenirs, avec fièvre, comme tous les artistes?

Hugo lui avait fait remarquer tout bas qu'il se sentait en dehors de la conversation, largué, et elle avait répondu qu'elle-même ressentait ça sans arrêt lorsqu'il parlait de ce qui était sa vie à lui: la politique, le conseil, les réunions avec Mentaig et Valatar, les titres des uns et des autres,... Non stop elle se sentait larguée. Pour une fois c'était le contraire, voilà!

Evidemment la tension et la distance entre les deux n'était allée qu'en grandissant, elle aurait voulu qu'il essaie au moins de s'intéresser à ce dont elle parlait, qu'il se rapproche, lui prenne la main... Mais non, rien! Il se sentait exclu alors il plongeait dans son mutisme, regardait par la fenêtre, pensant sans doute à sa prochaine campagne pour les ducales, où à sa prochaine réunion avec Mentaig et Valatar.

Et puis Ice c'était mise à parler de Lems qui était mort, de la douleur, du fait que Tryphon était tellement différent, etc... Et forcément Terry avait repensé à Zeltraveller, à la douleur du deuil, à la souffrance. Et elle avait laché une ou deux phrases qui n'étaient pas destinées à Hugo, mais qui l'avaient blessé, ce qui se comprennait, elle devait bien se l'avouer.

Bref, l'ambiance était tendue, lourde, étouffante...

Et voila que Ice proposait à Hugo d'assurer un interim de tribun et d'encadrer les autres tribuns du royaume pendant dix jours, et que sans hésiter, il acceptait... Pas une seconde d'hésitation.

Oh! Elle comprenait qu'il voulait rendre service, qu'il désirait enlever une épine du pied à Ice, que pour lui c'était naturel... Mais moins de deux heures avant ils avaient déjà, Hugo et elle, eu une discussion au sujet des obligations qui empêchaient de quitter le Berry, et là tout à coup il en prenait d'autres en lui répondant à l'oreille que oui, du coup, il était même impossible de quitter Sancerre.

Trop! C'était tout bonnement trop pour une même soirée!

Elle se leva, pour ne pas se disputer en public, prit congé, et alla s'assoir dans leur taverne, espérant qu'il la rejoindrait. Elle attendit, un bon moment, puis retourna au Havre voir si il y était, mais pas de trace de lui, alors elle se dirigea vers chez lui...

Elle l'aperçut assis sur le seuil, sifflotant, et elle s'approcha, partagée entre la colère et la tristesse.
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MessageSujet: Re: 156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille   156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille - Page 8 EmptyVen 29 Fév 2008 - 1:58

De ses marches, il avait une vue sur toute la petite place. Une petite place, centrale mais déserte. Personne n'y passait vraiment par choix, c'était plutôt un endroit où l'on passe sans lancer un regard, un de ces lieux froids où les gens pressent le pas. Pourtant, il s'y sentait à l'aise. Depuis le premier jour en fait.

Et ce soir, alors qu'un léger vent d'Ouest chassait les nuages, il était, une fois encore, à contempler l'espace pavée. Difficile de dire ce qu'il éprouvait exactement. La tristesse se mêlait à l'incompréhension, au doute, à la peur. Tant de sentiment qui, une fois mélangés, rendaient l'esprit incapable d'agir, ne laissant qu'un pantin avec les yeux dans le vague, une sorte de géant de parchemin.

Un mouvement attira son attention et, contre toute attente, il ne tourna pas la tête. Il voyait, il sentait quelqu'un qui s'approchait, mais c'était égal. C'eût put être l'armée tourangelle elle-même qu'il n'aurait pas plus réagi. Le mouvement venait vers lui et cette intrusion dans son champ de vision le tira de son semi-coma... Il tourna légèrement la tête et son coeur s'emballa. Il sentit les éléments dans sa tête se mettre à tourner de plus en plus vite, de plus en plus désordonnés. Devait-il se renfermer chez lui, courir vers elle, l'attendre ici qu'elle vienne vers lui... Il ne savait même pas ce dont il avait envie. Il y a encore quelques heures, il se serait précipité vers elle, heureux comme un gamin, oubliant tout le reste. Et là, il se trouvait à hésiter entre la fuir.

Elle semblait décidée à s'approcher et il prit le parti de la laisser venir vers lui, sans mot dire, sans geste esquisser, sans sourire afficher. Le visage ferme et les yeux dans le vague, l'indifférence personnifiée. Mais au fond de lui, il se trouvait injuste de la traiter comme ça, alors que son désir était encore, voilà quelques heures, de la serrer contre lui. Elle vint s'assoir à ses côtés en silence. Leurs mains se frôlèrent, difficile de dire si c'était volontaire ou inconscient. Mais les deux se retrouvèrent côte à côte, comme voilà quelques semaines. Assis sur ces marches... Silencieux.

Devait-il rompre le silence? L'idée lui traversa l'esprit. Oui, sans doute. Mais pour dire quoi ? Qu'il était désolé ? Désolé de quoi, au juste ? D'avoir réagi trop vivement ? Non, il n'allait pas débuter par des excuses, pas encore une fois. S'il était sorti, c'était pour des raisons précises, pas pour un coup de tête. Lui parler de la lettre lui sembla être la meilleure chose à faire. Cette lettre envoyée avant l'incident. Elle l'avait sans doute trouvée, à moins qu'elle ne l'ai déchirée sans même la lire...


Avez-vous... reçu ma missive ?
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MessageSujet: Re: 156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille   156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille - Page 8 EmptyVen 29 Fév 2008 - 2:23

Comme au Havre, pas un geste, pas un regard, pas une main qui se tend, juste la froideur! Une froideur qu'elle ne lui connaissait pas, et qui forcément lui fit mal. Pour la première fois depuis leur rencontre, il avait l'air de ne pas avoir envie d'être proche d'elle...

Sans un mot, elle s'assit, ne sachant pas très bien pourquoi elle l'avait cherché, pourquoi elle était là, ni ce qu'elle espérait comme issue à cette discussion, si discussion il devait y avoir d'ailleurs.

Ils étaient côte à côte, si proches physiquement, et pourtant comme deux étrangers... Ils s'aimaient, elle le savait, et pourtant ce soir encore, l'orage grondait... Une fois de plus, une fois de trop peut-être même.

S'aimer, est-ce suffisant? S'aimer quand tant de choses nous séparent, est-ce possible sans se perdre? S'aimer quand le monde de l'un est incompris de l'autre, est-ce seulement réalisable sans amertume, sans reproches même muets? S'aimer et abandonner pour l'autre ses envies, ses projets, jusqu'à ses goûts, n'est-ce pas la porte ouverte à des sentiments qui seront tout l'opposé de l'amour?

Une fois de plus elle en doutait, et pour la première fois elle avait l'impression que lui aussi.

Lorsqu'enfin il brisa le silence, lui demandant si elle avait reçu sa lettre, elle mit un temps avant de lui répondre.


Je l'ai reçue, oui.... Et lue, bien entendu.

Vous voulez une réponse à ce que vous y dites? Je n'en ai pas, pas vraiment...

" Je ne serai jamais le troubadour dont vous sembliez rêver. Je ne serai jamais jongleur, acrobate, poète ou musicien. Non, ça ne serait pas moi. " y dites-vous, et je ne vous demanderais jamais cela, Hugo.

Mais que voulez-vous que j'y réponde? Que moi je ne voulais pas être statique, que moi je ne voulais pas vivre dans votre monde? Que jamais je ne cesserais d'avoir une âme de voyageuse, de rêveuse, de troubadour? Et que si je reste ici à vivre votre vie, ce n'est plus moi? Ici, c'est votre vie, Hugo! La vôtre!

Parce que c'est ce vers quoi nous tendons, vous savez? Je vis dans une vie où je finirais par ne plus être moi.

Maleus, et ne le prenez pas mal, mais il vient de dire une phrase qui est très juste : " Hugo et vous, on dirait un caillou et le vent".... Un caillou, accroché à sa terre, et le vent qui ne peut pas être attaché... Que croyez-vous qu'il finira par se passer?

Soit le vent soufflera assez fort pour décrocher le caillou, le faire rouler, l'emporter avec lui... Soit le vent finira par s'essouffler, s'endormir, ne sera même plus une bise... Le vent ne caressera même plus le caillou, il perdra toute son essence.
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MessageSujet: Re: 156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille   156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille - Page 8 EmptyVen 29 Fév 2008 - 3:06

Il l'écouta parler, évoquer leurs différences. Un caillou et le vent. C'était donc ainsi que, finalement, elle les voyait. Un vulgaire caillou, tout simple, tout gris, sans valeur. Un de ceux qui se glissent au fond de votre chaussure et qui vous dérangent durant des lieux et des lieux. Un caillou, quelque chose dans lequel on tape distraitement pour l'écarter de sa route. Un petit caillou, inutile.

L'émotion était forte en lui, très forte. Il aurait voulu fermes les yeux et laisser sortir toute son émotion, sa tristesse. Mais non, il avait assez pleuré. Il avait assez souffert, d'ailleurs. Comment expliquer à quelqu'un qu'on l'aime mais qu'on ne veut plus de lui... Il avait l'impression d'entendre de sa bouche l'expression de pratique de cette terrible théorie. La fin, était-ce pour ça qu'elle était venue lui parler ? Pour lui faire comprendre que le petit caillou qu'il était n'était plus le diamant espéré, mais un simple morceau de rocher calcaire, friable, poreux, fragile.

Il pesait dans sa tête chaque mot, chaque syllabe, chaque intonation. Comment lui dire, comment lui faire comprendre. Il lança un regard en biais et apprécia la distance entre eux. Quasi minime physiquement et si grande, pourtant. Il se rapprocha, allant jusqu'à venir tout contre elle. Comme dans les soirées où il voyageaient ensemble, en restant pourtant dans une taverne. Comme ces soirs là, il lui prit la main, tout doucement, sans la forcer, lui laissant la liberté de la retirer si elle en ressentait le besoin.


Terry, ma douce Terry...

Regardez-nous, rien qu'un instant. Comment, en quelques heures, avons nous pu tout oublier, oublier ces moments passés ensemble, cette complicité que je pensais plus grande chaque jour et qui me semble brisée, aujourd'hui.


Il marqua une petite pause. Les paroles sortaient difficilement et il lui fallu retenir une nouvelle fois la tristesse derrière les paupière.


Peut être ne suis-je qu'un vulgaire caillou, qu'une pierre. Peut être êtes vous le vent personnifié, un croisement entre la brise et la tramontane. Peut être, ou peut être pas.

La vie ici, est-ce la mienne, plus que la vôtre ? Je ne saurais le dire, mais peut être avez vous raison. Peut être cette vie ne ressemble en rien à ce à quoi vous avez aspiré et aspirez sans doute encore. J'ai eu, un peu naïvement sans doute, l'impression que vous commenciez à aimer cette vie. Votre volonté de vous impliquer au sein du conseil, votre présence en taverne aux côtés des anciens. Oui, je vous le dis, je vous croyais et aimerais vous croire heureuse, épanouie. Mais vous ne l'êtes pas, vous venez de me le dire.

Et cette vérité me tue, à tout dire. Je n'ai jamais eu la volonté de vous enfermer, de vous brimer, et vous le savez. J'ai toujours voulu que vous soyez libre, autant que faire se peut dans un village comme Sancerre, dans un petit duché qu'est le duché de Berry. Etait-ce impossible ? Tout ceci est-il une vaste utopie ?

Je vais vous le dire, comme je le ressens. Non, ça n'est pas une chimère. Non, concilier votre idéal et la vie à laquelle je ne suis pour le moment pas prêt à renoncer n'est pas impossible. Si je reniais tout ici, je ne serais plus celui que vous aimez. Un nouvel individu, sans repères, sans racines. Non, je ne renierai pas ce que je suis car en le faisant, je vous perdrais, un jour ou l'autre. Et c'est ma plus grande peur, de vous perdre.


Il ressera un peu ses doigts dans les siens

Je vous le disais, je peux vous offrir des voyages statiques, des voyages intemporels dans tout le Berry. Oh, ce n'est sans doute pas assez pour vous, vous qui rêvez de grands espaces. J'en suis conscient, tellement conscient.

Mais il est une chose dont je suis sûr, c'est tout ce que je ressens pour vous. Cette chose entre nous à laquelle j'ai cru, je crois et que j'espère pérenne est à préserver. Quand je vois nos mains liées, je me dis qu'elles vont décidément bien ensemble.

Alors quelle vie s'offre à nous? Sommes-nous condamnés à dépérir? Je sais que non, je le sens au point d'en être absolument persuadé. Je n'ai pas d'autre solution que de vivre au jour le jour, avec ses velléités de voyage certains jours, et d'autres, une vie plus calme. Vivre au jour le jour, oui... Avec les contraintes que vous savez, contraintes qui, je le répète, ne dureront pas éternellement, mais vivre ensemble, en faisant chacun des efforts pour que l'autre soit heureux. Je m'arrangerai pour vous emmener, demain si vous le voulez, à travers le Berry, sans date de retour précise. Je voudrais vous voir dire oui, oh oui, je le voudrais. Mais le voulez-vous ?
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MessageSujet: Re: 156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille   156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille - Page 8 EmptyVen 29 Fév 2008 - 3:46

Elle laissa sa main se poser autour de la sienne, premier geste sans doute qui signifiait qu'elle baissait en partie sa garde, et naquit une fois de plus ce début de frisson si particulier, celui-là même qu'elle avait ressenti dès les premiers jours.

Pourtant, en elle, la colère n'était pas tout à fait retombée, pas plus que la tristesse, la déception, l'incompréhension, la peur de l'après... Tous ces sentiments qui s'estompèrent peu à peu, au fur et à mesure de ses paroles, forcément. Elle avait beau parfois devenir tempête, elle n'en était tout de même pas un vent glacial.

Lorsqu'il se tut, elle répondit, aux points qui à elle lui semblaient les plus importants, ceux sur lesquels elle avait un avis bien à elle.



Comment pouvons-nous oublier tout les bons côtés aussi rapidement? Je n'en sais rien, Hugo... Je suis bien incapable de répondre à cette question, comme à tant d'autres d'ailleurs.

Mais il y a une chose sur laquelle je voudrais revenir, dans cette histoire de vent et de caillou... Le caillou n'était pas péjoratif comme vous avez l'air de le penser. Un caillou ce n'est pas une chose sans intérêt, surtout dans ma vision de certaines choses... Un caillou c'est solide, stable, et puis ça a une symbolique, que je pensais vous avoir fait comprendre le 14 février, dans la lettre qui accompagnait un certain caillou justement.

Alors non, je ne vous demande pas de renier ce que vous êtes, avec vos défauts et vos qualités, de changer d'idéaux, de style de vie... Vous ne seriez plus celui que j'ai rencontré un soir au Havre, et perdriez sans doute tout intérêt à mes yeux, vous avez raison.

Elle se tut un instant, fixant leurs mains nouées, se demandant si vraiment cela était suffisant, si il avait raison d'y croire. Et pourtant, elle avait tellement peur qu'il ne lui retire cette main.

Hum... " Concilier mon idéal et la vie à laquelle vous n'êtes pour le moment pas prêt à renoncer n'est pas impossible." dites-vous... Oui, sans doute, Hugo.

Mais et si moi je vous disais que je ne peux renoncer à ce qu'était ma vie? Nous serions bien avancés, n'est-ce pas? Vous ne pourriez pas les concilier vous, vos idéaux, à cette vie... Vous ne parvenez même pas à l'imaginer.

La tempête va concilier ses idéaux, voila... Elle espère juste que vous dites vrai, vos contraintes ne dureront pas éternellement... En attendant, elle va le faire, elle va concilier ses idéaux à votre vie, parce qu'elle a envie de "Nous" donner une chance, d'être patiente, de vous donner du temps... Parce que oui, cette fois c'est moi qui vous donne du temps.

Alors, voilà, je nous donne ce "oui" que vous espérez... J'ignore juste pour combien de temps.

Ce n'étaient sans doute pas les mots qu'il espérait, dans leur globalité, mais elle ne pouvait pas faire plus.

Sur ce, il se fait tard, et il fait froid, Hugo. Je vous offre rapidement un verre avant de rentrer?
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MessageSujet: Re: 156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille   156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille - Page 8 EmptyVen 29 Fév 2008 - 4:01

En l'écoutant, il ne put s'empêcher de baisser les yeux. Il se sentait coupable de la faire ainsi souffrir, de l'empêcher de vivre une vie dont elle rêvait. Le "oui" tant attendu ne parvint pas à effacer ce sentiment et c'est avec des pensées moroses qu'il répondit à la proposition de boire un dernier verre, avant de rentrer.

Oh, il aurait voulu lui répondre, mais il ne s'en sentait pas le courage, et pas vraiment l'envie. Sans doute missive sera-t-elle plus adaptée pour ça.


Oui, un dernier verre nous réchauffera, assurément. Mais plutôt que de traverser tout le village, entrez donc dans cette vieille bâtisse qu'est ma demeure, c'est moi qui vous l'offre, ce verre. Je vais vous faire goûter au Valounet, si le cœur vous en dit.

Il se leva et, sans lâcher sa main, ouvrir d'une main un peu tremblante la porte de sa maison. Il essaya un instant de repenser à tout ce qu'il venait de se dire, mais le froid et la fatigue qui, mine de rien, commençait à se faire sentir, l'empêchaient de se concentrer pour tout analyser. Demain, il y repenserait, à tête reposée.

Elle pénétra dans la chaumière et la porte se referma. Le "Poc" d'une bouteille qu'on ouvre fut le dernier son qu'on entendit, cette nuit là, du Numéro 156, Place Saint Père.
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MessageSujet: Re: 156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille   156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille - Page 8 EmptyVen 29 Fév 2008 - 8:56

Ils avaient bu sans un mot, le silence revenu au galop, aucun des deux ne sachant trop quoi ajouter. Une tension palpable, visible sur les traits de leurs deux visages... Et puis elle s'était levée et était venue se blottir contre lui, fermant les yeux.

Pourquoi tout était-il si compliqué? Pourquoi son coeur battait-il tellement fort et tellement vite pour un homme dont la vie était à ce point à l'opposé de ce qu'elle était? Pourquoi y avait-il toujours autant de soirs d'orage?

Tellement de questions sans réponse... La seule chose qu'elle savait, au fond d'elle, elle finit par le lui murmurer, comme un aveu.


Il y a des jours où ma vie ici avec vous me semble être un enfer, Hugo, mais ce dont je suis certaine c'est que je ne voudrais pas vivre au paradis sans vous.

Le silence était rompu, quelques phrases furent échangées, pleine de regrets, de part et d'autre, mais la fatigue nerveuse était là, et Terwagne devait se lever très tôt le lendemain. Il ne lui restait plus qu'une heure trente de sommeil, si elle parvenait à le trouver.

Hugo proposa de ne pas retraverser tout le village pour rejoindre le numéro 1 et de passer la nuit chez lui, ce qu'elle accepta. Elle refusa par contre l'autre proposition qu'il lui fit, de ne pas laisser un mur les tenir éloignés l'un de l'autre cette nuit... Elle n'avait pas envie que ce premier repos commun se passe dans de telles conditions, et puis elle avait aussi envie d'être seule, un peu seule...

Elle ne dormit pas plus d'une heure au final, se leva sans un bruit et quitta les lieux en glissant une très très brève missive sous la porte.


Citation :
Oui.

Votre Terry.


(HRP : Je vais m'endormir sur les copies, je le sens bien...)
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MessageSujet: Re: 156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille   156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille - Page 8 EmptyVen 29 Fév 2008 - 13:15

Au petit matin, quand il ouvrit les yeux, lui revinrent en mémoire les tristes évènements de la veille au soir. Comme parfois on se réveille avec la gueule de bois, ou presque. Pas de mal à la tête, du moins, pas physiquement. Il se sentait un peu perdu, se demandant comment en une seule soirée, ils avaient pu revenir en arrière, presque au point de non-retour.

Le lever ne pouvant être indéfiniment repoussé, il finit par poser un pied à terre, le droit. Puis le gauche, plus doucement. Sa tête tournait un peu. Il supportait de moins en moins le Valounet, trop fort pour son vieux corps. Parvenu jusqu'au coffre de rangement, il en sortit la panoplie habituelle. Et, alors qu'il se saisissait de son mantel, il sentit un petit objet dur dans la poche intérieure, celle où, d'ordinaire, il ne mettait rien mais où, depuis deux semaines, se cachait un petit trésor, offert un certain jeudi. Plongeant sa main dans ladite poche, il en sortir le caillou offert pour la St Valentin et la lettre, qui allait avec.

Citation :
Pourquoi un caillou?

Parce que dans toute construction, chaque pierre est importante, mais certaines plus que d'autres.

Ce caillou, c'est ma façon à moi de vous dire que dans ma reconstruction à moi, vous êtes une des pierres très importantes.

Votre Terry

Il relut une fois la missive puis regarda ce petit caillou, sans valeur mais si riche en symboles. Il le serra au creux de son poing, un brin rageur. Il avait été idiot, comme toujours. Il avait pris comme une attaque ce qui ne l'était pas le moins du monde.

Parvenu en bas, il se rendit vite compte qu'elle avait déjà quitté les lieux. La porte ouverte de la seconde chambre lui avait déjà donné cette impression et elle se confirmait désormais. Il pensa à son baptême qui devait avoir lieu aujourd'hui même. Il l'accompagnerait, comme il lui avait promis. Mais, au moment où il allait se diriger vers chez elle, il trouva un message glissé sous la porte en bois. Trois simples mots, qui lui tirèrent un sourire ému. Décidément oui, il avait été bête. Bête de douter d'elle, d'eux, même. Bête de ne pas pouvoir s'intégrer à ce monde qu'elle chérit tant. Bête, oui, il l'était assurément. Il s'en rendait compte, chaque jour un peu plus. Il ne supporterait pas de la perdre, il en était certain. Se perdre lui même lui importait peu, in fine. Seule elle comptait.

C'est dans cet état d'esprit qu'il partit la rejoindre chez elle, afin de se rendre dans la Chapelle Sainte Kyrène.
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MessageSujet: Re: 156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille   156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille - Page 8 EmptyVen 7 Mar 2008 - 17:41

La journée s'était écoulée comme à l'habitude. Levé tôt, les dossiers se succédaient. Demain, si Aristote le décidait ainsi, le Berry aurait un nouveau Duc. Pour une fois, il aurait bien prié Aristote mais le cœur n'y était pas vraiment. Non, il avait l'esprit plus que préoccupé.

Il rentra chez lui et vint sans un bruit se mettre à son bureau. Silencieusement, il posa un coude dessus et soutint sa tête. La mélancolie coulait en lui et se lisait dans son regard. Une mélancolie des plus fortes, de celles qui vous assaillent quand vous en venez à regretter le passé. Ses pensées divaguaient et le ramenèrent dans son enfance. Un douloureux souvenir, à vrai dire, que nul ne connaissait.

De son enfance, il ne parlait déjà que peu. A quoi penser à des moments difficiles ? La fin avait été si terrible qu'il en tremblait encore parfois. Il nourrissait une rancœur mais était surtout habité par la tristesse. Celle d'avoir perdu, l'espace d'un instant, l'être qui lui était le plus cher. On lui avait arraché celle avec laquelle il se sentait le plus proche dans son village de Chinon. Oh, évidemment, la mort de ses parents l'avait touché, profondément. Mais un fils se prépare toujours à enterrer ses parents, pas à perdre tout le reste. Il avait une amie, originaire de Touraine, née de bons parents à Chinon. Un peu plus âgée, c'est vrai, mais ça n'avait jamais eu d'importance entre eux. C'est en jouant avec d'autres enfants qu'ils firent connaissance, un soir. Deux grands timides qui se découvraient. Tout, ou presque, les séparait. Outre l'âge, l'un était berrichon et l'autre tourangelle. Jamais ils n'auraient dû se rencontrer, c'est parfois ce qu'ils se disaient.

Et pourtant, très vite, ils se mirent à jouer tous les deux. Avec ces jeux, de simples jeux auxquels jouaient bien d'autres personnes, il se découvrirent un peu plus, s'appréciant en définitive de plus en plus. Les jours passaient et la complicité se faisait de plus en plus forte, de plus en plus poussée. On dira qu'ils sont devenus très proches, de vrais amis. Quand ils étaient séparés, ils ne pouvaient s'empêcher de faire le mur pour se retrouver, de refuser d'aller avec des amis faire un tour de cheval ou encore de s'envoyer des pigeons. Deux vrais amis, en somme.

Au delà de leurs différences, ils apprirent à se comprendre et si tout ne se passait pas toujours au mieux, il y avait nécessairement des hauts et des bas, leur complicité se renforçait de jour en jour. Elle devint réellement très forte, quasi fusionnelle. Pourtant, c'était tout leur paradoxe, ils ne se connaissaient que depuis peu de temps, deux mois en fait. Peut-on devenir si proche en peu de temps, la preuve en avait été faite.

Et puis un jour, elle décida de mettre fin à leur complicité. Les raisons ne valent pas la peine d'être remémorées, mais elles se composaient de peur de s'attacher d'avantage, de crainte de souffrir et de certitude d'une fin, plus ou moins proche. La porte entre eux s'était refermée et Hugo n'avait pas voulu tambouriner dessus. Il aurait voulu frapper, entrer dans cette maison et lui dire qu'il ne voulait pas que la peur dirige le futur. Plusieurs heures durant, devant la porte, il resta à argumenter, souvent dans le vide. Un filet de voix lui parvenait parfois en réponse mais la porte resta close.

Avec le recul, Hugo avait énormément souffert de cette porte fermée, la veille même de la mort de ses parents. S'il avait eu cette porte, il n'aurait pas eu à fuir son village natal, il n'aurait pas eu à fuir comme un voleur. Aujourd'hui encore, il en souffrait. Quand ses yeux s'embrumaient, il parlait de ses parents, mais ce n'était pas le fond de ses pensées. C'était à cette fichue porte qu'il pensait. Une porte qui s'était refermée devant lui. Depuis lors, il gardait en mémoire cette main tendue qu'il aurait aimé sentir saisie. Mais la complicité était passée après les peurs et aujourd'hui, il éprouvait mille regrets. Se dire qu'on est pas allé au bout d'une chose par peur est quelque chose de terrible. La sensation est pire quand vous n'y pouvez rien, qu'on vous l'impose.

Il se servit un verre de poire. Le soleil perçait timidement la couche nuageuse. Les rayons qui parvenaient jusqu'aux rues pavées l'éblouissaient un peu. Il voulut se détourner de cette lumière, de peur de se brûler les yeux mais il ne fit que les plisser, cherchant comme à l'affronter. Et très vite, ses yeux s'habituèrent à cette luminosité qui ne dura, hélas, pas. Les nuages cachèrent ce brin de soleil et il eut l'impression que la nuit tombait. Ses yeux firent de nouveau leur travail d'adaptation et de nouveau, il vit normalement. Une pointe de regret d'avoir vu le soleil de si près et de le voir caché soudainement s'empara. Mais il sut désormais que le soleil avait beau être éblouissant, il était nécessaire à la vie. Le fuir pour épargner ses yeux était vain, rien ne valait mieux que d'oser affronter cette lumière, quitte à la regretter dans l'ombre ensuite. Comme les chats dont on dit qu'ils emprisonnent la lueur du soleil au sous leurs paupières pour s'éclairer la nuit.

Léger soupir. Le verre de poire terminé, il jeta un œil à son MéSaNgier, attendant comme une éclaircie. Viendrait-elle, il n'en savait rien. Mais il l'espérait, quoi qu'il arrive.
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MessageSujet: Re: 156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille   156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille - Page 8 EmptyMar 11 Mar 2008 - 20:36

Une journée à oublier tant elle s'était révélée terrible. D'une part, les souvenirs de la soirée d'hier qui restèrent longtemps dans sa tête. Une dispute, encore une. Oh, elle aurait pu être anodine mais une fois encore, tout se termina mal, chacun partant de son côté.

Evidemment, il en était bien conscient, il était coupable de ce qui arrivait maintenant. Absent durant ces derniers jours, elle ne pouvait que lui en vouloir. La raison importait peu, au fond. L'absence avait été réelle et elle lui en voulait. Et cette agitation autour de l'élection du Duc, elle aurait voulu savoir. Dieu qu'il avait été bête de vouloir la protéger du lynchage public dont il allait être la victime. Ce n'était pas une question de la croire capable ou pas, juste une volonté de sa part de ne pas lui rajouter des soucis.

Las, oui, il l'était. Les disputes, il n'en pouvait plus. Chaque mot échangé qui ne fut pas rempli de tendresse lui faisait mal et ne franchissait ses lèvres qu'à regrets. Le savait-elle ? Depuis hier, il en doutait. Le doute s'était insinué en lui et ne le quitterait pas de sitôt, c'était évident.

Mais pour l'heure, il ne voulait pas s'interroger. Il resterait chez lui ce soir, pas la peine de lui imposer sa présence. Les lettres échangées étaient si froides qu'il ne put répondre pour le moment à la dernière. Il la laissa sur la table de son bureau et la relut, plusieurs fois. Il repoussa calame et encrier et se servit un verre de poire. La coupe à ses lèvres, il but quelques gouttes puis reposa son verre. Même la poire avait perdu en goût depuis hier. Si elle ne se sentait plus elle même, il devrait lui dire qu'une partie de lui était en train de le quitter et qu'elle ne le voyait même pas. Pourquoi lui dire, cela dit ? Elle souffrait de la situation, peu importait ce qu'il ressentait.

Il prit un livre, un traité sur la psychologie de l'Homme, et entama la lecture. Comme un vieil être solitaire qu'il semblait condamné à rester. Pas qu'il le veuille vraiment, au fond. Mais c'est comme ça qu'il finirait, tôt ou tard. La complexité d'un être humain, ce labyrinthe des personnalités... N'est pas Icare qui veut, hélas. Qui ose vraiment pousser la porte de ce dédale ? Le premier tournant passé, on se dit que le plus dur est fait. Mais bien rare sont ceux qui parviennent jusqu'au coeur.

Il poussa un soupir puis tourna une page, portant le verre à sa bouche au fil des lignes.
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MessageSujet: Re: 156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille   156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille - Page 8 EmptySam 29 Mar 2008 - 22:19

Au matin, il avait retrouvé le sourire. Certes, il avait du partir tôt et revenir tard. D'ailleurs, ces derniers jours, il lui arrivait souvent de prolonger ses repas ou d'ajouter des indisponibilités sans prévenir à l'avance. Il le savait, elle n'aimait pas ça mais n'osait rien dire. Sa crainte, c'était qu'elle se dise qu'il l'oubliait, qu'il la faisait passer après d'autres aspects de sa vie ou pire, qu'il n'avait pas envie de passer du temps avec elle.

La raison était fort simple, pourtant. Les derniers changements imposés par SM Levan le troisième le forçaient à travailler plus, à régler à droite et à gauche des détails administratifs. Jamais il ne le faisait de gaieté de cœur, loin s'en fallait. Mais les faits étaient là, ils ne se voyaient plus autant qu'auparavant. C'est donc avec une joie à peine contenue que les deux purent fêter leurs retrouvailles, explorant ensemble partie des secrets du bureau ducal, la nuit les cueillant ensuite.

L'aube passée, il s'en était allé pour ne revenir que dans l'après midi, trouvant une lettre laissée sur la table de la maison qu'ils avaient occupé dans la soirée pour ne pas avoir à traverser la ville au milieu de l'obscurité. La lettre tenait à peu près ce langage :


Citation :
Très cher Hugo,


Tout comme il m'était arrivé il y a quelques semaines d'avoir envie de m'adresser à votre main, j'ai aujourd'hui l'envie et le besoin de parler à vos lèvres.

De leur dire à quel point elles m'avaient manqué aux cours des derniers jours, combien j'aime les mots qui s'en échappent, mais aussi le souffle qu'elles laissent passer et que j'ai encore à l'heure actuelle l'impression de sentir au creu de mon oreille.

J'aime le trouble qu'elles font naître en moi lorsqu'elles se posent sur moi, et la lumière qu'elles mettent sur votre visage lorsqu'un sourire les étire.

Alors, autant que votre main, j'aime votre bouche.

Je vous embrasse, avec toute l'affection que j'ai pour vous.


Votre Terry

Il soupira légèrement à la lecture. Il aurait voulu être là au réveil, comme quelques rares fois auparavant. La nouvelle d'une guérison toute proche aurait du le faire rester mais c'était sans compter sur un souci universitaire qui le tint éloigné de Sancerre toute la matinée. Sans attendre, il saisit sa plume et répondit


Citation :
Très chère Terry,

Mes lèvres, avant toute chose, vous remercient du vibrant hommage que vous venez de leur rendre et elles n'émettent qu'un souhait, présentement. Celui de pouvoir vous remercier directement, tel un secret passant d'elles aux vôtres.

Je serai plus classique en vous répondant que votre présence m'est définitivement pour qu'un franc sourire s'étende sur mon visage. Comme une condition sine qua non, vous êtes devenue un élément indissociable de mon bonheur.

De nos premier échanges, je garde un souvenir ému et parfois, je me surprend à fermer les yeux et à les revivre, de la poêle jusqu'à ma fuite, en entendant que je vous troublais en passant par cette soirée, à St Aignan. Sans compter ces moments de tension entre nous, où nous fûmes bien malgré nous au bord d'une rupture que ni l'un ni l'autre ne souhaitions.

Tous ces souvenirs appartiennent tous au passé mais je ne les oublie pas pour autant. Mis bout à bout, assemblés avec les fils de la vie, il forment une histoire. Notre histoire. Une histoire que bien des gens prédisaient impossible, et qui existe, contre vents et marées.

Vous savez à quoi je sais que notre histoire n'est pas de celles qui s'arrêtent ? Quand je pense à notre plus beau souvenir, je ne peux m'empêcher de revoir la dernière recontre. Pas qu'aucun souvenir ne soit plus fort, simplement que le simple fait de partager un moment avec vous fixe l'instant en moi, effaçant tout le reste.

Je vous aime, tous les jours je m'en rends un peu plus compte. Et je me sens prêt à surpasser tous les obstacles pour faire triompher cet amour que je vous voue. Rien ni personne ne pourra se mettre entre nous. Je vous en fais le serment.

Amoureusement

Celui qui ne doute pas de ses sentiments, Votre Hugo

La lettre partit à la patte d'un pigeon fort avisé et très bien entrainé tandis que Hugo ouvrait un dossier, se promettant de se rendre sous peu en taverne, se laissant juste le temps d'apposer sa signature sur un décret d'application des lois.
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Terwagne
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MessageSujet: Re: 156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille   156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille - Page 8 EmptyDim 22 Juin 2008 - 18:34

Ici, comme sous la porte de chacune des autres habitations de Sancerre, une lettre officielle fut glissée par la main tremblante de Terry, le visage livide, le coeur battant un peu trop vite, à cause de la course qu'elle faisait, mais aussi en raison de ses craintes.

Citation :
Chers amis,

Depuis quelques jours, des rats sont retrouvés morts un peu partout, dans nos rues, nos maisons, et ce sans raison apparente.

Dame Mentaig et moi-même pensons que tout cela n'augure rien de bon, et qu'il est envisageable que nous ayons à faire aux prémices de la peste. Rien n'est encore certain, donc nulle raison de vous mettre à paniquer, mais mieux vaut prévenir que guérir.

C'est pourquoi je vous invite toutes et tous à vous rendre au domaine de Baugy afin de vérifier que vous n'êtes pas malades.

Vous n'êtes pas sans savoir que si jamais il s'agit bien de la peste, celle-ci se propage à une vitesse folle, et que les rats morts sont vecteurs de contamination. Aussi, je vous conjure de ne les toucher sous aucun prétexte si vous en voyez. La milice a été avertie et traitera les cadavres d'animaux avec la plus grande prudence, les jetant au feu sur le terrain de soule qui a été réquisitionné à cet effet. Prière donc de ne pas vous rendre là-bas, sous aucun prétexte.


Terwagne,
Maire de Sancerre

(HRP : Pour savoir si vous êtes contaminé, il vous suffit de vous inscrire sur ce forum et de suivre les instructions dans l'Antre de la puce. Le RP quant à lui se déroule sur la gargotte (ICI).

Bon amusement à ceux et celles qui participeront.)
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Hugoruth
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MessageSujet: Re: 156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille   156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille - Page 8 EmptyJeu 2 Oct 2008 - 20:41

Un calendrier, vite... Une plume, rapidement. Peu de temps ce soir. Une date, cochée... Celle du 26 Octobre 1456. Les bans, le reste, ça allait arriver. Mais la date, elle, était fixée. Il ne restait plus qu'à lui annoncer la nouvelle. Pour cela, direction Thauvenay, où il espérait la trouver...
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MessageSujet: Re: 156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille   156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille - Page 8 EmptyMar 23 Déc 2008 - 1:08

La porte solidement fermée par un cadenas indiquait désormais, sur une grande pancarte.

Citation :
FERMEE POUR CAUSE DE DEMENAGEMENT, ABANDONNEE POUR CAUSE DE TRAHISON
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MessageSujet: Re: 156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille   156 Place Saint-Père : Hugoruth vous accueille - Page 8 Empty

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